Le Dauphiné Libéré
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Vendredi 26 Aout
Dimanche à Grenoble, vous allez tenir votre premier meeting de rentrée. Votre campagne de
présidentiable est-elle déjà lancée?
“La campagne du Front de gauche a des caractéristiques qui la singularisent. Bien sûr, nous voulons
obtenir le meilleur score en 2012. Mais notre premier objectif est d’enraciner une mobilisation
populaire. Cette campagne doit être une étape dans la révolution citoyenne qui est nécessaire pour
faire face aux chocs qui s’avancent: économique écologique, social. C’est pourquoi nous voulons une
campagne sur le modèle de celle du “non” au référendum européen. C’est à dire un jaillissement
d’initiatives individuelles ou collectives de citoyens motivés qui visent un même but: faire reculer la
résignation et faire mûrir l’indignation. ” La première solution aux problèmes du peuple c’est le
peuple lui-même.
Vous serez aussi ce vendredi en Savoie avec les PCF. Est-ce l’entente cordiale depuis votre
désignation comme candidat commun? Localement parfois, certaines tensions se font sentir…
“ Il y aura toujours des tensions, nos partis respectifs (PCF-PG-Gauche unitaire, Fase etc…) n’ont pas
été dissouts dans le Front de gauche. Les micro-accrochages locaux, auquel – en tant que candidat
commun – je n’ai pas à prendre part, sont juste les mouvements normaux de la vie.. Mais en ce qui
concerne la campagne de 2012, l’entente entre tous les dirigeants est excellente. Tout s’est apaisé
depuis la désignation du candidat. Contrairement au PS, nous ne sommes ni dans la compétition ni
dans le choc des personnalités. Nous sommes aujourd’hui dans un temps de travail serein. Alors oui,
il est important pour moi que je me rende aux Karellis en Savoie, comme il est important que nous
soyons tous réunis dimanche à Grenoble. Nous sommes en phase de mobilisation de nos forces”
Les sondages ne décollent pas pourtant…
“Les sondages sont ce qu’ils sont. Je rappelle que j’ai fait le double aux Européennes de ce que les
sondages m’accordaient. Après, viendra le verdict des urnes. Il qui, lui, ne me pose aucune difficulté:
le peuple est souverain. Mais dans le dernier sondage publié, un chiffre m’a vraiment frappé : seuls 4 %
des Français sont aujourd’hui certains d’avoir choisi définitivement leur candidat. Cela veut dire que
les électeurs hésitent beaucoup, tâtonnent. Ils savent que la crise arrive et veulent voir ce que les
candidats pourront leur proposer”.
Et que proposera le Front de gauche?
“Depuis un an, nous sommes face à une accélération terrible de l’histoire, nous sommes aujourd’hui
à un tournant irréversible. Je suis donc heureux que l’on ait eu l’intuition de créer en amont le Front
de gauche, cet outil qui a déjà avancé nombre de propositions, notamment sur la planification
écologique, la création d’un 6 ème République, le partage radical des richesses, avec notamment une
véritable taxation des revenus du capital et la création d’un revenu et d’un salaire maximum. Dans la
révolution citoyenne, nous voulons que le citoyen soit le centre de toutes les décisions, qu’il exerce
le pouvoir.”
Et la dette?
“La dette a explosé parce que les gouvernements ont voulu sauver les banques en déroute. Et la
politique d’austérité est un contre-sens absolu. L’austérité fait reculer l’activité et donc augmenter le
chomage. Et donc baisser les recettes de l’Etat. C’est un cercle vicieux. Notre société ne peut sortir
indemne d’une politique d’austérité qui augmentera le désordre dans notre pays. On sait que la
situation, comme en Grande-Bretagne, se dégradera s’il y a moins d’instituteurs et moins de policiers,
moins de services publiques.”
A votre avis, comment peuvent réagir les Français face à une politique d’austérité?
“Il y a en France une culture de résistance! Nombre de Français veulent aujourd’hui empêcher le
coup de force des financiers. Ils n’ont pas peur! Et ils n’accepteront pas une alternance à la papa
entre le PS traditionnel et la droite cynique en compétition pour faire le meilleur plan d’austérité”.
Libération
Portrait, vendredi 26 août 2011, p. 32
Portrait imaginé (9/10)
«Dehors, tous les merdaillons vulgaires !»
Le monologue intérieur totalement fantasque, facétieux et fallacieux de Jean-Luc Mélenchon.
Edouard Launet
Des Monologues très fictifs. Pour cette série d’été, Libération s’est aventuré dans les têtes de dix
présidentiables français et leur a prêté des monologues intérieurs totalement fantasques, facétieux
et fallacieux.
Jean-Phi de l’informatique m’a montré ce matin comment touitter. C’est nul comme outil. Une fois
que tu as écrit : «On va niquer tous ces gros connards à Rolex», il ne te reste que 97 signes pour
exprimer le fond de ta pensée. Je doute que le touittage fasse beaucoup progresser la réflexion
politique.
Pensé à un début de discours pour après mon accession à la fonction suprême, parce que ça se
précise. «Mes chers compatriotes, c’est peu dire que je ressens une immense gratitude et une
immense fierté. D’autant que je sais à quel point c’est à un spectaculaire effort de mobilisation
militante que ce résultat est dû. Un effort dont je n’oublie pas qu’il ne s’est pas rassemblé autour
d’une personne mais d’une cause : on va les niq…» Ah non, trop militant, pas assez rassembleur ! Il
faut être plus littéraire : «Mes chers concitoyens, il y a un vertige de la page blanche un lendemain
d’élection. Dorénavant, je ne peux substituer ma parole purement personnelle à celle
nécessairement plus lente, plus posée de l’Etat français dont je suis désormais le chef.» Non, là, c’est
vraiment trop chiant. Après tout, l’oligarchie, on a intérêt à lui rentrer dans le chou direct : «Mes
amis, le temps d’un changement radical est venu. Le système politique français, en effet, n’est plus
exactement démocratique. Il est oligarchique. Il est concentré entre les mains de quelques-uns, les
happy few, les nobles sans particule.» Ah merde, je suis en train de recopier mot pour mot du
Laurent Joffrin, c’était son édito dans le Nouvel Obs du 12 mai.
C’est important, les mots qu’on emploie. Ma mère, qui était institutrice, me disait toujours : «Jean-
Luc, si tu deviens Président, essaie au moins de causer correctement.» Car, oui, quand j’avais 7 ans, à
Tanger, j’ai déclaré à mes parents : «Quand je serai Président, on va niquer tous ces…» et là, chplafff !
j’ai ramassé la baffe de ma vie. «Quoi ? j’ai dit à ma mère, tu veux pas que je devienne le président
de la France?»«Jean-Luc, elle a répondu, tu vas t’en prendre une autre si tu continues.» J’ai continué.
Et la baffe, c’est tous ces gros connards à Rolex qui vont la prendre. Ou plutôt, on va leur botter le
cul à tous ces mecs qui se gavent de stock-options depuis tant d’années, qui nous bouffent la laine
sur le dos. Allez, zou ! dehors tous ces merdaillons vulgaires qui se la pètent sur des yachts à la con !
Comment a-t-on pu supporter ça si longtemps ? C’est vrai que les Français sont des veaux, comme
disait le grand Charles. Mais, cette fois, c’est terminé. L’heure de la radicalité concrète a sonné. Mon
père, qui a créé la station de Radio-télécom de Tanger, m’a cité un jour ce mot d’Antonin Artaud :
«Du haut de la tour Eiffel, on peut crier merde aux quatre coins de l’univers.» Eh bien c’est très
exactement ce que je vais faire. Merde à Wall Street, au FMI, à cette oligarchie ultralibérale des
patrons et des financiers ! C’est moi la tour Eiffel maintenant et ils vont m’entendre !
D’abord on va récupérer les dix points de la richesse nationale passée des poches du travail à celles
du capital. Si la France est riche, c’est parce que les travailleurs n’ont jamais autant et aussi bien
travaillé. Et jamais le niveau d’éducation et de formation du peuple français n’a été aussi élevé,
grâce à nos instituteurs, nos professeurs qui sont régulièrement victimes d’attaques alors qu’ils sont
la racine de notre éducation, de notre dignité et de la splendeur de la France. J’aime bien ce terme
de splendeur. La France est splendide, dans le fond.
Nous allons tourner la page du modèle pourri de construction libérale de l’Europe dont le traité de
Lisbonne est la misérable règle du jeu (pas mal ça, pour un touit : ça fait 138 signes). Nous allons
laisser respirer la puissance des peuples, la force de la démocratie et vous verrez si les Européens ne
sont pas capables d’inventer leur intérêt général ! Et vous verrez s’ils ne peuvent pas cesser de se
mener cette abjecte guerre les uns contre les autres pour le travail, provoquée par le dumping
social, fiscal et écologique que les puissants ont organisé et qu’ils osent appeler Union européenne
(demander à Jean-Phi si, sur le blog, on peut pas mettre «laisser respirer la puissance des peuples» et
«abjecte guerre» en lettres rouges clignotantes).
J’ai bien fait de relire Victor Hugo et Saint-Just pendant les vacances. Je sens que ça vient, ce discours,
ça crépite dans la synapse. Ecoutez-moi ça un peu : «Mes chers compatriotes, voici que commence
l’ère des pionniers et des partisans. De quoi sommes-nous les partisans ? De la République sociale !
Comment allons-nous nous y prendre ? Par l’unité et le rassemblement populaire. Pour quoi faire ?
La République sociale.» Vous voyez, c’est facile d’être de gauche quand on veut.
Quand ma famille est revenue s’installer en France en 1962, ça a d’abord été à Yvetot, en
Normandie, où il flottait tout le temps. J’ai cru que j’allais finir champignon ! Puis on est parti dans le
Jura, où ma mère avait été mutée. Pas mal, comme coin. Splendide, même. Un peu chiant aussi.
Petit, je voulais être pompier. Après j’ai voulu être trotskiste-lambertiste. C’est beaucoup moins
drôle. Surtout à Lons-le-Saunier. C’est là qu’on fabrique les Vache qui Rit. Mais bon, quand j’ai
commencé à entendre tous ces crétins repus parler de réforme et scander à tout bout de champ «il
faut ré-for-mer», j’ai compris que, si on ne faisait rien, on allait se faire exploser comme des souris
blanches par un boa constrictor. Réformer, ça ne veut rien dire. Ou plutôt si : ça veut dire dézinguer
toute forme d’emploi public et de péréquation sociale, ça évoque des formes sévères de sodomie.
Qu’ils se cassent enfin, le nabot et ses affidés avec leur rengaine de la réformite, leurs soirées au
Fouquet’s et leurs meufs emperlousées et rafistolées de partout. Balayons tout ça. Ceux qui font des
révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, a dit Saint-Just.
Aujourd’hui, nous rêvons d’un monde où la marchandisation reculerait au lieu de tout envahir, où
les créateurs et les savants marcheraient devant et les financiers derrière, où ceux qui font tourner
la machine du quotidien, les travailleurs qualifiés, seraient respectés, honorés et vivraient
dignement de leur travail, où le droit au bonheur ne serait pas un slogan de supermarché ouvert le
dimanche. D’ailleurs je ne suis pas sûr qu’il faille ouvrir les supermarchés le dimanche. Et je vous
emmerde, pilotes de jet-skis, traders, sarkozystes, décérébrés de la finance, publicitaires véreux,
conducteurs de 4×4, sociaux libéraux, oligarques, éditorialistes de la presse bourgeoise, patrons
gavés et autres ennemis du peuple.
Dessin François Roca
Libération
Événement, vendredi 26 août 2011, p. 4
reportage
Un peuple de gauche mobilisé, mais sans entrain
Sur les plages, à la campagne ou dans les quartiers bobos de Paris, «Libération» a rencontré des
sympathisants socialistes entre espoirs et doutes.
Haydée Saberan; Marwan Chahine; Nicolas CHAPUIS
Ils ont le coeur à gauche. Par conviction ou par tradition. Déterminés ou désabusés, ils soutiendront
son représentant contre Nicolas Sarkozy. A la veille de l’université d’été du PS à La Rochelle et de
l’ouverture de la primaire, Libération est allé à la rencontre du «peuple de gauche», sur ses terres
historiques du Nord, dans les quartiers branchés de la capitale ou au milieu des champs limousins.
Les paroles sont franches et sans concession, de quoi nourrir un peu de la réflexion des candidats
socialistes à la présidentielle.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, aux régionales de 2010, l’union de la gauche a recueilli près de 52% des
suffrages malgré une triangulaire avec la liste menée par Marine Le Pen. Le PS demeure la première
force politique.
Alors oui, Roger va voter à gauche, mais sans illusion. «Au PS, pour l’instant, on voit pas grandchose.
» Il résume : «On est désabusé, mais on espère. Regardez la réforme des retraites. On a
manifesté contre, mais vous croyez que les socialistes vont revenir dessus ?» Agent technique dans
une mairie «de droite» dans la région de Valenciennes, il estime que c’est «le milieu ouvrier et la
classe sociale la plus basse qui paient les pots cassés». Il se souvient qu’«avant», une journée au bord
de la mer s’accompagnait d’un resto le midi. «Maintenant, comme dans la chanson de Michel Jonasz,
les restaurants, on fait « que passer devant ».» Avant quoi ? «Avant le passage à l’euro, et avant
Sarkozy.» Roger aimerait «une union de la gauche». Fils de communiste, il appréciait «le facteur»
[Olivier Besancenot, ndlr], mais aussi Jean-Louis Borloo, sans avoir jamais voté pour l’un ou l’autre. Il
trouve qu’Aubry «ne dit pas que des bêtises». L’affaire Strauss-Kahn ne l’intéresse pas, mais il est
«étonné» de voir qu’il y a «beaucoup de pognon derrière».
Sur la digue, à la terrasse d’un bistrot, un orchestre joue les Filles du bord de mer. Fernand, 69 ans, et
Maria, 75 ans, écoutent sous un parasol. Ils ont un faible pour Ségolène Royal. «Elle a travaillé avec
Mitterrand.»«Sous Mitterrand, et même sous de Gaulle, on vivait mieux. On n’était pas malheureux»,
dit Fernand. Il trouve que «Martine Aubry n’est pas mal non plus. Une femme présidente, ce serait
bien. Ce serait la première fois». Maria pense que «ça va être dur, y’a plus d’argent nulle part».
Fernand : «Les riches, ils paient trois fois rien côté impôts. Il faut prendre l’argent où il est, pas sur le
dos des retraités et des ouvriers.»
Sur la plage, près des filets de volley, Gaya, Trésor, Mehdi, Laëlla, Soufiane, Aurélien, Nawfal, Marine.
Ils sont étudiants et lycéens à Lille et Tourcoing. Eux aussi ont pris le train à 1 euro et la navette
gratuite jusqu’à la mer. Gaya, 19 ans, étudiant en économie, voudrait que les socialistes «mettent
l’Etat au centre des décisions économiques. Il faut reprendre le contrôle sur la finance». Il attend de
la gauche plus de justice fiscale : «Une personne au Smic paie plus d’impôts que quelqu’un qui
détient des actions, ce n’est pas normal.» Mais lui non plus n’est pas sûr que les socialistes auront
assez de «courage». «Ils ne vont pas changer le système, ils vont juste limiter les dégâts pour nous, le
peuple.» Comme Roger, il doute que le PS, une fois au pouvoir, revienne sur la réforme des retraites.
Il s’inquiète aussi d’un manque de cohérence : «La différence est trop forte entre l’aile gauche du PS
et les proches de Strauss-Kahn». Et il rêve enfin de communistes au gouvernement, «comme en 81».
En écoutant son camarade, Mehdi, 20 ans, étudiant en droit, réplique que lui «soutenait Strauss-
Kahn.» Il ne se démonte pas : «Avec DSK, les socialistes auraient pu gagner. Il aurait fait mieux
qu’Aubry, Hollande ou Royal.» Gaya : «Explique-moi comment c’est possible d’être de gauche et
libéral…»
Gaya enchaîne. Il est contre les primaires, les petites phrases. «Ils s’étripent en public, ce n’est pas
bon, leurs adversaires le voient, l’opinion aussi.» Il est encore choqué du «Qui va garder les
enfants ?» de Fabius à propos de Royal, en 2006. «On a l’impression qu’ils ne s’aiment pas. Comment
voter pour des gens qui se détestent ?» Au final, il attendra le second tour de la présidentielle pour
voter socialiste. Quant à Martine Aubry, il trouve qu’elle a fait de Lille une «ville agréable», mais il a
l’impression qu’elle est «bourrée de peurs. Quand elle parle on n’est pas transporté».
Canal Saint-Martin, dans le Xe arrondissement de Paris. Un des quartiers les plus bobos de la
capitale. Ici, Ségolène Royal a recueilli près de 65% des suffrages à l’élection présidentielle de 2007.
Fin d’après-midi ensoleillé, les terrasses sont pleines, les verres se vident, la marinière est à
l’honneur.
François et Thomas, jeunes trentenaires, dissertent sur un volumineux roman américain. L’un est
attaché de presse, l’autre journaliste littéraire, et tous les deux se disent de gauche. Leurs valeurs
sont en priorité «le partage des richesses», pour François, et «un certain humanisme», pour Thomas.
Sans croire à une rupture radicale, ce dernier espère qu’un retour de la gauche aux affaires se
traduira par «une politique à hauteur d’homme», une «légalisation du mariage homosexuel»,«plus
de crédits pour la culture» et un changement de politique d’immigration. Même s’il confesse des
sympathies vertes, Thomas votera socialiste dès le premier tour. Peu importe le candidat. «Mon
souci, c’est que le PS gagne. Aubry ou Hollande, ça change pas grand-chose. Je n’attends pas un
messie», explicite-t-il. Lui aussi se dit agacé par cet incessant «jeu des petites phrases» qui «éclipse le
débat» et donne l’impression que la vie politique ressemble à «un feuilleton rigolo à suivre». François
se dit même «dégoûté» par un «pouvoir qui rend fou, quelles que soient les assemblées». Au point
qu’il a cessé d’aller voter. A ses yeux, l’affaire DSK ne fait que s’ajouter à une liste infinie de
scandales. Malgré cette défiance, il se définit comme «un grand dévoreur d’actu politique» et
s’avoue séduit par Arnaud Montebourg ou François Hollande, qu’il juge «sincères dans leur
démarche.Parfois, ça me redonne même l’envie d’y aller…»
Martin, lui, votera. A 18 ans, cet étudiant en art croit en la politique et croit en la gauche. Il «attend
un changement» et souhaite «un capitalisme modéré et contrôlé, plus tourné vers les gens que vers
le profit. Dans le système actuel, l’argent prend trop de place, il y a trop de concurrence, trop
d’individualisme, pas assez de partage.» Pourtant, ce nouvel électeur s’estime déjà «déçu» par un PS
qui «sonne faux au niveau de la com».«Quand on voit Aubry et Royal, c’est le summum de la
démagogie, à tout le temps répéter que l’UMP c’est des méchants.» «Il faut se poser des questions,
ne pas rester dans la politique politicienne !» Son favori, c’était DSK, «un économiste, quelqu’un de
très bon». Du coup il pourrait se tourner vers les «Verts ou le PCF. C’est plus symbolique. Au
deuxième tour, on verra…»
Ora et Zelik n’attendront pas cette échéance. Ce couple d’octogénaires, aux allures de jouvenceaux,
artistes contemporains, compte «bien sûr» participer à la primaire. Leurs voix iront à «celui qui a le
plus de chances de passer» car, pour Zelik, «y’en a ras le cul de Sarkozy ! Même si les candidats de
gauche ne donnent pas très envie». Leur gauche à eux est éternelle. Ora n’oublie pas que c’est Léon
Blum qui a régularisé son père, juif allemand et communiste. «Pour nous, l’expulsion, c’était le four
crématoire !» Quant à Zelik, il se souvient en souriant des manifestations du Front populaire avec
«mon papa et les tricoteurs à casquette de Belleville». Ils aspirent à une politique tournée vers «le
savoir», «l’emploi», une «fiscalité plus juste» où ne sont «pas favorisés ceux qui le sont déjà». Ils font
l’apologie du pragmatisme et pensent que le PS devrait être plus à l’écoute des gens qui «ne sont pas
cons» et «ont des solutions à proposer».«Le problème de la gauche, c’est qu’elle se dispute pour des
poils de cul», rouspète le vieil homme, agacé par une extrême gauche qu’il accuse d’avoir «toujours
préféré combattre les socialistes que la droite.»«Et pendant ce temps-là, la droite est en train de
privatiser les services publics. C’est grave, ça !» renchérit son épouse.
Sous le vert florissant des arbres et des prairies, la terre du Limousin est toujours teintée de rouge.
Le socialisme et le communisme règnent depuis plus de cent ans dans la région. L’élection
présidentielle de 2012 ne devrait pas changer la donne du côté de Limoges. Dans la Haute-Vienne,
profondément marquée par l’industrie de la chaussure et de la porcelaine, qui a vu naître la CGT en
1895, Ségolène Royal avait réalisé plus de 56% au second tour en 2007.
Une situation qui n’est pas favorable au développement du département pour certains. Marc, 53
ans, qui revendique sa sensibilité de gauche, explique le paradoxe : «Ici, on est à gauche depuis
toujours, donc quand c’est la droite au pouvoir, ils s’en fichent, et quand c’est la gauche, c’est acquis
donc ils ne font rien non plus.» Cet employé d’une PME de travaux publics à Saint-Hilaire-Bonneval
partage le menu ouvrier d’un petit restaurant occitan avec ses collègues. Le ras-le-bol de la droite
est latent. «Comment on peut avoir un ministre comme Juppé au gouvernement qui a été
condamné ? Avec toutes les casseroles qu’il a au cul, moi je ne pourrais pas marcher.» Mais la
gauche peine à capitaliser sur ce sentiment et la désillusion est de mise. Marc lance une invitation à
la cantonade : «Ils sont trop loin des gens. Qu’ils viennent passer huit jours sur les chantiers avec
nous, ils comprendront pourquoi on ne veut pas repousser l’âge de la retraite.»
Au menu des mesures impopulaires du gouvernement Sarkozy, après la retraite, c’est la suppression
des fonctionnaires qui revient. Jean-Claude Leblois est maire socialiste de La Geneytouse, commune
qui a le privilège d’abriter la plus petite bibliothèque de France, à une vingtaine de kilomètres de
Limoges. Il résume le problème : «Nous sommes très vigilants, parce que si l’Etat ne maintient pas
les services publics, les transports, les écoles, la Poste, personne ne va le faire à sa place.» Image
d’Epinal de l’élu local dévoué, il partage son temps, de 7 à 23 heures, entre la mairie, son poste de
directeur de collège, le conseil général où il est élu, et la communauté de communes qu’il
administre. Il est persuadé que les Français veulent changer. Lui a fait son choix, ce sera Hollande,
«parce qu’il est intègre et qu’il s’est déclaré depuis longtemps».
François Hollande, le voisin corrézien. L’appareil socialiste de la Haute-Vienne lui est dévoué.
Laurent Lafaye, premier secrétaire fédéral à Limoges, l’assume même si, pour lui, le plus important
reste de mobiliser les sympathisants pour la primaire quel que soit leur choix, et de réussir l’union
sacrée après. Le souvenir du 21 avril 2002 est encore présent : «Le risque du vote FN existe aussi
chez nous. Vous vous rendez compte, sur la terre d’Oradour-sur-Glane !» A ses côtés, Ahmed,
militant, livre le secret d’une campagne réussie : «Il faut lutter contre le chômage. Les aides c’est bien,
mais les gens, ce qu’ils veulent, c’est avoir un emploi.»
Pour séduire les électeurs du département, la gauche devra aussi mettre l’accent sur les
problématiques rurales, pour l’instant absentes du débat. C’est ce que constate Raymond-François
Laplaud, 86 ans, qui bine son potager et pioche ses mots. Pour lui, le chemin est tracé depuis les
années 40. Ce résistant des maquis limousins vote communiste au premier tour et socialiste au
second. Pourtant, à l’évocation du régional de l’étape, François Hollande, il soulève sa casquette et
se gratte la tête d’un air embarrassé : «François, ça a beau être un Corrézien pure souche, il nous
laisse un peu tomber.» Après quarante-neuf ans comme agriculteur, sa femme et lui touchent 570
euros de retraite chacun.
Tout en retraçant des bouts de sa vie, de la libération de Limoges au côté de Georges Guingouin,
figure de la résistance communiste, à ses années de conseiller municipal à Vicq-sur-Breuilh, il
ramasse des pommes de terre énormes. Des Monalisa de la taille d’un poing. Même lui s’en amuse :
«La sécheresse, ça fait des choses bizarres.» Ici, l’aridité a été dure à supporter. Raymond-François se
fait du mouron pour son fils, éleveur de taurillons. «Au prix où il a vendu ses bêtes, ça va être très
difficile pour vivre. On n’a même pas eu de coup de main de l’Etat.» Il attend de la gauche qu’elle
augmente le pouvoir d’achat, pour ses cinq enfants. Pour le premier tour en 2012, Raymond-
François regrette l’absence d’un candidat PCF. Mais soixante-dix années passées à voter n’ont pas
altéré ses espoirs en l’avenir et son humour. Quand on lui demande si Mélenchon va plus parler des
problèmes ruraux que les autres, lui qui est devenu dur d’oreille au fil des ans, répond en fin
analyste politique : «Je ne sais pas, mais en tout cas, il parle plus fort !»
l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
[Près de 6 000 personnes ont profité…]
Laurence Mauriaucourt
Près de 6 000 personnes ont profité de la Journée à la mer, initiée par les communistes du Nord,
jeudi à Malo-les-Bains. L’occasion de faire un point sur le vécu et les attentes des familles.
Nord, envoyée spéciale.
Jeudi 25 août 2011. Pas besoin de prendre connaissance des chiffres d’audience de TF1. En allant,
au-devant des familles qui descendent des 86 autocars affrétés par les communistes du Nord pour
une journée de « détente et d’action » à la mer, à Malo-les-Bains, il est évident que l’allocution
télévisée du premier ministre, la veille au soir, n’a pas attiré les foules. « Plus moche la vie », voilà la
vérité la plus largement partagée, ici. Une vérité, un fait pour Stéphanie, qui se mesure « à chaque
fois qu’on fait les courses ». La jeune mère de famille est bien embarrassée pour parler politique. «
La gauche, la droite, je n’y comprends rien », répète-t-elle, ajoutant avec sincérité qu’elle est là,
avec le Parti communiste, justement parce qu’elle a « de plus en plus envie de comprendre ».
Formée dans le domaine de la vente, elle est bien plus à l’aise quand il s’agit de décrire à quel point
elle se sent « dévalorisée » dans son emploi d’hôtesse de caisse en CDD. Si « la vie est chère, les
places aussi ! ». Quand cet emploi s’est présenté, elle a « sauté dessus ». Mais le magasin est situé à
44 kilomètres de son domicile et « au prix où est l’essence, ça fait mal ».
Jean-Marc, lui, travaille dans l’industrie ferroviaire, chez Bombardier à Crespin, dans le Valenciennois,
et il a « la trouille ». « Je suis électricien, nous travaillons actuellement sur des rames pour les RER
d’Île-de-France. Mais pour réduire les coûts, on achète du matériel de basse qualité et on sous-traite
en Pologne. Résultat : quarante voitures viennent de revenir avec des défauts. Il faut refaire tout le
câblage ! Au final, ça va coûter plus cher que si nous avions fait le travail tout de suite nous-mêmes !
» Les rumeurs de chômage partiel dû à des retards de paiement de la part de la SNCF se précisent. Il
aspire à un « changement de politique en matière industrielle ». Mais rien à espérer du
gouvernement actuel, « pour ça, il faut changer d’étiquette politique ». Il faut en finir avec la
politique de droite, « parce que nous, les gens de la quarantaine, on n’a finalement connu que ça ! »,
clame Thierry, demandeur d’emploi, qui résume le plan d’austérité présenté par le gouvernement
en une phrase : « Ils vont taxer le Coca-Cola, mais pas Coca-Cola ! » Image bien trouvée, d’autant
qu’il y a une usine de la marque, ici dans le Dunkerquois qui a connu des mouvements de grève
retentissants en 2008.
Salaires, emplois, et remettre à plat la réforme des retraites, ce sont pour Michel et Michelle (un
couple d’ouvriers retraités de Roubaix), les clés de sortie de crise en France. « La gauche au pouvoir,
oui, mais laquelle ? », questionnent-ils, ironiquement. « Le problème c’est que les socialistes ont
voté tous les principes qui ont conduit à la crise au niveau européen ! ». Jean-Luc Mélenchon a été
socialiste, analysent-ils, « oui, mais depuis qu’il a été désigné par les communistes pour représenter
le Front de gauche, on le voit nettement moins dans les médias, c’est la preuve que les choix des
communistes font peur au gouvernement ! » L’enjeu maintenant, selon eux, est « d’afficher dans la
rue un Front de gauche très fort et très persuasif », et surtout « de convaincre les miséreux de sortir
de leur isolement pour qu’ils rejoignent les manifs et les actions ». Ils en auront l’occasion fin
octobre, début novembre. Fabien Roussel, secrétaire de la Fédération PCF du Nord, et Hervé Poly,
son homologue du Pas-de-Calais, déclarent en effet travailler à l’organisation d’une marche, qui
autour des questions du pouvoir d’achat doit étayer « une série de propositions qui concerneront la
France, mais qui doivent aussi venir de l’Europe ».
L’Europe, pour Laurence, quarante ans, et les sept enfants de sa famille recomposée, c’est l’euro.
Cet euro qui a permis de « faire augmenter tous les prix sans en avoir l’air ». « Quand j’étais jeune,
nous étions six à la maison avec mes parents. On ne manquait de rien alors que mon père ne gagnait
que 2 000 francs par mois, parce que les aides sociales et la gratuité de plein de choses
permettaient de vivre. » Aujourd’hui, avec 400 euros de RSA et les allocations, inutile de dire que les
mois sont longs. « On a la CMU, d’accord, mais quand les enfants sont malades, on demande au
médecin de ne pas nous prescrire de médicaments non remboursés, alors plus de sirop, par
exemple… » Enceinte d’un huitième enfant, elle ne travaille pas en ce moment. Mais une chose est
sûre, elle gagnait plus en intérim à bosser pour un labo pharmaceutique qu’en CDI au smic dans son
usine de bonbons. « Un bon salaire mais la précarité plutôt qu’un petit salaire un peu plus durable,
bref, ça ne va jamais bien. » Son compagnon est parti faire les vendanges. Il ne profitera « même pas
» de cette journée à la mer. Sept ans, que le couple n’est pas parti en vacances. Dix ans au moins
que Laurence n’est pas allée aux urnes. En 2012, elle y retournera. « Pour virer Sarkozy », dans
l’espoir qu’il y ait « de nouveau du travail ». Sa fille de quatorze ans lui conseille de voter « Marine ».
Laurence semble désolée, enchaîne pour détourner le débat : « ils vont taxer les cigarettes et
l’alcool, pas grave, les gens iront en acheter en Belgique, mais mettre un rôti de boeuf sur la table,
en tous les cas, pour nous, c’est impossible. »
Une journée d’été contre la politique d’austérité
l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
Face à la crise, la gauche placée au pied du mur
Max Staat
Ce vendredi s’ouvrent les universités d’été du PS, du PCF et du Parti de gauche. Au lendemain des
mesures d’austérité annoncées par François Fillon et à neuf mois de l’élection présidentielle, les
différentes forces de gauche sont placées face à leurs responsabilités pour offrir une alternative
politique.
La gauche, dans ses différentes composantes, est maintenant au pied du mur après les premières
annonces du couple Sarkozy-Fillon d’un vaste plan d’austérité touchant essentiellement les familles.
Le ton fut à cet égard donné par le premier ministre, qui considère que « le seuil de tolérance à
l’endettement est désormais dépassé ».
La droite réussira-t-elle à cantonner le débat sur les questions de la dette entre les tenants du «
laxisme » supposés être à gauche et les partisans de la « rigueur » jugés, eux, responsables ? Le
pouvoir, pour faire passer ses mesures, tout en se dédouanant de ses lourdes responsabilités
politiques quant à l’aggravation de la dette, s’est également appuyé sur l’état de l’opinion. Ses
exigences mais aussi ses doutes. Ainsi la taxation des hauts revenus est voulue par 89 % des
Français, selon Louis Harris. Le gouvernement y répond mais de manière plus que symbolique. Par
contre, l’insistance à imposer la « règle d’or », qui institutionnalise l’austérité, si elle répond à une
vision libérale de l’avenir, est jugée utile par 60 % des citoyens (CSA). Enfin, face à la situation de
crise économique et financière, 62 % des Français pensent que la gauche au pouvoir ne ferait pas
mieux que le pouvoir actuel (ViaVoice).
À neuf mois de l’élection présidentielle, la gauche est donc placée face à ses responsabilités pour
démontrer qu’une autre politique est possible et, surtout, pour en convaincre les Français.
la cohérence du projet
du front de gauche
Si toute la gauche est pratiquement unanime à condamner aujourd’hui le plan Fillon, il n’en est pas
de même sur les alternatives politiques. L’accord du PS avec les fondamentaux de l’Europe actuelle,
pour lesquels il a voté, et qui conduit, par exemple, ses candidats aux primaires à faire du retour,
dès 2013, à 3 % de déficit budgétaire, une priorité, comme le veut le gouvernement lui-même,
fragilise son opposition à la « règle d’or ». De même que sa crédibilité à réellement remettre en
cause la domination des marchés financiers, même si la volonté de relancer la croissance et l’emploi
est au coeur de sa stratégie.
Le PCF et le Parti de gauche, avec le Front de gauche, portent la volonté d’une rupture avec les
politiques menées jusqu’a présent. Ils proposent, notamment, d’augmenter les recettes de l’État en
taxant les revenus du capital au même niveau que ceux du travail, de développer les services publics,
d’en finir avec l’indépendance de la Banque centrale européenne… L’enjeu étant, pour le Front de
gauche, de faire vivre la cohérence de son projet et de créer une dynamique.
Ces questions seront au centre des universités d’été de la gauche, ce week-end.
Le Monde.fr
Vendredi 26 août 2011
53 % de Français contre le retour de DSK dans le débat politique
L’affaire DSK a laissé des traces. Selon les résultats d’un sondage CSA pour 20 Minutes, BFM-TV et
RMC, une majorité de Français (53 %) ne souhaite pas que Dominique Strauss-Kahn participe au
débat politique dans les prochains mois. Posée lundi et mardi, la question anticipait toutefois un
abandon des charges pénales par la justice américaine contre l’ancien directeur général du FMI.
Si le taux est sensiblement le même chez les hommes que chez les femmes, les écarts sont par
contre notables selon les convictions politiques : le chiffre grimpe ainsi à 61 % chez les
sympathisants de droite mais tombe à 43 % chez les sympathisants PS et à 47 % chez ceux de gauche.
Les sondés avaient par ailleurs le choix avec deux autres propositions, dont une candidature de DSK
à la primaire, qu’ils ont approuvée à 23 %, ou une simple prise de position en faveur d’un des
candidats déclarés, hypothèse qui a les faveurs de 19 % des personnes interrogées. 5 % des sondés
ne se prononcent pas.
HOLLANDE BIEN PLACÉ POUR LA PRIMAIRE…
Concernant la primaire socialiste, 29 % des sondés déclarent qu’ils iront certainement (14 %) ou
probablement (15 %) voter, un chiffre en baisse de 4 points par rapport au mois de juillet. Chez les
sympathisants socialistes, le chiffre plafonne à 50 %, en baisse de 9 points.
Parmi le sous-échantillon de sympathisants PS désireux de participer à la primaire, François
Hollande recueille 45 % de préférences (+ 3 par rapport à juillet), Martine Aubry baisse de 2 points à
39 %, Ségolène Royal passe de 11 à 10 %. Manuel Valls recueille 3 %, Arnaud Montebourg 2 % et
Jean-Michel Baylet 1 %. Ces chiffres sont à analyser avec prudence compte tenu de la taille de
l’échantillon. « A sept semaines de la primaire, la préférence de choix la plus souvent exprimée se
porte sur François Hollande, aussi bien parmi ceux déclarant qu’ils y participeront (37 %) que parmi
les seuls sympathisants socialistes », note le sondeur CSA, tout en notant qu’il ne s’agit pas
« d’intentions de vote ».
… ET DEVANCE SARKOZY
Quant aux intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy et le candidat du
PS, qu’il s’agisse de François Hollande, Martine Aubry ou Ségolène Royal, se qualifieraient pour le
second tour si le premier tour avait lieu dimanche, avec une Marine Le Pen en légère baisse à 15 %.
Alors qu’au mois de juillet, Marine Le Pen et Ségolène Royal étaient au coude-à-coude à 17 %
derrière le chef de l’Etat (28 %), la présidente de la région Poitou-Charente dépasse désormais la
leader d’extrême droite, avec 19 % contre 15 %, mais perd contre le président (19 % contre 26 %).
Dans l’hypothèse Aubry, la maire de Lille et le chef de l’Etat sont au coude-à-coude, à 26 %. Seul
François Hollande parvient à devancer Nicolas Sarkozy, avec 27 % d’intentions de vote contre 26 %.
Derrière, Marine Le Pen recueille 15 % d’intentions de vote dans les trois scénarios, alors que Jean-
Louis Borloo en obtient 8 %. François Bayrou oscille de 7 à 9 %, Eva Joly de 5 à 7 % et Jean-Luc
Mélenchon de 6,5 à 9 %. « Une part importante de l’électorat continue à se porter sur l’un des trois
candidats de l’espace central, souligne CSA, avec une légère avance de Jean-Louis Borloo sur
François Bayrou, cependant que Dominique de Villepin obtiendrait un score nettement plus faible ».
Charente Libre
Toutes
Actualités, vendredi 26 août 2011, p. 54
Social
Grève des salariés d’Eurotunnel
Les principaux syndicats des salariés d’Eurotunnel, qui réclament un 14e mois de salaire, ont déposé
un préavis de grève pour une durée indéterminée à compter de demain.
«Pour ce mouvement, nous souhaitons nous focaliser sur une revendication, le 14e mois que nous
réclamons depuis longtemps, mais derrière, il y a toute une série de demandes concernant les
salaires, l’organisation et les conditions de travail», a déclaré Stéphane Lepoutère, représentant FO.
Selon lui, la proposition de grève rassemble l’ensemble des syndicats représentatifs à Eurotunnel, y
compris les cadres. Ce mouvement est aussi, selon lui, une manière d’exprimer un «ras-le-bol», en
raison d’un dialogue «totalement rompu» avec la direction. «On va faire notre possible pour qu’il n’y
ait pas de perturbation sur le trafic», a dit une porte-parole d’Eurotunnel.
mobilisation
Mélenchon rassemble la gauche radicale
La gauche radicale sera sur le pont face à la crise ce week-end: Jean-Luc Mélenchon réunira ses
troupes du Parti de gauche près de Grenoble et rendra visite à ses alliés communistes en Savoie,
tandis que Philippe Poutou (NPA) lancera sa campagne 2012 à Port-Leucate (Aude). Pour tous, il
s’agira de dénoncer les mesures d’austérité préparées, selon eux, par le gouvernement. Candidat
depuis mi-juin du Front de gauche (PCF-PG-Gauche unitaire), Jean-Luc Mélenchon sera en pointe sur
la question, de vendredi à dimanche à Saint-Martin d’Hères (banlieue de Grenoble) pour les «remueméninges
» de son parti où on débattra également de la transition écologique ou de la lutte contre
le Front national. L’eurodéputé, dont la cote de popularité ne décolle pas, a déjà détaillé ses
propositions dans un entretien au Monde, suggérant par exemple un «protectionnisme européen»
ou la création de «quatorze tranches d’imposition» dont la dernière serait taxée à 100%.
Le Télégramme (Bretagne)
France – Monde , vendredi 26 août 2011, p. IGE4
France
Mélenchon, le PCF et le NPA sur le pont
France – Monde : France
Ce week-end, la gauche radicale sera sur le pont face à la crise : Jean-Luc Mélenchon, candidat du
Front de gauche, réunira ses troupes du Parti de gauche à Saint-Martin d’Hères, près de Grenoble
(Isère), et rendra visite à ses alliés communistes en Savoie, tandis que Philippe Poutou (NPA) lancera
sa campagne 2012 à Port-Leucate (Aude). Pour tous, il s’agira de dénoncer les mesures d’austérité
préparées, selon eux, par le gouvernement.
l’Humanité
Cuisine, vendredi 26 août 2011
[Sans nul doute que le « remue-méninges…]
Mina Kaci
Sans nul doute que le « remue-méninges » qu’organise le Parti de gauche (en collaboration avec cinq
autres formations du Front de gauche) sera marqué par la « riposte » à « la politique d’austérité
décrétée » par le gouvernement. Mais, bien avant l’ouverture des travaux de ce troisième rendezvous
estival, vendredi, samedi et dimanche, à Grenoble (Isère), Martine Billard, coprésidente du PG,
a fustigé le plan annoncé par le premier ministre François Fillon : « La justice fiscale et sociale
version UMP, c’est »pas touche aux rentes ni à la finance et austérité pour les peuples ! » »
Selon elle, la taxation sur les hauts revenus « revient en fait à augmenter en catimini l’ISF que le
même gouvernement vient de diminuer ». D’autant que cette mesure, rappelle-t-elle, « ne sera que
temporaire, pendant que les attaques contre les dépenses publiques seront permanentes »,
poursuit la députée de Paris.
Plus généralement, le Parti de gauche estime que l’endettement de la France n’est qu’un « prétexte »
censé « faire peur », selon Jean-Luc Mélenchon (le Monde 24 août). Le candidat du Front de gauche
refuse toute règle d’or, car elle «oblige à une purge sans précédant dans le pays » et tout dogme
d’un déficit ne dépassant pas 3% du PIB. Et formule un certain nombre de mesures susceptibles de
juguler la récession, mais en prenant l’argent « là où il est ».
Ainsi préconise-t-il la taxation des revenus du capital au même titre que ceux du travail, rappelant
qu’aujourd’hui ces derniers sont imposés à « 40 % contre 18 % » pour les revenus du capital. «
L’égalité de contribution de tous les revenus au bien commun est pour moi la piste centrale »,
explique Jean-Luc Mélenchon.
D’autres pistes ont été étudiées, comme, par exemple, la création d’une quinzaine de tranches
d’imposition, dont la dernière serait taxée à 100 %. Laquelle ne concernerait « que 0,05 % des
contribuables » et toucherait « les revenus de 360000 euros annuels », soit « 20 fois le revenu
médian du pays ». Sans attendre l’échéance de 2012, le Parti de gauche veut décrypter le brouillage
entretenu par le pouvoir, même si la tâche s’avère « rude ».