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REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 26 AOUT 2011 – PARTI DE GAUCHE

Le Dauphiné Libéré
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Vendredi 26 Aout
Dimanche à Grenoble, vous allez tenir votre premier meeting de rentrée. Votre campagne de
présidentiable est-elle déjà lancée?
“La campagne du Front de gauche a des caractéristiques qui la singularisent. Bien sûr, nous voulons
obtenir le meilleur score en 2012. Mais notre premier objectif est d’enraciner une mobilisation
populaire. Cette campagne doit être une étape dans la révolution citoyenne qui est nécessaire pour
faire face aux chocs qui s’avancent: économique écologique, social. C’est pourquoi nous voulons une
campagne sur le modèle de celle du “non” au référendum européen. C’est à dire un jaillissement
d’initiatives individuelles ou collectives de citoyens motivés qui visent un même but: faire reculer la
résignation et faire mûrir l’indignation. ” La première solution aux problèmes du peuple c’est le
peuple lui-même.
Vous serez aussi ce vendredi en Savoie avec les PCF. Est-ce l’entente cordiale depuis votre
désignation comme candidat commun? Localement parfois, certaines tensions se font sentir…
“ Il y aura toujours des tensions, nos partis respectifs (PCF-PG-Gauche unitaire, Fase etc…) n’ont pas
été dissouts dans le Front de gauche. Les micro-accrochages locaux, auquel – en tant que candidat
commun – je n’ai pas à prendre part, sont juste les mouvements normaux de la vie.. Mais en ce qui
concerne la campagne de 2012, l’entente entre tous les dirigeants est excellente. Tout s’est apaisé
depuis la désignation du candidat. Contrairement au PS, nous ne sommes ni dans la compétition ni
dans le choc des personnalités. Nous sommes aujourd’hui dans un temps de travail serein. Alors oui,
il est important pour moi que je me rende aux Karellis en Savoie, comme il est important que nous
soyons tous réunis dimanche à Grenoble. Nous sommes en phase de mobilisation de nos forces”
Les sondages ne décollent pas pourtant…
“Les sondages sont ce qu’ils sont. Je rappelle que j’ai fait le double aux Européennes de ce que les
sondages m’accordaient. Après, viendra le verdict des urnes. Il qui, lui, ne me pose aucune difficulté:
le peuple est souverain. Mais dans le dernier sondage publié, un chiffre m’a vraiment frappé : seuls 4 %
des Français sont aujourd’hui certains d’avoir choisi définitivement leur candidat. Cela veut dire que
les électeurs hésitent beaucoup, tâtonnent. Ils savent que la crise arrive et veulent voir ce que les
candidats pourront leur proposer”.
Et que proposera le Front de gauche?
“Depuis un an, nous sommes face à une accélération terrible de l’histoire, nous sommes aujourd’hui
à un tournant irréversible. Je suis donc heureux que l’on ait eu l’intuition de créer en amont le Front
de gauche, cet outil qui a déjà avancé nombre de propositions, notamment sur la planification
écologique, la création d’un 6 ème République, le partage radical des richesses, avec notamment une
véritable taxation des revenus du capital et la création d’un revenu et d’un salaire maximum. Dans la
révolution citoyenne, nous voulons que le citoyen soit le centre de toutes les décisions, qu’il exerce
le pouvoir.”
Et la dette?
“La dette a explosé parce que les gouvernements ont voulu sauver les banques en déroute. Et la
politique d’austérité est un contre-sens absolu. L’austérité fait reculer l’activité et donc augmenter le
chomage. Et donc baisser les recettes de l’Etat. C’est un cercle vicieux. Notre société ne peut sortir
indemne d’une politique d’austérité qui augmentera le désordre dans notre pays. On sait que la
situation, comme en Grande-Bretagne, se dégradera s’il y a moins d’instituteurs et moins de policiers,
moins de services publiques.”
A votre avis, comment peuvent réagir les Français face à une politique d’austérité?
“Il y a en France une culture de résistance! Nombre de Français veulent aujourd’hui empêcher le
coup de force des financiers. Ils n’ont pas peur! Et ils n’accepteront pas une alternance à la papa
entre le PS traditionnel et la droite cynique en compétition pour faire le meilleur plan d’austérité”.

 

Libération
Portrait, vendredi 26 août 2011, p. 32
Portrait imaginé (9/10)
«Dehors, tous les merdaillons vulgaires !»
Le monologue intérieur totalement fantasque, facétieux et fallacieux de Jean-Luc Mélenchon.
Edouard Launet
Des Monologues très fictifs. Pour cette série d’été, Libération s’est aventuré dans les têtes de dix
présidentiables français et leur a prêté des monologues intérieurs totalement fantasques, facétieux
et fallacieux.
Jean-Phi de l’informatique m’a montré ce matin comment touitter. C’est nul comme outil. Une fois
que tu as écrit : «On va niquer tous ces gros connards à Rolex», il ne te reste que 97 signes pour
exprimer le fond de ta pensée. Je doute que le touittage fasse beaucoup progresser la réflexion
politique.
Pensé à un début de discours pour après mon accession à la fonction suprême, parce que ça se
précise. «Mes chers compatriotes, c’est peu dire que je ressens une immense gratitude et une
immense fierté. D’autant que je sais à quel point c’est à un spectaculaire effort de mobilisation
militante que ce résultat est dû. Un effort dont je n’oublie pas qu’il ne s’est pas rassemblé autour
d’une personne mais d’une cause : on va les niq…» Ah non, trop militant, pas assez rassembleur ! Il
faut être plus littéraire : «Mes chers concitoyens, il y a un vertige de la page blanche un lendemain
d’élection. Dorénavant, je ne peux substituer ma parole purement personnelle à celle
nécessairement plus lente, plus posée de l’Etat français dont je suis désormais le chef.» Non, là, c’est
vraiment trop chiant. Après tout, l’oligarchie, on a intérêt à lui rentrer dans le chou direct : «Mes
amis, le temps d’un changement radical est venu. Le système politique français, en effet, n’est plus
exactement démocratique. Il est oligarchique. Il est concentré entre les mains de quelques-uns, les
happy few, les nobles sans particule.» Ah merde, je suis en train de recopier mot pour mot du
Laurent Joffrin, c’était son édito dans le Nouvel Obs du 12 mai.
C’est important, les mots qu’on emploie. Ma mère, qui était institutrice, me disait toujours : «Jean-
Luc, si tu deviens Président, essaie au moins de causer correctement.» Car, oui, quand j’avais 7 ans, à
Tanger, j’ai déclaré à mes parents : «Quand je serai Président, on va niquer tous ces…» et là, chplafff !
j’ai ramassé la baffe de ma vie. «Quoi ? j’ai dit à ma mère, tu veux pas que je devienne le président
de la France?»«Jean-Luc, elle a répondu, tu vas t’en prendre une autre si tu continues.» J’ai continué.
Et la baffe, c’est tous ces gros connards à Rolex qui vont la prendre. Ou plutôt, on va leur botter le
cul à tous ces mecs qui se gavent de stock-options depuis tant d’années, qui nous bouffent la laine
sur le dos. Allez, zou ! dehors tous ces merdaillons vulgaires qui se la pètent sur des yachts à la con !
Comment a-t-on pu supporter ça si longtemps ? C’est vrai que les Français sont des veaux, comme
disait le grand Charles. Mais, cette fois, c’est terminé. L’heure de la radicalité concrète a sonné. Mon
père, qui a créé la station de Radio-télécom de Tanger, m’a cité un jour ce mot d’Antonin Artaud :
«Du haut de la tour Eiffel, on peut crier merde aux quatre coins de l’univers.» Eh bien c’est très
exactement ce que je vais faire. Merde à Wall Street, au FMI, à cette oligarchie ultralibérale des
patrons et des financiers ! C’est moi la tour Eiffel maintenant et ils vont m’entendre !
D’abord on va récupérer les dix points de la richesse nationale passée des poches du travail à celles
du capital. Si la France est riche, c’est parce que les travailleurs n’ont jamais autant et aussi bien
travaillé. Et jamais le niveau d’éducation et de formation du peuple français n’a été aussi élevé,
grâce à nos instituteurs, nos professeurs qui sont régulièrement victimes d’attaques alors qu’ils sont
la racine de notre éducation, de notre dignité et de la splendeur de la France. J’aime bien ce terme
de splendeur. La France est splendide, dans le fond.
Nous allons tourner la page du modèle pourri de construction libérale de l’Europe dont le traité de
Lisbonne est la misérable règle du jeu (pas mal ça, pour un touit : ça fait 138 signes). Nous allons
laisser respirer la puissance des peuples, la force de la démocratie et vous verrez si les Européens ne
sont pas capables d’inventer leur intérêt général ! Et vous verrez s’ils ne peuvent pas cesser de se
mener cette abjecte guerre les uns contre les autres pour le travail, provoquée par le dumping
social, fiscal et écologique que les puissants ont organisé et qu’ils osent appeler Union européenne
(demander à Jean-Phi si, sur le blog, on peut pas mettre «laisser respirer la puissance des peuples» et
«abjecte guerre» en lettres rouges clignotantes).
J’ai bien fait de relire Victor Hugo et Saint-Just pendant les vacances. Je sens que ça vient, ce discours,
ça crépite dans la synapse. Ecoutez-moi ça un peu : «Mes chers compatriotes, voici que commence
l’ère des pionniers et des partisans. De quoi sommes-nous les partisans ? De la République sociale !
Comment allons-nous nous y prendre ? Par l’unité et le rassemblement populaire. Pour quoi faire ?
La République sociale.» Vous voyez, c’est facile d’être de gauche quand on veut.
Quand ma famille est revenue s’installer en France en 1962, ça a d’abord été à Yvetot, en
Normandie, où il flottait tout le temps. J’ai cru que j’allais finir champignon ! Puis on est parti dans le
Jura, où ma mère avait été mutée. Pas mal, comme coin. Splendide, même. Un peu chiant aussi.
Petit, je voulais être pompier. Après j’ai voulu être trotskiste-lambertiste. C’est beaucoup moins
drôle. Surtout à Lons-le-Saunier. C’est là qu’on fabrique les Vache qui Rit. Mais bon, quand j’ai
commencé à entendre tous ces crétins repus parler de réforme et scander à tout bout de champ «il
faut ré-for-mer», j’ai compris que, si on ne faisait rien, on allait se faire exploser comme des souris
blanches par un boa constrictor. Réformer, ça ne veut rien dire. Ou plutôt si : ça veut dire dézinguer
toute forme d’emploi public et de péréquation sociale, ça évoque des formes sévères de sodomie.
Qu’ils se cassent enfin, le nabot et ses affidés avec leur rengaine de la réformite, leurs soirées au
Fouquet’s et leurs meufs emperlousées et rafistolées de partout. Balayons tout ça. Ceux qui font des
révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, a dit Saint-Just.
Aujourd’hui, nous rêvons d’un monde où la marchandisation reculerait au lieu de tout envahir, où
les créateurs et les savants marcheraient devant et les financiers derrière, où ceux qui font tourner
la machine du quotidien, les travailleurs qualifiés, seraient respectés, honorés et vivraient
dignement de leur travail, où le droit au bonheur ne serait pas un slogan de supermarché ouvert le
dimanche. D’ailleurs je ne suis pas sûr qu’il faille ouvrir les supermarchés le dimanche. Et je vous
emmerde, pilotes de jet-skis, traders, sarkozystes, décérébrés de la finance, publicitaires véreux,
conducteurs de 4×4, sociaux libéraux, oligarques, éditorialistes de la presse bourgeoise, patrons
gavés et autres ennemis du peuple.
Dessin François Roca

 

Libération
Événement, vendredi 26 août 2011, p. 4
reportage
Un peuple de gauche mobilisé, mais sans entrain
Sur les plages, à la campagne ou dans les quartiers bobos de Paris, «Libération» a rencontré des
sympathisants socialistes entre espoirs et doutes.
Haydée Saberan; Marwan Chahine; Nicolas CHAPUIS
Ils ont le coeur à gauche. Par conviction ou par tradition. Déterminés ou désabusés, ils soutiendront
son représentant contre Nicolas Sarkozy. A la veille de l’université d’été du PS à La Rochelle et de
l’ouverture de la primaire, Libération est allé à la rencontre du «peuple de gauche», sur ses terres
historiques du Nord, dans les quartiers branchés de la capitale ou au milieu des champs limousins.
Les paroles sont franches et sans concession, de quoi nourrir un peu de la réflexion des candidats
socialistes à la présidentielle.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, aux régionales de 2010, l’union de la gauche a recueilli près de 52% des
suffrages malgré une triangulaire avec la liste menée par Marine Le Pen. Le PS demeure la première
force politique.
Alors oui, Roger va voter à gauche, mais sans illusion. «Au PS, pour l’instant, on voit pas grandchose.
» Il résume : «On est désabusé, mais on espère. Regardez la réforme des retraites. On a
manifesté contre, mais vous croyez que les socialistes vont revenir dessus ?» Agent technique dans
une mairie «de droite» dans la région de Valenciennes, il estime que c’est «le milieu ouvrier et la
classe sociale la plus basse qui paient les pots cassés». Il se souvient qu’«avant», une journée au bord
de la mer s’accompagnait d’un resto le midi. «Maintenant, comme dans la chanson de Michel Jonasz,
les restaurants, on fait « que passer devant ».» Avant quoi ? «Avant le passage à l’euro, et avant
Sarkozy.» Roger aimerait «une union de la gauche». Fils de communiste, il appréciait «le facteur»
[Olivier Besancenot, ndlr], mais aussi Jean-Louis Borloo, sans avoir jamais voté pour l’un ou l’autre. Il
trouve qu’Aubry «ne dit pas que des bêtises». L’affaire Strauss-Kahn ne l’intéresse pas, mais il est
«étonné» de voir qu’il y a «beaucoup de pognon derrière».
Sur la digue, à la terrasse d’un bistrot, un orchestre joue les Filles du bord de mer. Fernand, 69 ans, et
Maria, 75 ans, écoutent sous un parasol. Ils ont un faible pour Ségolène Royal. «Elle a travaillé avec
Mitterrand.»«Sous Mitterrand, et même sous de Gaulle, on vivait mieux. On n’était pas malheureux»,
dit Fernand. Il trouve que «Martine Aubry n’est pas mal non plus. Une femme présidente, ce serait
bien. Ce serait la première fois». Maria pense que «ça va être dur, y’a plus d’argent nulle part».
Fernand : «Les riches, ils paient trois fois rien côté impôts. Il faut prendre l’argent où il est, pas sur le
dos des retraités et des ouvriers.»
Sur la plage, près des filets de volley, Gaya, Trésor, Mehdi, Laëlla, Soufiane, Aurélien, Nawfal, Marine.
Ils sont étudiants et lycéens à Lille et Tourcoing. Eux aussi ont pris le train à 1 euro et la navette
gratuite jusqu’à la mer. Gaya, 19 ans, étudiant en économie, voudrait que les socialistes «mettent
l’Etat au centre des décisions économiques. Il faut reprendre le contrôle sur la finance». Il attend de
la gauche plus de justice fiscale : «Une personne au Smic paie plus d’impôts que quelqu’un qui
détient des actions, ce n’est pas normal.» Mais lui non plus n’est pas sûr que les socialistes auront
assez de «courage». «Ils ne vont pas changer le système, ils vont juste limiter les dégâts pour nous, le
peuple.» Comme Roger, il doute que le PS, une fois au pouvoir, revienne sur la réforme des retraites.
Il s’inquiète aussi d’un manque de cohérence : «La différence est trop forte entre l’aile gauche du PS
et les proches de Strauss-Kahn». Et il rêve enfin de communistes au gouvernement, «comme en 81».
En écoutant son camarade, Mehdi, 20 ans, étudiant en droit, réplique que lui «soutenait Strauss-
Kahn.» Il ne se démonte pas : «Avec DSK, les socialistes auraient pu gagner. Il aurait fait mieux
qu’Aubry, Hollande ou Royal.» Gaya : «Explique-moi comment c’est possible d’être de gauche et
libéral…»
Gaya enchaîne. Il est contre les primaires, les petites phrases. «Ils s’étripent en public, ce n’est pas
bon, leurs adversaires le voient, l’opinion aussi.» Il est encore choqué du «Qui va garder les
enfants ?» de Fabius à propos de Royal, en 2006. «On a l’impression qu’ils ne s’aiment pas. Comment
voter pour des gens qui se détestent ?» Au final, il attendra le second tour de la présidentielle pour
voter socialiste. Quant à Martine Aubry, il trouve qu’elle a fait de Lille une «ville agréable», mais il a
l’impression qu’elle est «bourrée de peurs. Quand elle parle on n’est pas transporté».
Canal Saint-Martin, dans le Xe arrondissement de Paris. Un des quartiers les plus bobos de la
capitale. Ici, Ségolène Royal a recueilli près de 65% des suffrages à l’élection présidentielle de 2007.
Fin d’après-midi ensoleillé, les terrasses sont pleines, les verres se vident, la marinière est à
l’honneur.
François et Thomas, jeunes trentenaires, dissertent sur un volumineux roman américain. L’un est
attaché de presse, l’autre journaliste littéraire, et tous les deux se disent de gauche. Leurs valeurs
sont en priorité «le partage des richesses», pour François, et «un certain humanisme», pour Thomas.
Sans croire à une rupture radicale, ce dernier espère qu’un retour de la gauche aux affaires se
traduira par «une politique à hauteur d’homme», une «légalisation du mariage homosexuel»,«plus
de crédits pour la culture» et un changement de politique d’immigration. Même s’il confesse des
sympathies vertes, Thomas votera socialiste dès le premier tour. Peu importe le candidat. «Mon
souci, c’est que le PS gagne. Aubry ou Hollande, ça change pas grand-chose. Je n’attends pas un
messie», explicite-t-il. Lui aussi se dit agacé par cet incessant «jeu des petites phrases» qui «éclipse le
débat» et donne l’impression que la vie politique ressemble à «un feuilleton rigolo à suivre». François
se dit même «dégoûté» par un «pouvoir qui rend fou, quelles que soient les assemblées». Au point
qu’il a cessé d’aller voter. A ses yeux, l’affaire DSK ne fait que s’ajouter à une liste infinie de
scandales. Malgré cette défiance, il se définit comme «un grand dévoreur d’actu politique» et
s’avoue séduit par Arnaud Montebourg ou François Hollande, qu’il juge «sincères dans leur
démarche.Parfois, ça me redonne même l’envie d’y aller…»
Martin, lui, votera. A 18 ans, cet étudiant en art croit en la politique et croit en la gauche. Il «attend
un changement» et souhaite «un capitalisme modéré et contrôlé, plus tourné vers les gens que vers
le profit. Dans le système actuel, l’argent prend trop de place, il y a trop de concurrence, trop
d’individualisme, pas assez de partage.» Pourtant, ce nouvel électeur s’estime déjà «déçu» par un PS
qui «sonne faux au niveau de la com».«Quand on voit Aubry et Royal, c’est le summum de la
démagogie, à tout le temps répéter que l’UMP c’est des méchants.» «Il faut se poser des questions,
ne pas rester dans la politique politicienne !» Son favori, c’était DSK, «un économiste, quelqu’un de
très bon». Du coup il pourrait se tourner vers les «Verts ou le PCF. C’est plus symbolique. Au
deuxième tour, on verra…»
Ora et Zelik n’attendront pas cette échéance. Ce couple d’octogénaires, aux allures de jouvenceaux,
artistes contemporains, compte «bien sûr» participer à la primaire. Leurs voix iront à «celui qui a le
plus de chances de passer» car, pour Zelik, «y’en a ras le cul de Sarkozy ! Même si les candidats de
gauche ne donnent pas très envie». Leur gauche à eux est éternelle. Ora n’oublie pas que c’est Léon
Blum qui a régularisé son père, juif allemand et communiste. «Pour nous, l’expulsion, c’était le four
crématoire !» Quant à Zelik, il se souvient en souriant des manifestations du Front populaire avec
«mon papa et les tricoteurs à casquette de Belleville». Ils aspirent à une politique tournée vers «le
savoir», «l’emploi», une «fiscalité plus juste» où ne sont «pas favorisés ceux qui le sont déjà». Ils font
l’apologie du pragmatisme et pensent que le PS devrait être plus à l’écoute des gens qui «ne sont pas
cons» et «ont des solutions à proposer».«Le problème de la gauche, c’est qu’elle se dispute pour des
poils de cul», rouspète le vieil homme, agacé par une extrême gauche qu’il accuse d’avoir «toujours
préféré combattre les socialistes que la droite.»«Et pendant ce temps-là, la droite est en train de
privatiser les services publics. C’est grave, ça !» renchérit son épouse.
Sous le vert florissant des arbres et des prairies, la terre du Limousin est toujours teintée de rouge.
Le socialisme et le communisme règnent depuis plus de cent ans dans la région. L’élection
présidentielle de 2012 ne devrait pas changer la donne du côté de Limoges. Dans la Haute-Vienne,
profondément marquée par l’industrie de la chaussure et de la porcelaine, qui a vu naître la CGT en
1895, Ségolène Royal avait réalisé plus de 56% au second tour en 2007.
Une situation qui n’est pas favorable au développement du département pour certains. Marc, 53
ans, qui revendique sa sensibilité de gauche, explique le paradoxe : «Ici, on est à gauche depuis
toujours, donc quand c’est la droite au pouvoir, ils s’en fichent, et quand c’est la gauche, c’est acquis
donc ils ne font rien non plus.» Cet employé d’une PME de travaux publics à Saint-Hilaire-Bonneval
partage le menu ouvrier d’un petit restaurant occitan avec ses collègues. Le ras-le-bol de la droite
est latent. «Comment on peut avoir un ministre comme Juppé au gouvernement qui a été
condamné ? Avec toutes les casseroles qu’il a au cul, moi je ne pourrais pas marcher.» Mais la
gauche peine à capitaliser sur ce sentiment et la désillusion est de mise. Marc lance une invitation à
la cantonade : «Ils sont trop loin des gens. Qu’ils viennent passer huit jours sur les chantiers avec
nous, ils comprendront pourquoi on ne veut pas repousser l’âge de la retraite.»
Au menu des mesures impopulaires du gouvernement Sarkozy, après la retraite, c’est la suppression
des fonctionnaires qui revient. Jean-Claude Leblois est maire socialiste de La Geneytouse, commune
qui a le privilège d’abriter la plus petite bibliothèque de France, à une vingtaine de kilomètres de
Limoges. Il résume le problème : «Nous sommes très vigilants, parce que si l’Etat ne maintient pas
les services publics, les transports, les écoles, la Poste, personne ne va le faire à sa place.» Image
d’Epinal de l’élu local dévoué, il partage son temps, de 7 à 23 heures, entre la mairie, son poste de
directeur de collège, le conseil général où il est élu, et la communauté de communes qu’il
administre. Il est persuadé que les Français veulent changer. Lui a fait son choix, ce sera Hollande,
«parce qu’il est intègre et qu’il s’est déclaré depuis longtemps».
François Hollande, le voisin corrézien. L’appareil socialiste de la Haute-Vienne lui est dévoué.
Laurent Lafaye, premier secrétaire fédéral à Limoges, l’assume même si, pour lui, le plus important
reste de mobiliser les sympathisants pour la primaire quel que soit leur choix, et de réussir l’union
sacrée après. Le souvenir du 21 avril 2002 est encore présent : «Le risque du vote FN existe aussi
chez nous. Vous vous rendez compte, sur la terre d’Oradour-sur-Glane !» A ses côtés, Ahmed,
militant, livre le secret d’une campagne réussie : «Il faut lutter contre le chômage. Les aides c’est bien,
mais les gens, ce qu’ils veulent, c’est avoir un emploi.»
Pour séduire les électeurs du département, la gauche devra aussi mettre l’accent sur les
problématiques rurales, pour l’instant absentes du débat. C’est ce que constate Raymond-François
Laplaud, 86 ans, qui bine son potager et pioche ses mots. Pour lui, le chemin est tracé depuis les
années 40. Ce résistant des maquis limousins vote communiste au premier tour et socialiste au
second. Pourtant, à l’évocation du régional de l’étape, François Hollande, il soulève sa casquette et
se gratte la tête d’un air embarrassé : «François, ça a beau être un Corrézien pure souche, il nous
laisse un peu tomber.» Après quarante-neuf ans comme agriculteur, sa femme et lui touchent 570
euros de retraite chacun.
Tout en retraçant des bouts de sa vie, de la libération de Limoges au côté de Georges Guingouin,
figure de la résistance communiste, à ses années de conseiller municipal à Vicq-sur-Breuilh, il
ramasse des pommes de terre énormes. Des Monalisa de la taille d’un poing. Même lui s’en amuse :
«La sécheresse, ça fait des choses bizarres.» Ici, l’aridité a été dure à supporter. Raymond-François se
fait du mouron pour son fils, éleveur de taurillons. «Au prix où il a vendu ses bêtes, ça va être très
difficile pour vivre. On n’a même pas eu de coup de main de l’Etat.» Il attend de la gauche qu’elle
augmente le pouvoir d’achat, pour ses cinq enfants. Pour le premier tour en 2012, Raymond-
François regrette l’absence d’un candidat PCF. Mais soixante-dix années passées à voter n’ont pas
altéré ses espoirs en l’avenir et son humour. Quand on lui demande si Mélenchon va plus parler des
problèmes ruraux que les autres, lui qui est devenu dur d’oreille au fil des ans, répond en fin
analyste politique : «Je ne sais pas, mais en tout cas, il parle plus fort !»

 

l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
[Près de 6 000 personnes ont profité…]
Laurence Mauriaucourt
Près de 6 000 personnes ont profité de la Journée à la mer, initiée par les communistes du Nord,
jeudi à Malo-les-Bains. L’occasion de faire un point sur le vécu et les attentes des familles.
Nord, envoyée spéciale.
Jeudi 25 août 2011. Pas besoin de prendre connaissance des chiffres d’audience de TF1. En allant,
au-devant des familles qui descendent des 86 autocars affrétés par les communistes du Nord pour
une journée de « détente et d’action » à la mer, à Malo-les-Bains, il est évident que l’allocution
télévisée du premier ministre, la veille au soir, n’a pas attiré les foules. « Plus moche la vie », voilà la
vérité la plus largement partagée, ici. Une vérité, un fait pour Stéphanie, qui se mesure « à chaque
fois qu’on fait les courses ». La jeune mère de famille est bien embarrassée pour parler politique. «
La gauche, la droite, je n’y comprends rien », répète-t-elle, ajoutant avec sincérité qu’elle est là,
avec le Parti communiste, justement parce qu’elle a « de plus en plus envie de comprendre ».
Formée dans le domaine de la vente, elle est bien plus à l’aise quand il s’agit de décrire à quel point
elle se sent « dévalorisée » dans son emploi d’hôtesse de caisse en CDD. Si « la vie est chère, les
places aussi ! ». Quand cet emploi s’est présenté, elle a « sauté dessus ». Mais le magasin est situé à
44 kilomètres de son domicile et « au prix où est l’essence, ça fait mal ».
Jean-Marc, lui, travaille dans l’industrie ferroviaire, chez Bombardier à Crespin, dans le Valenciennois,
et il a « la trouille ». « Je suis électricien, nous travaillons actuellement sur des rames pour les RER
d’Île-de-France. Mais pour réduire les coûts, on achète du matériel de basse qualité et on sous-traite
en Pologne. Résultat : quarante voitures viennent de revenir avec des défauts. Il faut refaire tout le
câblage ! Au final, ça va coûter plus cher que si nous avions fait le travail tout de suite nous-mêmes !
» Les rumeurs de chômage partiel dû à des retards de paiement de la part de la SNCF se précisent. Il
aspire à un « changement de politique en matière industrielle ». Mais rien à espérer du
gouvernement actuel, « pour ça, il faut changer d’étiquette politique ». Il faut en finir avec la
politique de droite, « parce que nous, les gens de la quarantaine, on n’a finalement connu que ça ! »,
clame Thierry, demandeur d’emploi, qui résume le plan d’austérité présenté par le gouvernement
en une phrase : « Ils vont taxer le Coca-Cola, mais pas Coca-Cola ! » Image bien trouvée, d’autant
qu’il y a une usine de la marque, ici dans le Dunkerquois qui a connu des mouvements de grève
retentissants en 2008.
Salaires, emplois, et remettre à plat la réforme des retraites, ce sont pour Michel et Michelle (un
couple d’ouvriers retraités de Roubaix), les clés de sortie de crise en France. « La gauche au pouvoir,
oui, mais laquelle ? », questionnent-ils, ironiquement. « Le problème c’est que les socialistes ont
voté tous les principes qui ont conduit à la crise au niveau européen ! ». Jean-Luc Mélenchon a été
socialiste, analysent-ils, « oui, mais depuis qu’il a été désigné par les communistes pour représenter
le Front de gauche, on le voit nettement moins dans les médias, c’est la preuve que les choix des
communistes font peur au gouvernement ! » L’enjeu maintenant, selon eux, est « d’afficher dans la
rue un Front de gauche très fort et très persuasif », et surtout « de convaincre les miséreux de sortir
de leur isolement pour qu’ils rejoignent les manifs et les actions ». Ils en auront l’occasion fin
octobre, début novembre. Fabien Roussel, secrétaire de la Fédération PCF du Nord, et Hervé Poly,
son homologue du Pas-de-Calais, déclarent en effet travailler à l’organisation d’une marche, qui
autour des questions du pouvoir d’achat doit étayer « une série de propositions qui concerneront la
France, mais qui doivent aussi venir de l’Europe ».
L’Europe, pour Laurence, quarante ans, et les sept enfants de sa famille recomposée, c’est l’euro.
Cet euro qui a permis de « faire augmenter tous les prix sans en avoir l’air ». « Quand j’étais jeune,
nous étions six à la maison avec mes parents. On ne manquait de rien alors que mon père ne gagnait
que 2 000 francs par mois, parce que les aides sociales et la gratuité de plein de choses
permettaient de vivre. » Aujourd’hui, avec 400 euros de RSA et les allocations, inutile de dire que les
mois sont longs. « On a la CMU, d’accord, mais quand les enfants sont malades, on demande au
médecin de ne pas nous prescrire de médicaments non remboursés, alors plus de sirop, par
exemple… » Enceinte d’un huitième enfant, elle ne travaille pas en ce moment. Mais une chose est
sûre, elle gagnait plus en intérim à bosser pour un labo pharmaceutique qu’en CDI au smic dans son
usine de bonbons. « Un bon salaire mais la précarité plutôt qu’un petit salaire un peu plus durable,
bref, ça ne va jamais bien. » Son compagnon est parti faire les vendanges. Il ne profitera « même pas
» de cette journée à la mer. Sept ans, que le couple n’est pas parti en vacances. Dix ans au moins
que Laurence n’est pas allée aux urnes. En 2012, elle y retournera. « Pour virer Sarkozy », dans
l’espoir qu’il y ait « de nouveau du travail ». Sa fille de quatorze ans lui conseille de voter « Marine ».
Laurence semble désolée, enchaîne pour détourner le débat : « ils vont taxer les cigarettes et
l’alcool, pas grave, les gens iront en acheter en Belgique, mais mettre un rôti de boeuf sur la table,
en tous les cas, pour nous, c’est impossible. »
Une journée d’été contre la politique d’austérité

 

l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
Face à la crise, la gauche placée au pied du mur
Max Staat
Ce vendredi s’ouvrent les universités d’été du PS, du PCF et du Parti de gauche. Au lendemain des
mesures d’austérité annoncées par François Fillon et à neuf mois de l’élection présidentielle, les
différentes forces de gauche sont placées face à leurs responsabilités pour offrir une alternative
politique.
La gauche, dans ses différentes composantes, est maintenant au pied du mur après les premières
annonces du couple Sarkozy-Fillon d’un vaste plan d’austérité touchant essentiellement les familles.
Le ton fut à cet égard donné par le premier ministre, qui considère que « le seuil de tolérance à
l’endettement est désormais dépassé ».
La droite réussira-t-elle à cantonner le débat sur les questions de la dette entre les tenants du «
laxisme » supposés être à gauche et les partisans de la « rigueur » jugés, eux, responsables ? Le
pouvoir, pour faire passer ses mesures, tout en se dédouanant de ses lourdes responsabilités
politiques quant à l’aggravation de la dette, s’est également appuyé sur l’état de l’opinion. Ses
exigences mais aussi ses doutes. Ainsi la taxation des hauts revenus est voulue par 89 % des
Français, selon Louis Harris. Le gouvernement y répond mais de manière plus que symbolique. Par
contre, l’insistance à imposer la « règle d’or », qui institutionnalise l’austérité, si elle répond à une
vision libérale de l’avenir, est jugée utile par 60 % des citoyens (CSA). Enfin, face à la situation de
crise économique et financière, 62 % des Français pensent que la gauche au pouvoir ne ferait pas
mieux que le pouvoir actuel (ViaVoice).
À neuf mois de l’élection présidentielle, la gauche est donc placée face à ses responsabilités pour
démontrer qu’une autre politique est possible et, surtout, pour en convaincre les Français.
la cohérence du projet
du front de gauche
Si toute la gauche est pratiquement unanime à condamner aujourd’hui le plan Fillon, il n’en est pas
de même sur les alternatives politiques. L’accord du PS avec les fondamentaux de l’Europe actuelle,
pour lesquels il a voté, et qui conduit, par exemple, ses candidats aux primaires à faire du retour,
dès 2013, à 3 % de déficit budgétaire, une priorité, comme le veut le gouvernement lui-même,
fragilise son opposition à la « règle d’or ». De même que sa crédibilité à réellement remettre en
cause la domination des marchés financiers, même si la volonté de relancer la croissance et l’emploi
est au coeur de sa stratégie.
Le PCF et le Parti de gauche, avec le Front de gauche, portent la volonté d’une rupture avec les
politiques menées jusqu’a présent. Ils proposent, notamment, d’augmenter les recettes de l’État en
taxant les revenus du capital au même niveau que ceux du travail, de développer les services publics,
d’en finir avec l’indépendance de la Banque centrale européenne… L’enjeu étant, pour le Front de
gauche, de faire vivre la cohérence de son projet et de créer une dynamique.
Ces questions seront au centre des universités d’été de la gauche, ce week-end.

 

Le Monde.fr
Vendredi 26 août 2011
53 % de Français contre le retour de DSK dans le débat politique
L’affaire DSK a laissé des traces. Selon les résultats d’un sondage CSA pour 20 Minutes, BFM-TV et
RMC, une majorité de Français (53 %) ne souhaite pas que Dominique Strauss-Kahn participe au
débat politique dans les prochains mois. Posée lundi et mardi, la question anticipait toutefois un
abandon des charges pénales par la justice américaine contre l’ancien directeur général du FMI.
Si le taux est sensiblement le même chez les hommes que chez les femmes, les écarts sont par
contre notables selon les convictions politiques : le chiffre grimpe ainsi à 61 % chez les
sympathisants de droite mais tombe à 43 % chez les sympathisants PS et à 47 % chez ceux de gauche.
Les sondés avaient par ailleurs le choix avec deux autres propositions, dont une candidature de DSK
à la primaire, qu’ils ont approuvée à 23 %, ou une simple prise de position en faveur d’un des
candidats déclarés, hypothèse qui a les faveurs de 19 % des personnes interrogées. 5 % des sondés
ne se prononcent pas.
HOLLANDE BIEN PLACÉ POUR LA PRIMAIRE…
Concernant la primaire socialiste, 29 % des sondés déclarent qu’ils iront certainement (14 %) ou
probablement (15 %) voter, un chiffre en baisse de 4 points par rapport au mois de juillet. Chez les
sympathisants socialistes, le chiffre plafonne à 50 %, en baisse de 9 points.
Parmi le sous-échantillon de sympathisants PS désireux de participer à la primaire, François
Hollande recueille 45 % de préférences (+ 3 par rapport à juillet), Martine Aubry baisse de 2 points à
39 %, Ségolène Royal passe de 11 à 10 %. Manuel Valls recueille 3 %, Arnaud Montebourg 2 % et
Jean-Michel Baylet 1 %. Ces chiffres sont à analyser avec prudence compte tenu de la taille de
l’échantillon. « A sept semaines de la primaire, la préférence de choix la plus souvent exprimée se
porte sur François Hollande, aussi bien parmi ceux déclarant qu’ils y participeront (37 %) que parmi
les seuls sympathisants socialistes », note le sondeur CSA, tout en notant qu’il ne s’agit pas
« d’intentions de vote ».
… ET DEVANCE SARKOZY
Quant aux intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy et le candidat du
PS, qu’il s’agisse de François Hollande, Martine Aubry ou Ségolène Royal, se qualifieraient pour le
second tour si le premier tour avait lieu dimanche, avec une Marine Le Pen en légère baisse à 15 %.
Alors qu’au mois de juillet, Marine Le Pen et Ségolène Royal étaient au coude-à-coude à 17 %
derrière le chef de l’Etat (28 %), la présidente de la région Poitou-Charente dépasse désormais la
leader d’extrême droite, avec 19 % contre 15 %, mais perd contre le président (19 % contre 26 %).
Dans l’hypothèse Aubry, la maire de Lille et le chef de l’Etat sont au coude-à-coude, à 26 %. Seul
François Hollande parvient à devancer Nicolas Sarkozy, avec 27 % d’intentions de vote contre 26 %.
Derrière, Marine Le Pen recueille 15 % d’intentions de vote dans les trois scénarios, alors que Jean-
Louis Borloo en obtient 8 %. François Bayrou oscille de 7 à 9 %, Eva Joly de 5 à 7 % et Jean-Luc
Mélenchon de 6,5 à 9 %. « Une part importante de l’électorat continue à se porter sur l’un des trois
candidats de l’espace central, souligne CSA, avec une légère avance de Jean-Louis Borloo sur
François Bayrou, cependant que Dominique de Villepin obtiendrait un score nettement plus faible ».

 

Charente Libre
Toutes
Actualités, vendredi 26 août 2011, p. 54
Social
Grève des salariés d’Eurotunnel
Les principaux syndicats des salariés d’Eurotunnel, qui réclament un 14e mois de salaire, ont déposé
un préavis de grève pour une durée indéterminée à compter de demain.
«Pour ce mouvement, nous souhaitons nous focaliser sur une revendication, le 14e mois que nous
réclamons depuis longtemps, mais derrière, il y a toute une série de demandes concernant les
salaires, l’organisation et les conditions de travail», a déclaré Stéphane Lepoutère, représentant FO.
Selon lui, la proposition de grève rassemble l’ensemble des syndicats représentatifs à Eurotunnel, y
compris les cadres. Ce mouvement est aussi, selon lui, une manière d’exprimer un «ras-le-bol», en
raison d’un dialogue «totalement rompu» avec la direction. «On va faire notre possible pour qu’il n’y
ait pas de perturbation sur le trafic», a dit une porte-parole d’Eurotunnel.
mobilisation
Mélenchon rassemble la gauche radicale
La gauche radicale sera sur le pont face à la crise ce week-end: Jean-Luc Mélenchon réunira ses
troupes du Parti de gauche près de Grenoble et rendra visite à ses alliés communistes en Savoie,
tandis que Philippe Poutou (NPA) lancera sa campagne 2012 à Port-Leucate (Aude). Pour tous, il
s’agira de dénoncer les mesures d’austérité préparées, selon eux, par le gouvernement. Candidat
depuis mi-juin du Front de gauche (PCF-PG-Gauche unitaire), Jean-Luc Mélenchon sera en pointe sur
la question, de vendredi à dimanche à Saint-Martin d’Hères (banlieue de Grenoble) pour les «remueméninges
» de son parti où on débattra également de la transition écologique ou de la lutte contre
le Front national. L’eurodéputé, dont la cote de popularité ne décolle pas, a déjà détaillé ses
propositions dans un entretien au Monde, suggérant par exemple un «protectionnisme européen»
ou la création de «quatorze tranches d’imposition» dont la dernière serait taxée à 100%.

 

Le Télégramme (Bretagne)
France – Monde , vendredi 26 août 2011, p. IGE4
France
Mélenchon, le PCF et le NPA sur le pont
France – Monde : France
Ce week-end, la gauche radicale sera sur le pont face à la crise : Jean-Luc Mélenchon, candidat du
Front de gauche, réunira ses troupes du Parti de gauche à Saint-Martin d’Hères, près de Grenoble
(Isère), et rendra visite à ses alliés communistes en Savoie, tandis que Philippe Poutou (NPA) lancera
sa campagne 2012 à Port-Leucate (Aude). Pour tous, il s’agira de dénoncer les mesures d’austérité
préparées, selon eux, par le gouvernement.

 

l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
[Sans nul doute que le « remue-méninges…]
Mina Kaci
Sans nul doute que le « remue-méninges » qu’organise le Parti de gauche (en collaboration avec cinq
autres formations du Front de gauche) sera marqué par la « riposte » à « la politique d’austérité
décrétée » par le gouvernement. Mais, bien avant l’ouverture des travaux de ce troisième rendezvous
estival, vendredi, samedi et dimanche, à Grenoble (Isère), Martine Billard, coprésidente du PG,
a fustigé le plan annoncé par le premier ministre François Fillon : « La justice fiscale et sociale
version UMP, c’est  »pas touche aux rentes ni à la finance et austérité pour les peuples ! » »
Selon elle, la taxation sur les hauts revenus « revient en fait à augmenter en catimini l’ISF que le
même gouvernement vient de diminuer ». D’autant que cette mesure, rappelle-t-elle, « ne sera que
temporaire, pendant que les attaques contre les dépenses publiques seront permanentes »,
poursuit la députée de Paris.
Plus généralement, le Parti de gauche estime que l’endettement de la France n’est qu’un « prétexte »
censé « faire peur », selon Jean-Luc Mélenchon (le Monde 24 août). Le candidat du Front de gauche
refuse toute règle d’or, car elle «oblige à une purge sans précédant dans le pays » et tout dogme
d’un déficit ne dépassant pas 3% du PIB. Et formule un certain nombre de mesures susceptibles de
juguler la récession, mais en prenant l’argent « là où il est ».
Ainsi préconise-t-il la taxation des revenus du capital au même titre que ceux du travail, rappelant
qu’aujourd’hui ces derniers sont imposés à « 40 % contre 18 % » pour les revenus du capital. «
L’égalité de contribution de tous les revenus au bien commun est pour moi la piste centrale »,
explique Jean-Luc Mélenchon.
D’autres pistes ont été étudiées, comme, par exemple, la création d’une quinzaine de tranches
d’imposition, dont la dernière serait taxée à 100 %. Laquelle ne concernerait « que 0,05 % des
contribuables » et toucherait « les revenus de 360000 euros annuels », soit « 20 fois le revenu
médian du pays ». Sans attendre l’échéance de 2012, le Parti de gauche veut décrypter le brouillage
entretenu par le pouvoir, même si la tâche s’avère « rude ».

Lien Permanent pour cet article : http://57.lepartidegauche.fr/?p=432

REVUE DE PRESSE DU JEUDI 25 AOUT 2011 – PARTI DE GAUCHE

Sud Ouest
Toutes éditions
Jeudi 25 août 2011, p. Périgueux-C1_2
Le Fait du Jour
Un plan très critiqué
RÉACTIONS Acteurs de la vie politique, sociale, syndicale, économique, ont la dent dure
Il n’y a que des représentants de l’UMP pour juger « ambitieux » (le député Hervé Mariton) ou «
courageux » (Christian Jacob, président du groupe à l’Assemblée nationale) le plan du gouvernement,
lequel tient selon Jean-François Copé, patron de l’UMP, un « discours de vérité ».
Ailleurs, le propos est critique. Côté politique, on qualifie le plan gouvernemental de mesures «
rustines » pour François Bayrou, « cosmétiques » pour la candidate écologiste Eva Joly, voire de «
contre-sens dramatique » pour Jean Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de gauche qui estime
que « les riches ne paient que pour un temps et les autres pour toujours ». Benoît Hamon, porteparole
du Parti socialiste, taxe de « cynisme » un gouvernement dont « le vrai bilan […], c’est 0 % de
croissance et 4 millions de chômeurs ». Ségolène Royal, candidate à la primaire, n’est pas en reste en
dénonçant du « matraquage fiscal » plutôt que de la « justice fiscale ».
À droite, Nicolas Dupont-Aignan, président du mouvement Debout la République, traite carrément
François Fillon de « Tartuffe » et, à l’extrême-droite, la présidente du FN, Marine Le Pen, voit dans les
mesures annoncées une « nouvelle charge contre les classes moyennes ».
Les syndicats ne sont guère plus convaincus : reprenant la critique la plus souvent faite de toutes
parts, le numéro deux de la CFDT Marcel Grignard estime le plan anti-déficit du gouvernement «
déséquilibré » et « pas à la hauteur des enjeux », risquant notamment de provoquer « une
aggravation du chômage ». FO y voit « la tutelle des marchés financiers » et le président de la CFTC
Jacques Voisin craint carrément « la récession ».
Quant aux acteurs directement concernés par ces mesures, ils sont pour le moins sceptiques.
L’industrie du BTP s’inquiète autant que les buralistes, l’Association nationale des industries
alimentaires juge « inacceptable » la taxe sur les sodas » et le président de la Mutualité française
estime que l’alourdissement de la taxation sur les complémentaires santé va restreindre l’accès aux
soins et entraîner une hausse des cotisations.

 

Sud Ouest
Gironde Libournais Blayais
Jeudi 25 août 2011, p. Gironde Libournais Blayais-C2_12
Haute Gironde
[Pointures du PS aux 3e Rencontres du pôle écologique…]
MANIFESTATIONS
Pointures du PS aux 3e Rencontres du pôle écologique
SAINT-CIERS-SUR-GIRONDE Aujourd’hui et demain, les 3es Rencontres du pôle écologique du PS se
déroulent à la salle des fêtes de Saint-Ciers-sur-Gironde. Pour l’occasion, Aurélie Filippetti, députée
PS de Moselle, représentante de François Hollande; Thierry Jeantet, vice-président du Parti radical de
gauche, représentant de Jean-Michel Baylet; Jean-François Macaire, 1er vice-président de la Région
Poitou-Charentes, représentant de Ségolène Royal; Philippe Martin, député PS, président du Conseil
général du Gers, représentant de Martine Aubry; Arnaud Montebourg, député, président PS du
Conseil général de Saône-et-Loire; Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du Parti
de gauche, représentante de Jean-Luc Mélenchon; François de Rugy, député EELV de Loire-
Atlantique, représentant d’Eva Joly et Manuel Valls, député-maire d’Évry seront présents pour
s’exprimer sur les questions environnementales. Plusieurs tables rondes sont prévues et un débat
ouvert au public est organisé à partir de 18 heures ce soir, sur le thème : « Le changement social et
écologique, quelles mesures concrètes dès 2012 ».

 

Reuters économique
Jeudi 25 août 2011 – 04:00:10 GMT
France-Hollande en tête devant Sarkozy devant un sondage CSA
PARIS, 24 août (Reuters) – François Hollande arriverait en tête du premier tour de la présidentielle de
l’an prochain devant Nicolas Sarkozy tandis que Martine Aubry ferait jeu égal avec l’actuel chef de
l’Etat, selon un sondage CSA pour BFMTV, RMC et 20 Minutes diffusé jeudi.
Selon cette enquête, le député de Corrèze recueille 27% des intentions de vote, devant Nicolas
Sarkozy qui obtient 26% quelle que soit l’hypothèse testée: à égalité avec Martine Aubry (26%) et en
tête face à Ségolène Royal (19%).
François Hollande gagne un point et le chef de l’Etat reste stable dans ce premier cas de figure. Dans
l’hypothèse Aubry, la maire de Lille gagne un point et Nicolas Sarkozy en perd un.
Dans les deux hypothèses, la présidente du Front national Marine Le Pen est en baisse d’un point
avec 15% des intentions de vote de premier tour.
Elle devance Jean-Louis Borloo (8%), président du Parti radical, le dirigeant du MoDem François
Bayrou (7%) et Jean-luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, qui obtient 6,5% à 7% selon le
candidat PS.
Eva Joly, candidate d’Europe Ecologie-Les Verts, est créditée dans tous les cas de 5% des intentions
de vote.
Ce sondage a été effectué les 22 et 23 août auprès d’un échantillon national représentatif de 1.006
personnes. (Gérard Bon)

 

AFP Infos Françaises
Jeudi 25 août 2011 – 04:00:11 GMT
Présidentielle: duels PS-UMP au second tour quel que soit le candidat PS
PARIS, 25 août 2011 (AFP) – – Nicolas Sarkozy et le candidat du PS, qu’il s’agisse de François Hollande,
Martine Aubry ou Ségolène Royal, se qualifieraient pour le second tour de l’élection présidentielle si
le 1er tour avait lieu dimanche, avec une Marine Le Pen en légère baisse à 15%, selon un sondage
CSA pour BFM-TV, RMC et 20 Minutes.
Alors qu’au mois de juillet, Marine Le Pen et Ségolène Royal étaient au coude à coude à 17% derrière
le chef de l’Etat (28%), la présidente de la région Poitou-Charente dépasse désormais la leader
d’extrême droite, avec 19% contre 15%.
Dans l’hypothèse Hollande, le député de Corrèze recueille 27% d’intentions de vote (26% en juillet),
contre 26% pour Nicolas Sarkozy (inchangé), alors que Marine Le Pen est encore en baisse à 15%
(16% en juillet).
Dans l’hypothèse Aubry, la maire de Lille et le chef de l’Etat sont au coude à coude, à 26%.
Derrière, Jean-Louis Borloo recueille 8% des intentions de vote dans les trois scénarios, tandis que
François Bayrou oscille de 7 à 9%, Eva Joly de 5 à 7% et Jean-Luc Mélenchon de 6,5 à 9%.
Dominique de Villepin recueillerait de 3 à 4 %, tandis que Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou
(NPA) ne dépasseraient pas, au mieux, 1%.
Christine Boutin et Nicolas Dupont-Aignan recueillent dans tous les cas de figure 0,5%.
Sondage réalisé par téléphone les 22 et 23 août auprès d’un échantillon national représentatif de
1.006 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas), dont ont été extraites 863 personnes
inscrites sur les listes électorales en France.
Notice consultable auprès de la commission des sondages.

 

Centre Presse
RODEZ_CP
Jeudi 25 août 2011
Les réactions
– Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste : «
La France a officiellement plongé dans l’austérité. »- Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de
gauche : «
Sous prétexte de dépassement d’un prétendu seuil de tolérance sur la dette, la France renonce à sa
souveraineté face aux marchés financiers. »- Eva Joly, candidate d’Europe Ecologie-Les Verts : «
La remise en cause du ‘travailler plus pour gagner plus’ ou la taxation des revenus extravagants sont
cosmétiques, mais elles confirment la défaite de l’idéologie du candidat Sarkozy. »- François Bayrou
(Modem) : «
C’est un plan de rustines : on va mettre des taxes sur les sodas, augmenter les prix du tabac pour la
1000e fois, raboter ici ou là… »- Laurence Parisot, présidente du Medef : «
Face à la crise de la dette, le gouvernement apporte des réponses sérieuses, responsables, à la
hauteur de la situation. » Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP : «
Décisions courageuses, responsables et justes (…) dans la droite ligne de la gestion rigoureuse menée
par la majorité depuis 2007. »

 

l’Humanité
Politique, jeudi 25 août 2011
[« Au premier tour de 2012, je voterai pour…]
« Au premier tour de 2012, je voterai pour le Front de gauche, pas pour Jean-Luc Mélenchon, ni pour
le PCF, mais pour leur union. » Michel Onfray, philosophe.
l’Humanité
Cuisine, jeudi 25 août 2011
La gauche pas dupe du plan Sarkozy-Fillon
Sébastien Crépel
Pour tous les partis, des mesurettes sur la taxation à titre exceptionnel des hauts revenus ne font pas
illusion.
A vant même de connaître le détail des annonces de François Fillon attendues hier, en fin d’aprèsmidi,
personne n’était dupe, à gauche, de l’efficacité et de la portée des orientations retenues. Pour
tous, des mesurettes sur la taxation à titre exceptionnel des hauts revenus ne font pas illusion, alors
que le cap de l’austérité reste inchangé. « C’est d’un changement profond de politique budgétaire et
fiscale » dont la France a besoin, a ainsi plaidé le bureau national du Parti socialiste (PS), dans un
communiqué adopté à l’unanimité de ses membres, mardi soir, refusant une « prétendue « règle
d’or » qui ne règle rien ». « Le Parti socialiste ne donnera pas quitus à M. Sarkozy de sa politique de
creusement des déficits et d’endettement à travers une révision constitutionnelle sans effet sur la
situation réelle de nos finances publiques. » Reste que, en expliquant qu’« on ne règle pas des
problèmes de déficits avec des textes, mais avec des politiques », le PS conteste « l’efficacité » de
cette « règle d’or », c’est-à-dire le moyen proposé, mais non l’objectif de se soumettre au carcan des
3 % de PIB de déficit public dès 2013, qu’il fait sien.
Le débat à gauche est ainsi relancé et devrait connaître de nouveaux développements ce week-end,
lors des universités d’été respectives du PS, du Parti communiste français (PCF) et du Parti de gauche
(PG). Du côté des communistes, on insiste sur le besoin d’une politique de « relance sociale », qui
doit passer par « une augmentation des salaires en dissuadant tout ce qui encourage les
mouvements financiers », selon le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, auteur d’un livre à
paraître à la rentrée (1). Cela exige, notamment, une autre utilisation du crédit, via un pôle public
bancaire, pour favoriser l’emploi et les qualifications au détriment de la spéculation. Mais aussi d’«
arrêter avec les politiques de cadeaux fiscaux » aux riches. Pour Jean-Luc Mélenchon (PG), candidat
du Front de gauche à la présidentielle, qui, comme les communistes, refuse l’objectif même –
redescendre quoi qu’il en coûte sous les 3 % de déficit public – de toute « règle d’or », il faut «
prendre l’argent là où il est ». Cela passe, selon lui, par la taxation des revenus du capital au même
taux que ceux du travail, ce qui rapporterait 100 milliards d’euros, et « l’augmentation, très forte des
tranches supérieures » de l’impôt sur le revenu, jusqu’à un taux de 100 % au-dessus de 360 000 euros
de revenus annuels.
(1) Le Nouveau Pari communiste, éditions du Cherche-Midi.

 

Valeurs Actuelles, no. 3900
Éditorial, jeudi 25 août 2011, p. 17
LE COMMENTAIRE
Masochisme fiscal
Victoroff David
Quand tout le monde broie du noir et redoute la fin du monde, la tendance est à la repentance. Ainsi
a-t-on vu quelques milliardaires américains, au premier rang desquels Warren Buffett, demander à
être davantage imposés, comme si le fait d’être fouetté par le fisc pouvait détourner d’eux la
catastrophe boursière qu’ils pressentent comme imminente. Warren Buffett fait des émules puisque
Maurice Lévy, président de Publicis et de l’Afep (Association française des entreprises privées,
fondée par Ambroise Roux), réclame lui aussi, dans une tribune publiée par le Monde, « une
contribution des plus riches, des plus favorisés, des nantis ». Au risque d’accréditer la fable selon
laquelle les hauts revenus ne paieraient pas d’impôts.
Cette ambiance sacrificielle a depuis longtemps gagné une partie de la droite française, qui ne cesse
d’expier, depuis 1986, la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes, puis le bouclier fiscal et
d’une manière générale les prétendus cadeaux aux riches qui auraient été consentis lors du « paquet
fiscal » de Nicolas Sarkozy. De là viendrait, à en croire la Cour des comptes présidée par le socialiste
Didier Migaud, une grande partie de notre déficit.
Tout le monde attendait donc en début de semaine avec impatience les nouvelles dispositions
fiscales en jouissant par avance d’une pénitence censée nous faire échapper au jugement sévère des
agences de notation. Au lieu d’envoyer ces dernières à la niche, comme le suggère dans ses diatribes
anticapitalistes Jean-Luc Mélenchon, nos députés préfèrent pour leur complaire chasser les niches
fiscales. Jusqu’à envisager, disait-on avant la publication des projets du gouvernement, de plafonner
la défiscalisation des heures supplémentaires.
Que ceux qui ont mauvaise conscience se rassurent, la France n’est pas, à la différence de la Grèce,
un désert fiscal : son administration des Impôts est intègre et efficace et, avec un taux de
prélèvements obligatoires qui oscille autour de 45 % du PIB, l’État et les collectivités locales prélèvent
la part du lion dans la richesse nationale. Il est vrai que nos déficits sont sévères en raison de la crise,
mais aussi d’un système social très coûteux. Ils sont si élevés que la contribution envisagée sur les
hauts revenus, qui pourrait rapporter quelques centaines de millions d’euros, serait loin d’être à la
hauteur des enjeux. Et le rabotage des niches fiscales, dont certaines alimentent des secteurs
économiques riches en emplois comme le bâtiment et la restauration, peut s’avérer périlleux non
seulement électoralement mais aussi pour la croissance.
Les très riches qui réclament un alourdissement de la pression fiscale (une minorité, et à titre
exceptionnel) savent que pour trouver les ressources nécessaires au rétablissement des équilibres il
faudra demander des sacrifices à tout le monde, par le biais d’une réduction des dépenses sociales
mais aussi par une augmentation des recettes assises sur l’assiette la plus large : la TVA et la CSG.
Pour que cet effort soit acceptable, ils espèrent qu’une augmentation de leur contribution quasiment
volontaire apaisera le sentiment d’injustice que nourrissent toujours les moins favorisés à l’égard des
« nantis ». Mais la nuit du 4 août n’a pas empêché la Terreur.

 

Le Monde.fr
Jeudi 25 août 2011
Mesures d’économies : opposition et syndicats dénoncent le « bricolage » du gouvernement
« Bricolage », « rustines », contre-sens »… Opposition et syndicats ont accueilli avec un profond
scepticisme le train de mesures d’économies annoncé par François Fillon pour réduire le déficit.
« La France a officiellement plongé dans l’austérité. Le seuil de tolérance des Français aux orientations
et au cynisme du gouvernement va être franchi à la lecture des mesures proposées », a déclaré Benoît
Hamon. « La taxe sur les hauts revenus est emblématique de son cynisme, puisqu’elle ne rapportera à
l’Etat que 200 millions d’euros en 2012, quand le chèque fait aux plus riches » avec la réforme de
l’impôt sur la fortune « est de 1,8 milliard d’euros », a-t-il poursuivi.
« Plutôt que du bricolage, il faudra de la cohérence. Plutôt que de l’inconstance, de l’obstination », a
commenté sur son compte Twitter le candidat à la primaire socialiste François Hollande. Pour
l’écologiste Cécile Duflot, le premier ministre tente « de reboucher a la cuiller un trou creusé à la
bêche par ce même gouvernement… » Son plan ne démontre « aucune compréhension de la
profondeur de la crise, celle d’un mode de développement qui exige des solutions nouvelles ».
« UN CONTRE-SENS DRAMATIQUE »
Le président du MoDem, François Bayrou, dénonce également un « plan de rustines », estimant que
les mesures évoquées ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation de la dette française. « On
va mettre des taxes sur les sodas, augmenter les prix du tabac pour la millième fois, raboter ici ou
là… », a-t-il déploré.
Pour Jean-Luc Mélenchon, prétendant du Front de gauche à la présidentielle, « la politique d’austérité
qui vient d’être décrétée, étranglant le budget de l’Etat et des collectivités territoriales » est « un
contre-sens dramatique » qui « va approfondir la récession économique et donc creuser les déficits ».
« UN TOUT PETIT PAS » SUR LES HEURES SUPPLÉMENTAIRES
Du côté des syndicats, les commentaires ne sont guère plus enthousiastes. Selon le secrétaire
général adjoint de la CFDT, Marcel Grignard, « les efforts demandés aux salariés sont assez
conséquents », tandis que ceux « demandés aux entreprises et aux très hauts revenus sont beaucoup
plus faibles ». La hausse des taxes sur les assurances complémentaires de santé, qui devrait coûter
« un peu plus d’un milliard d’euros aux mutuelles », qui risquent « de répercuter le coût sur les assurés
sociaux », regrette-t-il.
Pour le syndicaliste, le gouvernement n’a fait qu' »un tout petit pas » dans la modification du régime
social et fiscal des heures supplémentaires, alors que ce régime « est contre-productif pour l’emploi et
profondément inégalitaire », l’absence d’imposition de ces heures ne profitant pas à ceux qui ne
paient pas d’impôt.
« RÉPARTITION DÉSÉQUILIBRÉE DES EFFORTS »
La principale organisation patronale française, le Medef, a regretté « la répartition déséquilibrée des
efforts entre l’Etat, les collectivités locales et la Sécurité sociale d’une part et les ménages et les
entreprises d’autre part ». « Un certain nombre de mesures aboutissent à des hausses de coût de
production défavorables à la compétitivité », a indiqué l’organisation dans un communiqué
LEMONDE.FR avec AFP

 

Le Figaro, no. 20858
Le Figaro, jeudi 25 août 2011, p. 3
France Politique
La droite salue le plan, la gauche dénonce le « cynisme »
Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement : « Face à la situation actuelle, la main
de la France n’a pas tremblé pour prendre les décisions nécessaires qui permettront de préserver
notre économie, respecter nos engagements de réductions de déficits et stabiliser le système
financier de l’Europe. »
Michel Bouvard, député UMP de Savoie : « Je salue ces mesures de responsabilité et de justice (…).
Responsabilité dans l’équilibre de ces mesures qui préservent la croissance (…), vis-à-vis de nos
partenaires européens de la zone euro. Justice aussi, en faisant contribuer les Français les plus
fortunés tout en ne remettant pas en cause la compétitivité fiscale de la France. »
Hervé Mariton, député UMP de la Drôme : « François Fillon a raison d’être ambitieux dans ses
objectifs », mais « l’équilibre global entre les économies supplémentaires et les recettes
supplémentaires penche trop en faveur des secondes ». Libéral, Mariton espère que les
parlementaires disposeront des marges de manoeuvre nécessaires pour inciter le gouvernement à «
réduire davantage les dépenses ».
Jean-Pierre Grand, député UMP de l’Hérault, proche de Dominique de Villepin : « Nous avions
souhaité une remise à plat de la fiscalité. Si nous avions été suivis dès 2008 sur ces principes, le
gouvernement ne serait pas aujourd’hui obligé de détricoter toutes les lois économiques et fiscales
du quinquennat. »
Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée : « Où est la justice, où est le sérieux dans
ce raclement des fonds de tiroirs ? (…) Plutôt que de se remettre en question, le pouvoir continue
d’amuser la galerie avec quelques rustines dont le symbole est la taxation exceptionnelle des plus
hauts revenus. (…) L’union nationale que propose le premier ministre sur la »règle d’or* est celle du
naufrage, pas du redressement. »
Harlem Désir, premier secrétaire du PS par intérim : « Ce soir, la France plonge officiellement dans
l’austérité (…) Le seuil de tolérance des Français à la provocation et au cynisme est franchi. »
François Bayrou, président du MoDem et candidat à la présidentielle : « C’est un plan de rustines. On
va mettre des taxes sur les sodas, augmenter les prix du tabac pour la 100e fois, raboter ici ou là »…
Eva Joly, candidate d’Europe Écologie-Les Verts à la présidentielle : « La remise en cause du
»travailler plus pour gagner plus* ou la taxation des revenus extravagants sont cosmétiques, mais
elles confirment la défaite de l’idéologie du candidat Sarkozy. »
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle : « La politique d’austérité qui
vient d’être décrétée, étranglant le budget de l’État et des collectivités territoriales, est un
contresens dramatique. Elle va approfondir la récession économique et donc creuser les déficits. Elle
creusera les inégalités sociales. »
Marine Le Pen, présidente du Front national : « Dans la précipitation, pour complaire aux marchés, le
gouvernement annonce des mesures qui accableront les Français à qui on ne cesse déjà de
demander des sacrifices : les classes moyennes. La hausse des prix de certains produits de grande
consommation est particulièrement mal venue. »

 

Le Télégramme (Bretagne)
France – Monde , jeudi 25 août 2011, p. IGE3
France
Un déluge de critiques
Les mesures annoncées par François Fillon pour réduire le déficit public ne sont pas soutenues audelà
de la majorité. Le PS a dénoncé un «cynisme» tandis que d’autres parlaient de plan
«déséquilibré».
France – Monde : France
Alors que la majorité, dans son ensemble, a approuvé les mesures annoncées, hier, par le Premier
ministre (un «discours de vérité», selon le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, «des
mesures courageuses et indispensables», selon Gérard Larcher, président UMP du Sénat),
l’opposition a vivement critiqué ce plan. Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, a ainsi
dénoncé un «cynisme», estimant que la France avait «officiellement plongé dans l’austérité».
Manuel Valls, candidat à la primaire PS, a, lui, estimé que le plan n’était «ni à la hauteur des défis
économiques et financiers que la France doit affronter, ni juste pour les Français». Jean-Luc
Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, a parlé, de son côté, de «contre-sens
dramatique». Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ce plan «va encore aggraver l’injustice
sociale.
Des «rustines»
«C’est un plan de rustines : on va mettre des taxes sur les sodas, augmenter les prix du tabac pour la
1.000e fois, raboter ici ou l à…», a réagi le président du MoDem, François Bayrou, tandis que la
présidente du FN, Marine Le Pen, a jugé que les mesures d’économies sonnaient comme une
«nouvelle charge contre les classes moyennes».
«Pas à la hauteur des enjeux»
Les partenaires sociaux n’ont, pour leur part, pas épargné le gouvernement. La principale
organisation patronale française, le Medef, a regretté «la répartition déséquilibrée des efforts» et
des mesures «défavorables à la compétitivité». Côté syndicats, le président de la CFTC, Jacques
Voisin, a dit craindre «une récession», quand le numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard, jugeait ce
plan anti-déficit «déséquilibré», «pas à la hauteur des enjeux». Pour Didier Ridoret (président de
Fédération française du Bâtiment), «la modification du calcul de l’allégement sur les bas salaires et la
réintégration, dans ce calcul, des heures supplémentaires (…) est un très mauvais coup aux PME du
bâtiment. Les PME du secteur vont être particulièrement touchées.» Enfin, si les buralistes veulent,
eux, un plan d’urgence pour lutter contre le marché parallèle, la création d’une taxe sur les sodas
annoncée par le Premier ministre a été jugée «inacceptable» par Jean-René Buisson, président de
l’Association nationale des industries alimentaires (Ania).

 

Paris-Normandie
Dieppe Pays de Bray
Dieppe, jeudi 25 août 2011, p. Dieppe Pays de Bray_5
La course aux parrainages
POLITIQUE. Les candidats fleurissent pour l’élection présidentielle. Mais pour se présenter, ils
doivent récolter 500 signatures d’élus. Tour d’horizon sur le secteur.
luce poulain
Aquelques mois de l’élection présidentielle, la collecte des 500 parrainages des candidats par les
maires, condition indispensable pour se présenter, va s’intensifier.
Les maires du secteur interrogés avouent n’avoir encore donné aucune signature.
Pour les maires membres du Parti socialiste (PS) qui souhaitent soutenir le candidat de leur
formation politique, le choix ne se fera qu’en octobre. « Je signerai la liste du candidat gagnant des
primaires socialistes, déclare Jean-Marie Leduc, maire de Tôtes. J’ai toujours signé pour le candidat
de mon parti, sauf en 1981 lorsque j’ai soutenu Huguette Bouchardeau et non François Mitterrand ».
Serge Boulanger, maire de Longueville-sur-Scie, a, lui, toujours signé pour le candidat PS.
Accorder son parrainage est une décision importante pour le premier magistrat d’une commune. «
C’est quelque chose qui ne se fait pas à la légère, affirme Sébastien Jumel, maire communiste de
Dieppe. Donner son parrainage, c’est soutenir le programme du candidat ». Il soutiendra donc le
candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Mais tous les maires n’ont pas encore arrêté leur choix. « Je signerai pour un candidat qui partage
mes idées libérales et européennes mais je n’ai pas encore de nom en tête », déclare, pour sa part,
Etienne Delarue, de Bacqueville-en-Caux. D’autres comme Claude Dolique, élu sans étiquette
politique, souhaite prendre en compte la notoriété des candidats, qui joue un rôle important dans la
collecte des signatures : « Je vais m’intéresser au projet de tous les partis et peut-être valoriser un
petit candidat ». Le maire d’Offranville ajoute : « c’est mon premier mandat et donc mon premier
parrainage. Je n’ai pas d’élément de comparaison et je préfère attendre que tous les candidats se
soient déclarés. ».
Jean-Pierre Thévenot, de Cany-Barville, est dans le même cas : « Je suis maire depuis 2008
seulement, je découvre le système. J’ai seulement reçu les pre- miers courriers », déclare-t-il.
Certains ont également été contactés par courriel ou par téléphone.
Les premiers candidats à avoir pris contact avec les élus de la région sont sensiblement les mêmes
d’après les maires contactés : Marine Le Pen (FN), Nathalie Artaud (LO), Frédéric Nihous (Chasse,
pêche, nature et traditions). « Je les comprends, les petites formations ont par- fois plus de mal à
réunir les 500 signatures », souffle Etienne Delarue.
luce poulain
« Donner son parrainage, c’est soutenir un programme »
Serge Boulanger, maire de Longueville-sur-Scie, signera pour le candidat victorieux des primaires du
PS

 

l’Humanité
Cuisine, jeudi 25 août 2011
[Les militants du PCF entendent bien…]
Max Staat
Les militants du PCF entendent bien faire de la Fête de l’Humanité le premier grand rendez-vous
national d’opposition à la politique de Sarkozy.
«À l’heure où le gouvernement veut que notre peuple se fasse hara-kiri et accepte au nom de leur
crise toujours plus de sacrifices, nous entendons bel et bien faire de la Fête de l’Humanité, les 16, 17
et 18 septembre prochain, le grand rendez-vous de lutte et d’alternative de cette rentrée. » Le ton
était donné, mardi soir, à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, par Patrick Le Hyaric, directeur de
l’Humanité, lors du rendez-vous des militants communistes, pour faire le point de la campagne de
diffusion militante de la vignette de soutien au journal et d’entrée à la Fête.
Au côté de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), de Marie-George
Buffet, députée de Seine-Saint-Denis, et de nombreux responsables et élus de la région parisienne,
Patrick Le Hyaric a appelé à « ne pas laisser faire le gouvernement » dans sa tentative « de justifier
l’austérité pour résorber les déficits publics » alors que « si la dette existe, c’est parce que ce
gouvernement donne toujours plus à ceux qui ont déjà beaucoup trop ». Et de dénoncer cette «
fameuse règle d’or qui vise à institutionnaliser l’austérité », l’appel de François Fillon « à l’union
nationale pour la faire adopter » alors que si union nationale il devait y avoir, selon le responsable
communiste, cela devrait être « pour faire payer les riches, pour le progrès social, économique,
écologique et humain ». La Fête sera, selon lui, la possibilité de faire entendre « dans le paysage
politique, y compris à gauche où parfois c’est mollasson, une autre voix, celle de la lutte déterminée
pour une autre politique ». C’est cette démarche que porte le Front de gauche et son candidat à la
présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, comme le confirme Patrick Le Hyaric, en déclarant : « Le Front
de gauche est au coeur de la gauche pour gagner une gauche bien à gauche ».
Ce qu’a exprimé de son côté Marie-George Buffet en affirmant que « la Fête sera la respiration
alternative de cette rentrée », et de mettre en avant quelques propositions de rupture avec la
politique actuelle et, notamment, « la mobilisation des moyens financiers pour la croissance et
l’emploi, une nouvelle fiscalité, le smic à 1 600 euros et le développement des services publics ».
Mobilisés depuis le début de l’été autour de la pétition en faveur du pouvoir d’achat qui a déjà
recueilli plus de 250000 signatures, les militants communistes entendent bien, comme le précise Éric
Corbeaux, responsable national du PCF, « multiplier les points de rencontre dans les quartiers et
devant les entreprises » dans les trois semaines qui viennent « pour inviter à la Fête de l’Humanité,
mener le débat politique avec les salariés, les familles, les jeunes sur les solutions alternatives que
nous proposons ».
Une Fête de l’Humanité où sera présenté le programme populaire partagé du Front de gauche et où
de nombreuses rencontres, sur tous les grands sujets de préoccupations, seront organisées et qui
répond, pour Patrick Le Hyaric, « à cette volonté du tous ensemble pour prendre la parole, chercher
des solutions ». Il conclut : « C’est la Fête de l’humain d’abord, avant l’argent roi. »
« La Fête de l’humain d’abord, avant l’argent roi »

 

Le Monde.fr
Jeudi 25 août 2011
La Mairie de Paris maintient sa soirée de fête de rupture du jeûne du ramadan
La Mairie de Paris a décidé de maintenir dans ses murs, le soir du mercredi 24 août, l’organisation
d’un concert du ramadan, en dépit des critiques émises au nom de la laïcité par ses détracteurs de
droite et d’extrême droite, qui dénoncent une manifestation cultuelle.
Les premiers à demander l’annulation de cette soirée musicale ont été le député UMP Jacques
Myard, membre de la Droite populaire, et le conseiller de Paris Nouveau Centre Jérôme Dubus. Dans
un communiqué, l’élu de l’opposition parisienne affirmait que Bertrand Delanoë avait choisi
« d’organiser en grande pompe » une fête « consacrée au ramadan ». Un « privilège » que la Mairie de
Paris n’aurait accordé à « aucune autre fête religieuse, ni chrétienne, ni juive, ni de toute autre
confession » selon l’élu.
UN ÉVÉNEMENT SANS « CARACTÈRE RITUEL »
Peu après, le préfet de la région Ile-de-France, Daniel Canepa, a écrit au maire de Paris, Bertrand
Delanoë (PS), lui disant que sa « décision d’organiser une soirée à caractère cultuel » semblait
« contraire au principe de neutralité des services publics » à l’égard des religions. Il lui demandait dans
le même courrier de préciser les « modalités de financement » de cette soirée.
Le maire a répondu que cette soirée, « organisée traditionnellement par la Ville tous les ans depuis
2001 », ne constituait « pas une manifestation cultuelle ». Il ajoute que la date du 24 août « ne
correspond à aucune fête religieuse musulmane », que l’événement n’a pas de « caractère rituel »,
qu' »il s’agit donc d’une manifestation à caractère artistique et festif ». « Il n’y aura aucune prière ou
prêche religieux », insiste-t-il. Le ramadan, qui correspond au neuvième mois du calendrier lunaire, a
commencé cette année le 1er août.
La Ville souligne encore qu’elle « participe à des manifestations traditionnelles concernant les
différentes confessions ou communautés représentées à Paris », citant Hanouka, le nouvel an chinois,
Vesak (fête bouddhiste), le nouvel an berbère et l’arbre de Noël. La mairie ajoute qu’elle prend en
charge sur son budget les frais de la soirée – soit 29 748,89 euros pour le buffet et 69 651,50 euros
pour le concert – et conclut que son organisation « n’a nullement porté atteinte au principe de laïcité
ou à l’interdiction de subventionner les cultes ». La Grande Mosquée de Paris a également estimé que
ce concert n’avait pas de caractère religieux.
LA FÊTE EST MAINTENUE
L’échange de courriers avec la préfecture s’est arrêté là. La préfecture n’a pas donné suite explique-ton
à l’Hôtel de Ville. La fête est maintenue.
Dans la soirée de lundi, des militants des groupes d’extrême droite Projet apache et Bloc identitaire
ont collé des affiches dans le quartier de l’Hôtel de Ville montrant un portrait de M. Delanoë assorti
d’une citation qui lui est faussement attribuée : « Aujourd’hui les Parisiens sont sans logement, les
Français n’ont plus d’argent, les Européens voient leur avenir foutre le camp… Moi, je préfère
dépenser pour le ramadan. » Pour sa part le Parti de gauche (PG) a publié mercredi un communiqué
estimant que « cette façon d’agiter le mot laïcité exclusivement contre l’islam » tout en restant
« systématiquement silencieux quand il s’agit d’autres cultes ne paraît pas conforme aux principes de
la République laïque ».

Lien Permanent pour cet article : http://57.lepartidegauche.fr/?p=430

REVUE DE PRESSE DU mercredi 24 Aout 2011 – PARTI DE GAUCHE

Le Monde
Politique, mercredi 24 août 2011, p. 12
ENTRETIEN
Jean-Luc Mélenchon :  » La dette est un prétexte, on cherche à faire peur  »
Jean-Luc Mélenchon en est persuadé : face à la crise, il faut une rupture. Le candidat du Front de
gauche – alliance du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire – estime que la crise
économique est  » porteuse d’une crise de civilisation  » sans précédent. Le défi de 2012 est donc de  »
hisser les réponses au niveau de l’enjeu « , assure le député européen, qui en fait  » une exigence
morale et politique « . Foin de compétition de personnes et de chapelles; il faut des réponses pour
sortir de la crise  » la 5e puissance économique du monde « .
A trois jours du rendez-vous militant estival du Front de gauche, appelé  » remue-méninges « , du 26
au 28 août à Grenoble (Isère), M. Mélenchon fustige la politique de Nicolas Sarkozy qui conduit,
selon lui, à plonger le pays dans la récession. Il se démarque aussi des principaux leaders socialistes
en dénonçant leur  » logique de soumission  » aux règles du marché.
Après l’échec du sommet européen, la dépression boursière se poursuit. Comment analysez-vous la
situation ?
C’est tout le système qui est en crise. Mais, à cet instant, l’Europe a les moyens d’éteindre l’incendie
spéculatif. Il suffit que la Banque centrale européenne (BCE) prête aux Etats aux taux où elle prête
aux banques. Les Etats ne seraient alors plus obligés de faire appel aux marchés financiers à des
taux prohibitifs. Ensuite, il faut instaurer l’harmonisation sociale et fiscale et le protectionnisme
européen.
Je propose en particulier la mise en place des visas sociaux et écologiques pour toute marchandise
entrant dans l’Union et l’instauration d’une souveraineté économique qui interdise les
délocalisations dans tous les cas où cela aboutit à la perte d’un savoir-faire ou à la destruction d’une
zone de production. Tel est le prix de la survie pour l’Union européenne. Sinon elle s’effondrera.
Vous ne croyez pas que les eurobonds peuvent être un moyen de sortir de la crise ?
C’est une solution de temps calme qui peut servir à financer les grands travaux ou des outils de
développement. Pas en pleine crise spéculative : ils ne peuvent la juguler. Et puis c’est une
dépendance de plus à l’égard des marchés.
La crise bancaire a révélé l’ampleur de l’endettement de la France. Comment s’en défaire ?
La dette est un prétexte. De même qu’on a attaqué les retraites en produisant des chiffres
invraisemblables, la description de la dette ne cherche qu’à faire peur. Les indicateurs proposés nous
présentent le stock de la dette française – 1 640 milliards d’euros – en rapportant cette somme à la
richesse produite annuellement. C’est un calcul aberrant qu’on ne fait pour aucune entreprise ou
ménage.
Imaginez qu’on compare ce que vous devez pour l’achat de votre appartement à votre revenu
annuel ! Selon les statistiques du Trésor public, un titre de dette français a une durée moyenne de
sept ans et trente et un jours. Il faut donc rapporter la dette française à la capacité de production du
pays pendant cette durée : 14 000 milliards d’euros. Alors le stock de la dette rapporté au PIB sur
sept ans est de 12 %.
Ce qui pèse, c’est le service de la dette, les 50 milliards payés chaque année par la France. Et là il n’y
a aucun risque qu’il ne soit pas honoré car l’Etat collecte 250 milliards d’impôts par an.
Vous refusez toute règle d’or. Pourtant les socialistes semblent se résoudre à un retour à un déficit
ne dépassant pas les 3 %…
Bien sûr que je suis contre ! C’est une règle rigide qui oblige à une purge sans précédent pour le
pays. Le ralliement des socialistes à cette politique d’austérité est une capitulation sidérante.
Alors que le projet socialiste prévoyait un retour aux 3 % de déficit public sur une mandature,
François Hollande a annoncé qu’il voulait ramener le délai à 2013 et Martine Aubry lui emboîte le
pas. C’est la ligne Papandréou : aucune résistance face au capital et à la spéculation ! Ils ouvrent une
fracture dans la gauche qui va la diviser.
Fort heureusement, il y a des voix qui s’opposent. J’ai entendu Europe Ecologie-les Verts, qui
dénonce comme nous l’oligarchie ou la politique de la BCE. Ou le socialiste Arnaud Montebourg,
dont la résistance est précieuse.
A gauche, le débat ne pourra pas faire l’économie de la stratégie face aux banques et au système
financier international. Aucun engagement n’a de sens si on ne dit pas comment on va empêcher le
système financier, par la dégradation de la note de notre pays, d’interdire toute politique autre que
celle de l’austérité.
Mais il faut bien sortir de l’endettement. Comment faites-vous ?
Soit on comprime les dépenses, soit on augmente les recettes. La première solution, qui serait de
réduire les dépenses de l’Etat de 50 milliards d’euros, signifie un appauvrissement général du pays et
une contraction de l’activité économique – dans la mesure où l’Etat est le premier financeur -, donc
une baisse de recettes et donc un endettement plus grand.
C’est ce qui arrive aux Grecs comme nous l’avions annoncé. Les voilà condamnés à une austérité
sans fin. Ici, c’est pareil : les partisans de l’austérité sont en train d’annoncer au peuple une
génération de sacrifices absurdes. Avec l’argument de la dette, les libéraux ont trouvé un moyen de
surexploitation inouïe des peuples.
Comment trouvez-vous de nouvelles recettes en période de récession ?
En prenant l’argent là où il est : on augmente les impôts des plus riches et des grandes sociétés.
Premièrement, nous taxerons les revenus du capital comme le sont ceux du travail. Aujourd’hui, les
revenus du travail sont imposés à 40 % contre 18 % pour ceux du capital. L’égalité de contribution
de tous les revenus au bien commun est pour moi la piste centrale. Selon les prévisions de Patrick
Artus, de Natixis, cela rapporterait 100 milliards d’euros supplémentaires, soit deux fois le service
de la dette. La deuxième piste, c’est l’augmentation très forte des tranches supérieures de l’impôt.
Je rappelle que sous Roosevelt, la dernière tranche était taxée à 90 % et à 65 % en France en 1981.
Aujourd’hui, elle est tombée à 40 % !
Je propose donc la création de quatorze tranches d’imposition (contre cinq aujourd’hui) et que la
dernière tranche soit taxée à 100 %. Nous posons ainsi la règle qu’il y a une limite à l’accumulation.
Cette dernière tranche toucherait les revenus de 360 000 euros annuels, c’est-à-dire 20 fois le
revenu médian du pays et ne concernerait que 0,05 % des contribuables… Aucune société humaine
ne peut vivre dignement si une partie de ses membres sont des prédateurs sans borne.
Enfin, l’harmonisation de la taxation des entreprises dans notre pays. Il n’est pas juste que les
grands groupes du CAC 40 soient taxés au quart de ce que payent les petites sociétés. Avec ces
propositions, je veux m’adresser à tous les productifs : les petites entreprises menacées de mort par
les conditions léonines des prêts bancaires et l’asphyxie de l’activité économique. Et les salariés
agressés dans leur quotidien par la politique d’austérité. Le Front de gauche s’adresse à tous pour
protéger et développer notre France, celle du travail.
Propos recueillis par Sylvia Zappi

Libération
France, mercredi 24 août 2011, p. 13
Récit
Front de gauche : Mélenchon à corps et à crise
A la veille des journées de son Parti de gauche, le candidat à la présidentielle occupe le terrain
médiatique alors que la chute des Bourses redonne du souffle à ses thèses anticapitalistes.
Lilian Alemagna; Par lilian alemagna
Al’heure d’attaquer la rentrée, Jean-Luc Mélenchon est déjà chaud. Le candidat du Front de gauche à
la présidentielle avait prévu pour ses vacances, de «faire la sieste» et des «barrages» entre amis dans
une rivière pendant que ses ex-camarades du PS feraient «toutes les bêtises du monde». Loin de
l’eau, le député européen a finalement «nomadisé» dans le Midi, «mais je n’ai pas pu décrocher»,
confie-t-il à Libération. La faute à qui ? A la crise…
«Le mot crise ne décrit pas du tout la situation, reprend-t-il. Le système est atteint dans tous ses
compartiments. C’est une bifurcation de l’histoire : l’effondrement d’un type de modèle capitaliste
et la fin du leadership des Etats-Unis d’Amérique.» Rien que ça. Jean-Luc Mélenchon avait aussi
prévu de lâcher le clavier et laisser respirer son blog. Las. La chute des bourses l’a fait replonger : «Je
me le devais pour les 5 000 lecteurs qui venaient chaque jour, justifie-t-il en plaisantant : Je ne sais
pas ce qu’ils faisaient là en plein été ! Peut-être le mauvais temps…»
«salaire maximum». Avant d’aller prendre le frais dans les Alpes, remuer ses méninges tout le weekend
à Grenoble avec les militants de son Parti de gauche (PG) et dire bonjour vendredi à ses alliés
communistes réunis en université d’été aux Karellis (Savoie), Jean-Luc Mélenchon a repris son rythme
médiatique. Soutenu. Objectif, marteler ses propositions anticrise : «Premièrement, nous taxerons
les revenus du capital comme le sont ceux du travail, a-t-il répété dans une interview dans Le Monde
daté de mercredi. Aujourd’hui, les revenus du travail sont imposés à 40% contre 18% pour ceux du
capital.» Sa mesure, dit-il, «rapporterait 100 milliards d’euros supplémentaires» soit deux fois ce qu’il
faut pour payer les intérêts de la dette. Sur le terrain du «partage des richesses», Mélenchon
s’emploie à défendre sa proposition de «salaire maximum» – «pas de salaire supérieur à vingt fois le
salaire le plus bas dans chaque entreprise» -, et son «revenu maximum», soit la «taxation progressive
des revenus jusqu’à 100% à partir de 30 000 euros mensuels». Et «pour éteindre l’incendie
spéculatif» de la zone euro, Mélenchon défend la possibilité pour la Banque centrale européenne de
pouvoir «prêter aux Etats aux taux où elle prête aux banques», une «harmonisation sociale et
fiscale» des pays de l’UE et un «protectionnisme européen» avec «visas sociaux et écologiques pour
toute marchandise».
Période de crise oblige, le ton de l’ancien sénateur est grave. Mais il sourit lorsqu’on lui fait
remarquer que certaines des idées qu’il défend ont fait l’actualité de l’été. «On voit que chemine
sous le fouet de la contrainte des idées qui n’appartenaient qu’à nous ! Ce que ça a pu me mettre de
bonne humeur de voir les riches mis en cause après m’être fait traiter de tous les noms !» dit-il à
Libération.
Surtout, la crise redonne du souffle à ses salves tirées en direction de François Hollande et Martine
Aubry : «Ils ont cédé ! Ils ont capitulé !, s’enflamme-t-il. Comment comptent-ils arriver à un déficit
de 3% du PIB en 2013 avec une prévision de croissance à 2,5% qui ne veut rien dire ? Soit ils
choisissent l’austérité, soit ils remplissent les caisses en tapant le capital.»
«black-out». Autre motif de satisfaction du candidat : il voit apparaître un «pôle de résistance» avec
Eva Joly chez les écologistes et Arnaud Montebourg et sa «démondialisation» dans la primaire PS.
Problème : Mélenchon joue toujours les seconds rôles dans cette campagne. Toujours coincé au
même palier de popularité : 25% d’opinions positives et près du double de négatives. De quoi
s’inquiéter après un décollage de candidat pourtant réussi en juin. Autre difficulté : exister cet
automne lors de la primaire PS. «La primaire sature l’espace médiatique d’une manière
insupportable ! s’insurge le député européen. Le système médiatico-politique met en place une
espèce de black-out comme pour le oui.»
Rejouer le coup de la campagne du référendum européen de 2005 et la victoire du non ? Mélenchon
et les communistes en rêvent. Faire tourner à plein les réseaux sociaux, associatifs et syndicaux pour
passer, mi-septembre, programme en main, à une nouvelle phase de sa campagne lors de la Fête de
l’Humanité du PCF à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). «Je veux inspirer le sentiment de force et de
détermination. Ça peut vous paraître lyrique mais je suis absolument convaincu que l’intervention
populaire dans le champ politique est devenu inéluctable», prédit Mélenchon. Il se voit en
«défricheur», et sait que «la lutte sera dure.» Mélenchon est déjà bouillant.
Le Figaro, no. 20857
Le Figaro, mercredi 24 août 2011, p. 4
France Politique
Le « pari communiste » de Pierre Laurent
Le numéro un du PCF publie un livre dans lequel il précise sa stratégie vis-à-vis de Jean-Luc
Mélenchon en vue de 2012.
Sophie de Ravinel
GAUCHE Pierre Laurent ne ménage pas ses ambitions. Élu secrétaire national en juin 2010, il veut
débarrasser le Parti communiste français des oripeaux du XXe siècle pour en refaire « un acteur
majeur de la vie politique nationale ». Le successeur de Marie-George Buffet publie un livre, Le
Nouveau Pari communiste (Cherche Midi), vendu 10 eur. Comme celui de Jean-Luc Mélenchon, Qu’ils
s’en aillent tous, qui fut un succès…
Laurent voudrait bien faire mentir ceux qui voient le PCF se dissoudre dans l’alliance avec Mélenchon,
coprésident du Parti de gauche, désigné par les militants communistes comme leur candidat au sein
de la coalition du Front de gauche. Ne pas avoir de candidat issu de ses rangs est un lourd défi à
relever pour un parti qui a réalisé moins de 2 % en 2007. Son université d’été, aux Karellis (Savoie)
ce week-end, en même temps que celle du PS à La Rochelle, coïncide aussi avec celle du Parti de
gauche qui se tient non loin de là, à Grenoble. Même si deux meetings communs sont prévus,
vendredi soir et dimanche matin, chacun conserve son pré carré.
« L’humain d’abord »
Récemment désigné président du conseil national de campagne du Front de gauche, Pierre Laurent
doit donc rappeler ses forces militantes : 130 000 adhérents revendiqués et 10 000 élus locaux. Et
préciser que la campagne présidentielle se fera conjointement avec celle des législatives. Le PCF,
souligne-t-il, prévoit de « revenir à la prééminence des élections parlementaires en les démocratisant
». Une évolution qui serait rendue possible par la refonte des institutions dans une VIe République.
Dans son livre, Pierre Laurent s’en prend vivement à Nicolas Sarkozy. « Un second mandat Sarkozy
serait un cauchemar », juge-t-il. Pour autant, il ne voit pas la partie gagnée, malgré les sondages. «
Déloger Nicolas Sarkozy et les siens, et surtout sa politique, ne sera pas facile », écrit-il. Laurent
espère donc que la gauche sera à la hauteur. En particulier pour « la première grande bataille avant
2012 », celle contre la « règle d’or » voulue par le chef de l’État. Si elle devait être adoptée, ce serait
« l’austérité à perpétuité et les pleins pouvoirs aux marchés financiers ». Objectif, donc : « que pas
une voix de gauche ne manque pour rejeter ce projet » alors que Laurent voit déjà qu’au PS certains
« ont les genoux qui flanchent »
« L’humain d’abord et plus les marchés financiers » : tel est le titre du programme « partagé » du
Front de gauche, qui sera présenté à la Fête de l’Humanité, les 17 et 18 septembre.
Pierre Laurent, « Le Nouveau Pari communiste », Cherche Midi, 120 pages, 10 eur.

Le Monde.fr
Mercredi 24 août 2011
Pour Jean-Luc Mélenchon, « c’est tout le système qui est en crise »
Jean-Luc Mélenchon est parti en campagne. A trois jours du rendez-vous estival du Parti de gauche
(PG), les 26, 27 et 28 août à Grenoble (Isère), le candidat du Front de gauche – alliance électorale du
PCF, du PG et de la gauche unitaire – plaide pour une rupture face à la crise.
Il estime ainsi, dans un entretien au Monde, que « c’est tout le système qui est en crise ». Pour faire
face, il propose « la mise en place de visas sociaux et écologiques pour toute marchandise entrant
dans l’Union » ainsi que « l’instauration d’une souveraineté économique qui interdise les
délocalisations dans tous les cas où cela aboutit à la perte d’un savoir-faire ou à la destruction d’une
zone de production ». C’est, à ses yeux, « le prix de la survie » de l’Union européenne.
L’eurodéputé ne cesse aussi de dénoncer la manière dont la dette est présentée aux Français. « C’est
un prétexte », voire une manipulation : « La description de la dette ne cherche qu’à faire peur », assuret-
il, contestant le calcul qui rapporte la dette au PIB annuel. »C’est un calcul aberrant, qu’on ne fait
pour aucune entreprise ou ménage », soutient-il. Il faut, selon lui, »rapporter la dette française à la
capacité de production du pays », sur sept ans et trente-et-un jours, durée moyenne d’un titre dette
français.
Réfutant toute règle d’or – règle budgétaire de limite du déficit à 3 % du PIB que le gouvernement
veut inscrire dans la Constitution – le président du PG fustige l’attitude des socialistes. « C’est une
règle rigide qui oblige à une purge sans précédent pour le pays. Le ralliement des socialistes à cette
politique d’austérité est une capitulation sidérante », tacle-t-il.
A ses yeux, la présidentielle de 2012 doit être l’occasion de revenir sur la stratégie de la gauche visà-
vis des banques et du système financier : « Aucun engagement n’a de sens si on ne dit pas
comment on va empêcher le système financier, par la dégradation de la note de notre pays,
d’interdire toute politique autre que celle de l’austérité », assure le candidat. Jean-Luc Mélenchon
prône, pour sortir de la crise et de sa spirale descendante, une augmentation forte des impôts
touchant les riches et les entreprises. Une manière encore de se démarquer des socialistes, qu’il juge
trop frileux.
Lire l’intégralité de l’entretien avec Jean-Luc Mélenchon dans l’édition abonnés ou dans le journal
daté du mercredi 24 août, disponible en kiosques à partir de 14 heures.
LE MONDE pour Le Monde.fr Sylvia Zappi

La Tribune (France), no. 4792
Économie | France, mercredi 24 août 2011, p. 5
En bref
Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon propose un  » protectionnisme européen  » et une réforme de la
fiscalité
Le candidat du Front de gauche a dévoilé mardi ses propositions pour faire face à la crise
économique. Idée phare : instaurer un  » protectionnisme européen  » via la  » mise en place de visas
sociaux et écologiques pour toute marchandise entrant dans l’Union (européenne) « . Jean-Luc
Mélenchon propose également la création de 14 tranches d’imposition dont la dernière
concernerait les revenus de plus de 360.000 euros annuels et serait  » taxée à 100 % « .

Midi Libre
CATALAN_ML; LOZERE; RODEZ_ML; MILLAU; CARCA_ML; NARBONNE_ML; ALES; GARD_RHOD;
NIMES; BEZIERS; SETE; LODEVE; LUNEL; MONTPELLIER
Mercredi 24 août 2011
Mélenchon décapant
Jean-Luc Mélenchon a des idées et il le fait savoir. Décapant, comme à son habitude, il proposait
hier son catalogue de recettes pour juguler la crise et redresser la France et l’Europe. Le candidat du
Front de gauche propose notamment un « protectionnisme européen ». Il s’agirait de mettre en
place « des visas sociaux et écologiques pour toute marchandise entrant dans l’UE ». Serait aussi
instaurée « une souveraineté économique qui interdit toutes les délocalisations si cela aboutit à la
perte d’un savoir-faire où à la destruction d’une zone de production ».Pour sortir de l’endettement,
« il faut prendre l’argent là où il est : on augmente les impôts des plus riches et des grandes sociétés
».
Il souhaite « taxer les revenus du capital comme le sont ceux du travail ».
Mais il veut surtout créer « 14 tranches d’imposition, dont la dernière taxée à 100 % ».
Elle toucherait « les revenus de 360 000 â?¬ annuels » (20 fois le revenu médian).
Enfin, Mélenchon est pour « l’harmonisation de la taxation des entreprises ».
Mais il rejette le retour au déficit inférieur à 3 % du PIB, d’ici à 2013, comme le proposent Aubry et
Hollande. Et il les accuse « d’ouvrir une fracture dans la gauche, qui va la diviser ».

l’Humanité
Cuisine, mercredi 24 août 2011
Question d’efforts
Par Paule Masson
Si la France ne parvient pas à rassurer les marchés financiers, nous dit-on, elle risque de perdre sa
bonne note, un triple A, et de plonger dans la spirale destructrice d’un endettement qui pourrait
mener au défaut de paiement. Comme un chien derrière son maître, le gouvernement obéit aux
injonctions des agences de notation. Il suffit que l’une d’elles évoque la possible perte de ce sacrosaint
AAA pour qu’un train de rigueur budgétaire s’ébranle. Mais il n’y aura pas de sucre en retour.
L’appétit des investisseurs pour l’argent, le retour sur investissement, est sans fin. C’est là une des
leçons de cette crise qui n’en finit pas. À huit mois de l’élection présidentielle, la politique se
grandirait à porter un autre dessein que celui de la soumission aux marchés financiers.
Le gouvernement, l’UMP se délectent d’un débat qui tourne en rond dans un cadre étroit : pour ne
pas perdre la confiance des investisseurs, la France devrait ramener son déficit public à 3 % d’ici à
2013 et trouver 10 milliards d’euros d’ici 2012. Le Parti socialiste accepte ce postulat de départ.
Même s’il revendique une réforme fiscale qui mette davantage à contribution les revenus du capital,
Martine Aubry le répète, il va falloir « partager les efforts ». La question est-elle de « partager »
quand les revenus du travail sont plus taxés que les autres, quand le niveau de chômage est
historiquement élevé, quand l’évolution des salaires est au point mort…
Depuis 2008, les salariés ont largement payé leur tribu à la crise. Les contribuables ont bouché tous
les trous, ceux des banques notamment, et les riches se partagent à nouveau les profits ! C’est
tellement flagrant que l’opinion publique commence à réclamer des têtes. Selon un sondage Ifop
publié hier, 95 % des Français plébiscitent une taxe spécifique sur les hauts revenus. Les patrons
sont aujourd’hui obligés de reconnaître qu’ils ont été largement épargnés par la crise. Toutes les
réformes fiscales du gouvernement leur ont été favorables, creusant le déficit budgétaire qu’il faut
combler aujourd’hui. Alors, oui, il est temps qu’ils mettent la main à la poche. Mais pas en se
contentant de jeter négligemment un pourboire sur le bord du comptoir.
Donnant suite à la proposition de Maurice Levy, PDG de Publicis et président de l’Association
française des entreprises privées, 16 grands patrons français, dont Liliane Bettencourt, publient un
texte dans le Nouvel Observateur dans lequel ils se disent prêts à verser une « contribution
exceptionnelle » pour participer à l’effort de solidarité. Les « très riches » veulent bien payer, mais «
dans des proportions raisonnables », donc un peu, et de manière exceptionnelle, donc une seule fois.
Les patrons s’achètent une bonne conscience pour pas cher (de 150 à 300 millions d’euros) et
Nicolas Sarkozy s’empresse de suivre le mouvement pour tenter de donner le change sur une
certaine équité fiscale.
Autant le dire, cela ne fait pas le compte mais puisque la porte s’entrouvre, pourquoi ne pas l’ouvrir
en grand, pour, comme l’a réclamé hier Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, «
prendre l’argent où il est », et pousser les feux d’un débat sur un partage équitable des richesses, qui
enclenche un cercle vertueux de sortie de crise. Tout le contraire de l’austérité.
Il est temps que les grandes fortunes mettent la main à la poche, mais pas en se contentant de jeter
négligemment un pourboire sur le bord du comptoir.

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REVUE DE PRESSE DU mercredi 17 Aout 2011 – PARTI DE GAUCHE

Le Point.fr
Politique, mercredi 17 août 2011
Sommet franco-allemand – Sarkozy impose la « règle d’or »
Source AFP
Le président a profité du sommet franco-allemand pour mettre la pression sur l’opposition en proposant l’adoption de la règle d’or budgétaire.
En demandant aux pays de la zone euro d’adopter une « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire, Nicolas Sarkozy met la pression sur l’opposition, qui dénonce de son côté les calculs électoralistes du chef de l’État, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012. Mardi à l’Élysée, à l’issue d’une réunion destinée à trouver les moyens de renforcer la gouvernance de la zone euro, empêtrée dans les dettes abyssales de ses membres, le président de la République et la chancelière allemande Angela Merkel ont proposé que les 17 pays membres de l’eurogroupe adoptent avant l’été 2012 la « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire.
Cette mesure, déjà en vigueur en Allemagne – mais que la chancelière préfère qualifier plus prosaïquement de « frein à l’endettement » -, a été adoptée en France par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais avec les seules voix de la majorité. Or, pour qu’elle soit inscrite dans la Constitution (puisque c’est une loi constitutionnelle), il lui faut être adoptée par le Congrès (Assemblée et Sénat réunis), à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.
Opposition ferme
Pour y parvenir, les voix de l’opposition sont indispensables. Mais jusqu’ici, la gauche s’y est résolument opposée, dénonçant une « opération de communication » de Nicolas Sarkozy. « Mais qui peut bien être contre une règle de cette nature ? » s’est interrogé, sur un ton faussement candide, le président lors de sa conférence de presse commune avec Angela Merkel. Selon lui, « c’est une règle de bon sens, qui doit conduire à la diminution des déficits et à la réduction des dettes. Elle n’est ni de droite ni de gauche », a-t-il insisté, employant une expression qu’il affectionne lorsqu’il veut convaincre son auditoire du bien-fondé de ses décisions.
« Le Premier ministre François Fillon prendra les contacts nécessaires avec l’ensemble des partis politiques (représentés au Parlement), de la majorité comme de l’opposition, pour que chacun, face à ses responsabilités, décide en son âme et conscience face à cet objectif du retour à l’équilibre budgétaire », a dit Nicolas Sarkozy. En cas de « consensus », il a indiqué qu’il convoquerait le Congrès « à l’automne ». « Si un consensus n’est pas possible, ce sont les Français qui seront juges lors de l’élection présidentielle », a-t-il mis en garde.
« Règle absurde » (Mélenchon)
La tâche de François Fillon pour convaincre l’opposition s’annonce compliquée. Martine Aubry, notamment, a répété ces derniers jours que le président cherchait « à faire oublier sa responsabilité » dans l’endettement de la France « qui aura doublé au cours des dix dernières années de gestion UMP ». La candidate a proposé sa propre « règle d’or », « une profonde réforme de la fiscalité ». Même hostilité des autres candidats de gauche, Jean-Michel Baylet, président du PRG, ayant même affirmé que la « règle d’or » voulue par le chef de l’État, c’était « se foutre » du monde. François Hollande, lui aussi candidat à la primaire socialiste et lui aussi hostile au vote de la « règle d’or », a proposé d’ajouter au projet de loi de finances pour 2012 « un amendement dans lequel la France s’engage à respecter sa trajectoire de retour sous la barre des 3 % du PIB en 2013 ». « C’est une règle absurde », a de son côté assené Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2012 pour le Front de gauche.Seul Manuel Valls, lui aussi candidat à la primaire, a ouvert une brèche, en proposant à
Nicolas Sarkozy de « discuter » de sa règle d’or avec l’opposition.

 

Le Figaro, no. 20851
Le Figaro Économie, mercredi 17 août 2011, p. 20
Enquête
Aubry dénonce « l’enfumage », Borloo exprime sa satisfaction
Anne Rovan
MARINE LE PEN a réagi la première, dès la fin de la conférence de presse de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel. Pour la présidente du FN, le sommet franco-allemand n’avait qu’un objectif : «organiser le partage du fardeau de la dette », en décidant « combien de nouvelles dizaines de milliards d’euros la France et l’Allemagne verseront pour renflouer les pays victimes de l’euro ». « C’est irresponsable », indique-t-elle, en dénonçant « l’idée suicidaire » de Sarkozy « de précipiter la zone euro dans le fédéralisme ». La présidente du FN demande un « sommet de la zone euro enfin utile pour les peuples » afin de « prendre acte de la fin de l’euro ».
Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, a lui aussi exprimé sa réprobation. « Au lieu de mesures concrètes pour protéger les peuples de l’assaut des marchés, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel persistent, sans imagination, à se soumettre aux exigences de la finance », a déclaré l’ancien
sénateur.
Tout au contraire, Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, s’est « réjoui » que Sarkozy et Merkel aient « rappelé l’importance de l’adoption d’une »règle d’or* budgétaire dans l’ensemble des États membres de la zone euro ».
Sur i-Télé, Martine Aubry a dénoncé « l’enfumage de communication » de Sarkozy sur la « règle d’or ». C’est « une vague règle qui ne règle rien », a souligné la candidate à la primaire socialiste en confirmant que le PS ne la voterait pas si le Congrès était réuni. « Le président a fait des réformes qui ne sont pas financées et plombent les déficits », a ajouté Aubry.
Fait inhabituel, le parti de la rue de Solferino a publié un communiqué cosigné par Harlem Désir, proche de Martine Aubry, et par Michel Sapin, proche de François Hollande. Ils dénoncent « un sommet de l’impuissance ». « Incapables de proposer une réponse commune ambitieuse contre la spéculation et la récession, les conservateurs français et allemands ne savent coordonner que l’austérité qu’ils imposent aux peuples d’Europe », affirment les deux socialistes, critiquant les annonces « vagues » concernant la taxe sur les transactions financières.
Quant au président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, il « salue la décision commune francoallemande de mettre en place dans les meilleurs délais » cette taxe. Il y voit un « point crucial » en rappelant qu’il avait adressé lundi à Merkel une lettre ouverte pour réclamer son instauration.

 

Le Monde
A la Une, mercredi 17 août 2011, p. 1
Editorial
Taxer les riches, avec leur bénédiction
Cela pourrait ressembler à un de ces jeux de saison pour tester, sur les plages, sa culture générale.

1. Qui a déclaré :  » Mes amis milliardaires et moi-même avons trop longtemps été gâtés. Nous, les mégariches, continuons de bénéficier d’exemptions fiscales extraordinaires. Notre gouvernement – doit – s’atteler sérieusement au partage des sacrifices.  »
2. Qui a écrit :  » Il me paraît indispensable que l’effort de solidarité passe d’abord par ceux que le
sort a préservés. Oui, une contribution des plus riches s’impose.  »
3. Quel dirigeant occidental a décidé d’augmenter de 5 % les impôts de ses concitoyens dont les revenus dépassent 90 000 euros, et de 10 % les revenus de plus de 150 000 euros ? Vous hésitez ? Liliane Bettencourt ou Bernard Arnault, les premières fortunes françaises ? Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou, candidats respectifs du Front de gauche et du Nouveau Parti anticapitaliste ? Nicolas Sarkozy, le président français ? Vous faites erreur. Il s’agit : 1. De Warren Buffett, l’homme le plus riche du monde, dans une tribune au New York Times, le 15 août; 2. De Maurice Lévy, le patron de Publicis, dans nos colonnes ce jour même; 3. De Silvio Berlusconi, président du conseil italien et l’homme le plus riche de la Péninsule, dans le cadre du nouveau plan de rigueur annoncé le 12 août.
Bref, l’idée qu’il faut taxer davantage les riches pour renflouer plus rapidement et équitablement les caisses des Etats n’est pas forcément l’apanage de gauchistes indécrottables. Elle continue pourtant à tétaniser le gouvernement français, tenu par l’engagement du président de la République, répété jusqu’à l’obsession depuis quatre ans, de ne pas augmenter les impôts. Ce dogme sarkozien conduit à des acrobaties excessivement compliquées. Chacun sait que la hausse des impôts est inévitable, faute d’une croissance économique suffisante pour assumer la charge de la dette publique. On le fait donc, mais en prétendant le contraire : la réduction des niches fiscales et des avantages qu’elles accordent n’est rien d’autre qu’une augmentation d’impôts qui ne dit pas son nom. Engagée en 2011, amplifiée en 2012.
Sera-t-elle suffisante ? Non. Des gens aussi sérieux que le premier ministre et le rapporteur général du budget à l’Assemblée ne s’en cachent pas : François Fillon a suggéré d’introduire, dans la base de calcul de l’impôt sur les sociétés, les revenus de leurs dirigeants qui  » dépassent les niveaux acceptables « ; Gilles Carrez (UMP) propose d’instaurer un nouvel impôt taxant de 1 % à 2 % des revenus des 30 000 personnes dont le revenu fiscal de référence dépasse 1 million d’euros. Dans les deux cas, il s’agit bien de taxer les plus fortunés. Nicolas Sarkozy s’y résoudra-t-il, lui qui, à l’occasion de la récente réforme de l’impôt sur la fortune, a allégé de près de 2 milliards d’euros la facture des plus riches ? Au cas où il hésiterait, rappelons-lui que l’impôt  » doit être également réparti entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés « . On ne cite pas là Warren Buffett, mais l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

 

La Croix, no. 39048
France, mercredi 17 août 2011
François Bayrou affirme que la France est en « état d’urgence »
Le président du MoDem publie demain chez Plon un livre intitulé « 2012 état d’urgence ». Partisan
d’une « majorité centrale », il soulève « deux questions d’urgence nationale » : le « produire en France » et l’éducation nationale.
LAURENT DE BOISSIEU
Sortir un essai politique au coeur du mois d’août est osé. C’est pourtant le pari de François Bayrou,
qui publie aujourd’hui 2012 état d’urgence (1) Ce qui lui permet à la fois de prendre de vitesse les autres présidentiables et de prendre de la hauteur par rapport à la crise. « L’état d’urgence ne durera pas. L’état d’urgence, c’est précisément le temps pendant lequel on peut encore faire quelque chose », explique-t-il. Il faut donc maintenant « agir juste » et « agir fort ». Par « choix stratégique », l’ancien ministre de l’éducation nationale a décidé de concentrer sa réflexion sur « deux questions d’urgence nationale » : « rendre à la France la meilleure éducation du monde » et « produire en France ». Celui qui avait placé dès 2007 la question du déficit et de la dette publiques au coeur de sa campagne présidentielle réoriente donc le tir pour 2012 en prônant « une politique qui accepte de regarder en face non pas seulement la dette et le déficit, qu’il faudra équilibrer à tout prix, mais plus encore la cause du déficit et de la dette ».
D’où son nouveau leitmotiv d’une « mobilisation de la nation » afin de redevenir un grand pays producteur et exportateur, condition pour « reconquérir l’emploi » et « équilibrer nos comptes ». François Bayrou entend pour cela s’appuyer sur les « atouts » de la France (l’industrie du haut de gamme notamment) et avance quelques idées originales, comme la création d’un label chiffré « produit en France » (par exemple « produit en France, 50 % ») ou l’institution d’un « Conseil de la production » chargé d’élaborer, sur le modèle de l’ancien Commissariat au Plan, une stratégie nationale de production.
Estimant que « les deux coalitions de gouvernement traditionnelles », celle de droite (l’UMP et ses satellites) et celle de gauche (le PS et ses satellites), ne pourront conduire cette politique du redressement, le président du MoDem en appelle à « une majorité nouvelle ». Cette « majorité centrale » s’obtiendra en détachant les modérés des deux camps. Camps où, selon lui, « le poids des extrêmes est maintenant déterminant ». Dans l’esprit de François Bayrou, ces extrémistes sont tous ceux qui prônent la « démondialisation » et le protectionnisme (national ou européen), c’est-à-dire aussi bien Marine Le Pen qu’Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon. Sans revenir sur les critiques détaillées en 2009 dans son précédent ouvrage « Abus de pouvoir », le président du MoDem réitère son opposition à Nicolas Sarkozy, opposition politique mais aussi personnelle : « Tout ce que j’aimais, il le méprisait ; tout ce que je trouvais secondaire et vain, il l’adorait ». Sans toutefois fermer la porte à un éventuel rapprochement : « A-t-il changé ? Il m’arrive de le penser ». Le dirigeant centriste demeure malgré tout plus proche de la droite libérale que de la gauche sociale-démocrate lorsqu’il se dit partisan d’une politique de l’offre – par opposition à une politique keynésienne de la demande – ou lorsqu’il dénonce « l’erreur dirigiste ».
« La majorité des dirigeants socialistes français lorsqu’ils s’expriment sincèrement et en privé partagent les principes qui sont ici défendus », affirme-t-il cependant. Reste à savoir si, en pareille hypothèse, les dirigeants du PS auxquels pense François Bayrou seraient prêts à assumer publiquement un tel social-libéralisme, comme le firent au Royaume-Uni Tony Blair avec sa «troisième voie » et en Allemagne Gerhard Schröder avec son « nouveau centre ».

 

Mardi 16 Août
AFP Infos Economiques
Mardi 16 août 2011 – 18:24:09 GMT
Sommet Sarkozy-Merkel: réactions de Baylet, Mélenchon
PARIS, 16 août 2011 (AFP) – – Voici d’autres réactions au sommet Sarkozy-Merkel:
Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche et candidat à la primaire socialiste, « se félicite de l’annonce par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de la création d’un gouvernement de la zone euro, et espère que ces annonces se traduiront effectivement par un renforcement des pouvoirs économiques de l’Union par rapport à la situation actuelle. L’accord franco-allemand, même formulé en des termes encore vagues, est un premier pas dans la solution de la crise financière actuelle et un premier avertissement aux spéculateurs » (communiqué).
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle: « Le sommet prétendait combattre la crise, il va l’aggraver. Au lieu de mesures concrètes pour protéger les peuples de l’assaut des marchés, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel persistent, sans imagination, à se soumettre aux exigences de la finance. Pour eux, le système financier n’a aucune responsabilité dans la crise et seuls les peuples sont coupables. La prétendue +règle d’or+ imposée à tous les Etats européens serait pour nos économies des semelles de plomb (….) L’idée d’un gouvernement de la zone euro confié à Herman Van Rompuy est une mauvaise plaisanterie. Les deux dirigeants ont-ils définitivement oublié qu’un gouvernement doit être élu et rendre des comptes? » (communiqué)

 

AFP – Journal Internet
Mardi 16 août 2011 – 19:34:01 GMT
Avec la « règle d’or » budgétaire, Sarkozy met la pression sur l’opposition
Par Nadège PULJAK
PARIS (AFP) – En demandant aux pays de la zone euro d’adopter une « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire, Nicolas Sarkozy met la pression sur l’opposition, qui dénonce de son côté les calculs électoralistes du chef de l’Etat, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012.
Mardi à l’Elysée, à l’isssue d’une réunion destinée à trouver les moyens de renforcer la gouvernance de la zone euro, empêtrée dans les dettes abyssales de ses membres, le président de la République et la chancelière allemande Angela Merkel ont proposé que les 17 pays membres de l’eurogroupe adoptent avant l’été 2012 la « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire.
Cette mesure, déjà en vigueur en Allemagne — mais que la chancelière préfère qualifier plus prosaïquement de « frein à l’endettement » — a été adoptée en France par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais avec les seuls voix de la majorité.
Or, pour qu’elle soit inscrite dans la Constitution (puisque c’est une loi constitutionnelle), il lui faut être adoptée par le Congrès (Assemblée et Sénat réunis), à la majorité qualifié des 3/5è. Pour y parvenir, les voix de l’opposition sont indispensables. Mais jusqu’ici, la gauche s’y est résolument opposée, dénonçant une « opération de communication » de M. Sarkozy. « Mais qui peut bien être contre une règle de cette nature ? », s’est interrogé, sur un ton faussement candide, le président lors de sa conférence de presse commune avec Mme Merkel.
Selon lui, « c’est une règle de bon sens, qui doit conduire à la diminution des déficits et à la réduction des dettes. Elle n’est ni de droite ni de gauche », a-t-il insisté, employant une expression qu’il affectionne lorsqu’il veut convaincre son auditoire du bien-fondé de ses décisions. « Le Premier ministre François Fillon prendra les contacts nécessaires avec l’ensemble des partis politiques (représentés au Parlement), de la majorité comme de l’opposition, pour que chacun, face à ses responsabilités, décide en son âme et conscience face à cet objectif du retour à l’équilibre budgétaire », a dit M. Sarkozy.
En cas de « consensus », il a indiqué qu’il convoquerait le Congrès « à l’automne ». « Si un consensus n’est pas possible, ce sont les Français qui seront juges lors de l’élection présidentielle », a-t-il mis en garde.
La tâche de M. Fillon pour convaincre l’opposition s’annonce compliquée. Martine Aubry, notamment, a répété ces derniers jours que le président cherchait « à faire oublier sa responsabilité » dans l’endettement de la France « qui aura doublé au cours des dix dernières années de gestion UMP ». La candidate a proposé sa propre « règle d’or », « une profonde réforme de la fiscalité ». Même hostilité des autres candidats de gauche, Jean-Michel Baylet, président du PRG, ayant même affirmé que la « règle d’or » voulue par le chef de l’Etat, c’est « se foutre » du monde.
François Hollande, lui aussi candidat à la primaire socialiste et lui aussi hostile au vote de la « règle d’or », a proposé d’ajouter au projet de loi de finances pour 2012 « un amendement dans lequel la France s’engage à respecter sa trajectoire de retour sous la barre des 3% du PIB en 2013 ». « C’est une règle absurde », a de son côté assené Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2012 pour le Front
de gauche.
Seul Manuel Valls, lui aussi candidat à la primaire, a ouvert une brèche, en proposant à Nicolas Sarkozy de « discuter » de sa règle d’or avec l’opposition.

 

Paris-Normandie
Grand Rouen
Elbeuf, mardi 16 août 2011, p. Grand Rouen_15
3 questions à …Noël Levillain – «Le choix des convictions»
Maire d’une «petite commune», Tourville-la-Rivière, Noël Levillain a déjà arrêté son choix et le décrypte.
Alors, à qui donnez-vous votre signature pour la présidentielle de 2012?
Noël Levillain: «Jean-Luc Mélenchon. C’est celui qu’ont choisi les communistes dont je suis membre. Cela s’inscrit dans le travail mené depuis plusieurs années de constituer un vrai front de gauche. C’est un choix de conviction.»
Etes-vous beaucoup sollicité en tant que maire d’une petite commune?
«Par bon nombre de candidats. En 2007, j’avais été approché par le Nouveau parti anticapitaliste, Lutte Ouvrière et même Gérard Schivardi [candidat des Maires soutenu par le Parti des Travailleurs, NDLR]. J’ai soutenu Marie-George Buffet, du Parti communiste. La présidentielle n’est pas une élection que j’apprécie particulièrement. Mais la règle est ainsi faite: il faut 500signatures, et c’est une échéance électorale que nous ne pouvons pas rater.» Des candidats vous incitent-ils à signer pour eux?
«Je ne me vois pas donner ma signature s’il n’y a pas ou peu d’idées en commun. Des maires le font, je ne vois pas l’intérêt. Les habitants nous connaissent, ça ne sert à rien d’ajouter de l’opacité quand il est question d’intention de vote. Après, des pressions, je n’en ai pas connu. Je sais qu’il peut arriver que certains favorisent un candidat pour diviser un camp et qu’il y ait des consignes en ce sens.»

 

l’Humanité
Cuisine, mardi 16 août 2011
Le coût de la panne
Par Michel Guilloux
La purge ou la saignée ? Tels les médecins de Molière, les modernes Diafoirus et autres Purgon ont pour chaque mal ces deux « remèdes » pour seules réponses. Le Figaro s’illustre en ce domaine, l’art de faire mourir des malades ainsi guéris. Samedi, le quotidien de Serge Dassault et d’Étienne Mougeotte ajoutait une louche à la potion amère qui attendrait les Français en titrant en une : « La panne de croissance impose une rigueur accrue ». Dans le genre circulez, il n’y a rien à voir, vous paierez quand même, on atteint là un pic. Les Bourses dévissent ? Austérité. Elles remontent ?
Austérité. La croissance est en panne ? Austérité. À l’aune d’une telle finesse argumentaire, l’on mesure la portée de la rencontre organisée mardi dernier par le chef de l’État, dessinant sa feuille de route jusqu’à la semaine prochaine et pour la rentrée. Il s’agit de « préparer l’opinion », notait avec à-propos l’organe central de l’ultraconservatisme à la française qui, en somme, prépare la préparation…
Et si, au-delà de cette assertion, par ailleurs déclinée sur tous les tons dans les différents médias, l’on se posait une question : « Et pourquoi ? » Pourquoi la panne de croissance ? Pourquoi une « rigueur accrue » ? N’y aurait-il pas, au contraire, une relation de cause à effet ? Inversons les termes du problème : la saignée du pouvoir d’achat, la purge du travail pour nourrir les dividendes, la corne d’abondance des cadeaux fiscaux ne sont-ils pas des facteurs explicatifs de la « panne » actuelle, qui plombe les exportations, nourrit la casse industrielle et le chômage de masse, donc la capacité de production, et prive les budgets publics de nombreuses ressources ? Quand à cela, qui est une donnée de fond, s’ajoute, de « bouclier » en crédits impôt-recherche captés par les mêmes grands groupes, d’exonérations de cotisations sociales des heures supplémentaires en étranglement des services publics, telle l’éducation ou la santé, une politique d’État entièrement tournée vers la satisfaction des mêmes intérêts, encore et toujours, que doit-on faire ? Continuer dans la voie du désastre social ou opérer une vraie « rupture » avec cette politique-là ? L’on connaît sur ce point la réponse de Nicolas Sarkozy. Sa réunion d’aujourd’hui avec Angela Merkel vise à enfoncer le clou, dans la continuité de leur pacte commun : il faut imposer encore plus d’austérité aux peuples, détruire encore plus les budgets publics, pour assurer aux marchés un retour sur investissement à leur spéculation sur des dettes qui les ont sauvés, voici à peine deux ans.
La gauche est donc plus que jamais face à ses responsabilités. L’on peut se donner des airs de «bravitude » économique en préconisant la suppression des départements et des augmentations d’impôts comme un Manuel Valls, qui va finir à ce train par dépasser un François Bayrou sur sa droite. Mais l’on peut aussi dire que la politique doit prendre le pas sur l’économique et sur les « marchés », que la croissance et l’emploi doivent être au coeur de toute démarche publique pour s’en sortir. Et que cela peut se faire en France, sans abandon de souveraineté. Martine Aubry, ce week-end, se positionne dans ce sens. C’est un débat digne de ce nom, pour le pays, que les propositions de Jean-Luc Mélenchon et de Pierre Laurent ont nourri dans ces colonnes la semaine passée. Car on peut lire aussi, dans le pilonnage idéologique actuel, une crainte : que ces idées-là rencontrent des salariés, retraités, chômeurs, jeunes et vieux qui donnent de la voix. Propositions audacieuses et exigences populaires, si elles se rejoignent, peuvent renvoyer en boomerang le coup de massue.
Les Bourses dévissent ? Austérité. Elles remontent ? Austérité. La croissance est en panne ? Austérité.

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