Le Point.fr
Politique, mercredi 17 août 2011
Sommet franco-allemand – Sarkozy impose la « règle d’or »
Source AFP
Le président a profité du sommet franco-allemand pour mettre la pression sur l’opposition en proposant l’adoption de la règle d’or budgétaire.
En demandant aux pays de la zone euro d’adopter une « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire, Nicolas Sarkozy met la pression sur l’opposition, qui dénonce de son côté les calculs électoralistes du chef de l’État, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012. Mardi à l’Élysée, à l’issue d’une réunion destinée à trouver les moyens de renforcer la gouvernance de la zone euro, empêtrée dans les dettes abyssales de ses membres, le président de la République et la chancelière allemande Angela Merkel ont proposé que les 17 pays membres de l’eurogroupe adoptent avant l’été 2012 la « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire.
Cette mesure, déjà en vigueur en Allemagne – mais que la chancelière préfère qualifier plus prosaïquement de « frein à l’endettement » -, a été adoptée en France par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais avec les seules voix de la majorité. Or, pour qu’elle soit inscrite dans la Constitution (puisque c’est une loi constitutionnelle), il lui faut être adoptée par le Congrès (Assemblée et Sénat réunis), à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.
Opposition ferme
Pour y parvenir, les voix de l’opposition sont indispensables. Mais jusqu’ici, la gauche s’y est résolument opposée, dénonçant une « opération de communication » de Nicolas Sarkozy. « Mais qui peut bien être contre une règle de cette nature ? » s’est interrogé, sur un ton faussement candide, le président lors de sa conférence de presse commune avec Angela Merkel. Selon lui, « c’est une règle de bon sens, qui doit conduire à la diminution des déficits et à la réduction des dettes. Elle n’est ni de droite ni de gauche », a-t-il insisté, employant une expression qu’il affectionne lorsqu’il veut convaincre son auditoire du bien-fondé de ses décisions.
« Le Premier ministre François Fillon prendra les contacts nécessaires avec l’ensemble des partis politiques (représentés au Parlement), de la majorité comme de l’opposition, pour que chacun, face à ses responsabilités, décide en son âme et conscience face à cet objectif du retour à l’équilibre budgétaire », a dit Nicolas Sarkozy. En cas de « consensus », il a indiqué qu’il convoquerait le Congrès « à l’automne ». « Si un consensus n’est pas possible, ce sont les Français qui seront juges lors de l’élection présidentielle », a-t-il mis en garde.
« Règle absurde » (Mélenchon)
La tâche de François Fillon pour convaincre l’opposition s’annonce compliquée. Martine Aubry, notamment, a répété ces derniers jours que le président cherchait « à faire oublier sa responsabilité » dans l’endettement de la France « qui aura doublé au cours des dix dernières années de gestion UMP ». La candidate a proposé sa propre « règle d’or », « une profonde réforme de la fiscalité ». Même hostilité des autres candidats de gauche, Jean-Michel Baylet, président du PRG, ayant même affirmé que la « règle d’or » voulue par le chef de l’État, c’était « se foutre » du monde. François Hollande, lui aussi candidat à la primaire socialiste et lui aussi hostile au vote de la « règle d’or », a proposé d’ajouter au projet de loi de finances pour 2012 « un amendement dans lequel la France s’engage à respecter sa trajectoire de retour sous la barre des 3 % du PIB en 2013 ». « C’est une règle absurde », a de son côté assené Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2012 pour le Front de gauche.Seul Manuel Valls, lui aussi candidat à la primaire, a ouvert une brèche, en proposant à
Nicolas Sarkozy de « discuter » de sa règle d’or avec l’opposition.
Le Figaro, no. 20851
Le Figaro Économie, mercredi 17 août 2011, p. 20
Enquête
Aubry dénonce « l’enfumage », Borloo exprime sa satisfaction
Anne Rovan
MARINE LE PEN a réagi la première, dès la fin de la conférence de presse de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel. Pour la présidente du FN, le sommet franco-allemand n’avait qu’un objectif : «organiser le partage du fardeau de la dette », en décidant « combien de nouvelles dizaines de milliards d’euros la France et l’Allemagne verseront pour renflouer les pays victimes de l’euro ». « C’est irresponsable », indique-t-elle, en dénonçant « l’idée suicidaire » de Sarkozy « de précipiter la zone euro dans le fédéralisme ». La présidente du FN demande un « sommet de la zone euro enfin utile pour les peuples » afin de « prendre acte de la fin de l’euro ».
Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, a lui aussi exprimé sa réprobation. « Au lieu de mesures concrètes pour protéger les peuples de l’assaut des marchés, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel persistent, sans imagination, à se soumettre aux exigences de la finance », a déclaré l’ancien
sénateur.
Tout au contraire, Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, s’est « réjoui » que Sarkozy et Merkel aient « rappelé l’importance de l’adoption d’une »règle d’or* budgétaire dans l’ensemble des États membres de la zone euro ».
Sur i-Télé, Martine Aubry a dénoncé « l’enfumage de communication » de Sarkozy sur la « règle d’or ». C’est « une vague règle qui ne règle rien », a souligné la candidate à la primaire socialiste en confirmant que le PS ne la voterait pas si le Congrès était réuni. « Le président a fait des réformes qui ne sont pas financées et plombent les déficits », a ajouté Aubry.
Fait inhabituel, le parti de la rue de Solferino a publié un communiqué cosigné par Harlem Désir, proche de Martine Aubry, et par Michel Sapin, proche de François Hollande. Ils dénoncent « un sommet de l’impuissance ». « Incapables de proposer une réponse commune ambitieuse contre la spéculation et la récession, les conservateurs français et allemands ne savent coordonner que l’austérité qu’ils imposent aux peuples d’Europe », affirment les deux socialistes, critiquant les annonces « vagues » concernant la taxe sur les transactions financières.
Quant au président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, il « salue la décision commune francoallemande de mettre en place dans les meilleurs délais » cette taxe. Il y voit un « point crucial » en rappelant qu’il avait adressé lundi à Merkel une lettre ouverte pour réclamer son instauration.
Le Monde
A la Une, mercredi 17 août 2011, p. 1
Editorial
Taxer les riches, avec leur bénédiction
Cela pourrait ressembler à un de ces jeux de saison pour tester, sur les plages, sa culture générale.
1. Qui a déclaré : » Mes amis milliardaires et moi-même avons trop longtemps été gâtés. Nous, les mégariches, continuons de bénéficier d’exemptions fiscales extraordinaires. Notre gouvernement – doit – s’atteler sérieusement au partage des sacrifices. »
2. Qui a écrit : » Il me paraît indispensable que l’effort de solidarité passe d’abord par ceux que le
sort a préservés. Oui, une contribution des plus riches s’impose. »
3. Quel dirigeant occidental a décidé d’augmenter de 5 % les impôts de ses concitoyens dont les revenus dépassent 90 000 euros, et de 10 % les revenus de plus de 150 000 euros ? Vous hésitez ? Liliane Bettencourt ou Bernard Arnault, les premières fortunes françaises ? Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou, candidats respectifs du Front de gauche et du Nouveau Parti anticapitaliste ? Nicolas Sarkozy, le président français ? Vous faites erreur. Il s’agit : 1. De Warren Buffett, l’homme le plus riche du monde, dans une tribune au New York Times, le 15 août; 2. De Maurice Lévy, le patron de Publicis, dans nos colonnes ce jour même; 3. De Silvio Berlusconi, président du conseil italien et l’homme le plus riche de la Péninsule, dans le cadre du nouveau plan de rigueur annoncé le 12 août.
Bref, l’idée qu’il faut taxer davantage les riches pour renflouer plus rapidement et équitablement les caisses des Etats n’est pas forcément l’apanage de gauchistes indécrottables. Elle continue pourtant à tétaniser le gouvernement français, tenu par l’engagement du président de la République, répété jusqu’à l’obsession depuis quatre ans, de ne pas augmenter les impôts. Ce dogme sarkozien conduit à des acrobaties excessivement compliquées. Chacun sait que la hausse des impôts est inévitable, faute d’une croissance économique suffisante pour assumer la charge de la dette publique. On le fait donc, mais en prétendant le contraire : la réduction des niches fiscales et des avantages qu’elles accordent n’est rien d’autre qu’une augmentation d’impôts qui ne dit pas son nom. Engagée en 2011, amplifiée en 2012.
Sera-t-elle suffisante ? Non. Des gens aussi sérieux que le premier ministre et le rapporteur général du budget à l’Assemblée ne s’en cachent pas : François Fillon a suggéré d’introduire, dans la base de calcul de l’impôt sur les sociétés, les revenus de leurs dirigeants qui » dépassent les niveaux acceptables « ; Gilles Carrez (UMP) propose d’instaurer un nouvel impôt taxant de 1 % à 2 % des revenus des 30 000 personnes dont le revenu fiscal de référence dépasse 1 million d’euros. Dans les deux cas, il s’agit bien de taxer les plus fortunés. Nicolas Sarkozy s’y résoudra-t-il, lui qui, à l’occasion de la récente réforme de l’impôt sur la fortune, a allégé de près de 2 milliards d’euros la facture des plus riches ? Au cas où il hésiterait, rappelons-lui que l’impôt » doit être également réparti entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés « . On ne cite pas là Warren Buffett, mais l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789.
La Croix, no. 39048
France, mercredi 17 août 2011
François Bayrou affirme que la France est en « état d’urgence »
Le président du MoDem publie demain chez Plon un livre intitulé « 2012 état d’urgence ». Partisan
d’une « majorité centrale », il soulève « deux questions d’urgence nationale » : le « produire en France » et l’éducation nationale.
LAURENT DE BOISSIEU
Sortir un essai politique au coeur du mois d’août est osé. C’est pourtant le pari de François Bayrou,
qui publie aujourd’hui 2012 état d’urgence (1) Ce qui lui permet à la fois de prendre de vitesse les autres présidentiables et de prendre de la hauteur par rapport à la crise. « L’état d’urgence ne durera pas. L’état d’urgence, c’est précisément le temps pendant lequel on peut encore faire quelque chose », explique-t-il. Il faut donc maintenant « agir juste » et « agir fort ». Par « choix stratégique », l’ancien ministre de l’éducation nationale a décidé de concentrer sa réflexion sur « deux questions d’urgence nationale » : « rendre à la France la meilleure éducation du monde » et « produire en France ». Celui qui avait placé dès 2007 la question du déficit et de la dette publiques au coeur de sa campagne présidentielle réoriente donc le tir pour 2012 en prônant « une politique qui accepte de regarder en face non pas seulement la dette et le déficit, qu’il faudra équilibrer à tout prix, mais plus encore la cause du déficit et de la dette ».
D’où son nouveau leitmotiv d’une « mobilisation de la nation » afin de redevenir un grand pays producteur et exportateur, condition pour « reconquérir l’emploi » et « équilibrer nos comptes ». François Bayrou entend pour cela s’appuyer sur les « atouts » de la France (l’industrie du haut de gamme notamment) et avance quelques idées originales, comme la création d’un label chiffré « produit en France » (par exemple « produit en France, 50 % ») ou l’institution d’un « Conseil de la production » chargé d’élaborer, sur le modèle de l’ancien Commissariat au Plan, une stratégie nationale de production.
Estimant que « les deux coalitions de gouvernement traditionnelles », celle de droite (l’UMP et ses satellites) et celle de gauche (le PS et ses satellites), ne pourront conduire cette politique du redressement, le président du MoDem en appelle à « une majorité nouvelle ». Cette « majorité centrale » s’obtiendra en détachant les modérés des deux camps. Camps où, selon lui, « le poids des extrêmes est maintenant déterminant ». Dans l’esprit de François Bayrou, ces extrémistes sont tous ceux qui prônent la « démondialisation » et le protectionnisme (national ou européen), c’est-à-dire aussi bien Marine Le Pen qu’Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon. Sans revenir sur les critiques détaillées en 2009 dans son précédent ouvrage « Abus de pouvoir », le président du MoDem réitère son opposition à Nicolas Sarkozy, opposition politique mais aussi personnelle : « Tout ce que j’aimais, il le méprisait ; tout ce que je trouvais secondaire et vain, il l’adorait ». Sans toutefois fermer la porte à un éventuel rapprochement : « A-t-il changé ? Il m’arrive de le penser ». Le dirigeant centriste demeure malgré tout plus proche de la droite libérale que de la gauche sociale-démocrate lorsqu’il se dit partisan d’une politique de l’offre – par opposition à une politique keynésienne de la demande – ou lorsqu’il dénonce « l’erreur dirigiste ».
« La majorité des dirigeants socialistes français lorsqu’ils s’expriment sincèrement et en privé partagent les principes qui sont ici défendus », affirme-t-il cependant. Reste à savoir si, en pareille hypothèse, les dirigeants du PS auxquels pense François Bayrou seraient prêts à assumer publiquement un tel social-libéralisme, comme le firent au Royaume-Uni Tony Blair avec sa «troisième voie » et en Allemagne Gerhard Schröder avec son « nouveau centre ».
Mardi 16 Août
AFP Infos Economiques
Mardi 16 août 2011 – 18:24:09 GMT
Sommet Sarkozy-Merkel: réactions de Baylet, Mélenchon
PARIS, 16 août 2011 (AFP) – – Voici d’autres réactions au sommet Sarkozy-Merkel:
Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche et candidat à la primaire socialiste, « se félicite de l’annonce par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de la création d’un gouvernement de la zone euro, et espère que ces annonces se traduiront effectivement par un renforcement des pouvoirs économiques de l’Union par rapport à la situation actuelle. L’accord franco-allemand, même formulé en des termes encore vagues, est un premier pas dans la solution de la crise financière actuelle et un premier avertissement aux spéculateurs » (communiqué).
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle: « Le sommet prétendait combattre la crise, il va l’aggraver. Au lieu de mesures concrètes pour protéger les peuples de l’assaut des marchés, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel persistent, sans imagination, à se soumettre aux exigences de la finance. Pour eux, le système financier n’a aucune responsabilité dans la crise et seuls les peuples sont coupables. La prétendue +règle d’or+ imposée à tous les Etats européens serait pour nos économies des semelles de plomb (….) L’idée d’un gouvernement de la zone euro confié à Herman Van Rompuy est une mauvaise plaisanterie. Les deux dirigeants ont-ils définitivement oublié qu’un gouvernement doit être élu et rendre des comptes? » (communiqué)
AFP – Journal Internet
Mardi 16 août 2011 – 19:34:01 GMT
Avec la « règle d’or » budgétaire, Sarkozy met la pression sur l’opposition
Par Nadège PULJAK
PARIS (AFP) – En demandant aux pays de la zone euro d’adopter une « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire, Nicolas Sarkozy met la pression sur l’opposition, qui dénonce de son côté les calculs électoralistes du chef de l’Etat, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012.
Mardi à l’Elysée, à l’isssue d’une réunion destinée à trouver les moyens de renforcer la gouvernance de la zone euro, empêtrée dans les dettes abyssales de ses membres, le président de la République et la chancelière allemande Angela Merkel ont proposé que les 17 pays membres de l’eurogroupe adoptent avant l’été 2012 la « règle d’or » visant à l’équilibre budgétaire.
Cette mesure, déjà en vigueur en Allemagne — mais que la chancelière préfère qualifier plus prosaïquement de « frein à l’endettement » — a été adoptée en France par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais avec les seuls voix de la majorité.
Or, pour qu’elle soit inscrite dans la Constitution (puisque c’est une loi constitutionnelle), il lui faut être adoptée par le Congrès (Assemblée et Sénat réunis), à la majorité qualifié des 3/5è. Pour y parvenir, les voix de l’opposition sont indispensables. Mais jusqu’ici, la gauche s’y est résolument opposée, dénonçant une « opération de communication » de M. Sarkozy. « Mais qui peut bien être contre une règle de cette nature ? », s’est interrogé, sur un ton faussement candide, le président lors de sa conférence de presse commune avec Mme Merkel.
Selon lui, « c’est une règle de bon sens, qui doit conduire à la diminution des déficits et à la réduction des dettes. Elle n’est ni de droite ni de gauche », a-t-il insisté, employant une expression qu’il affectionne lorsqu’il veut convaincre son auditoire du bien-fondé de ses décisions. « Le Premier ministre François Fillon prendra les contacts nécessaires avec l’ensemble des partis politiques (représentés au Parlement), de la majorité comme de l’opposition, pour que chacun, face à ses responsabilités, décide en son âme et conscience face à cet objectif du retour à l’équilibre budgétaire », a dit M. Sarkozy.
En cas de « consensus », il a indiqué qu’il convoquerait le Congrès « à l’automne ». « Si un consensus n’est pas possible, ce sont les Français qui seront juges lors de l’élection présidentielle », a-t-il mis en garde.
La tâche de M. Fillon pour convaincre l’opposition s’annonce compliquée. Martine Aubry, notamment, a répété ces derniers jours que le président cherchait « à faire oublier sa responsabilité » dans l’endettement de la France « qui aura doublé au cours des dix dernières années de gestion UMP ». La candidate a proposé sa propre « règle d’or », « une profonde réforme de la fiscalité ». Même hostilité des autres candidats de gauche, Jean-Michel Baylet, président du PRG, ayant même affirmé que la « règle d’or » voulue par le chef de l’Etat, c’est « se foutre » du monde.
François Hollande, lui aussi candidat à la primaire socialiste et lui aussi hostile au vote de la « règle d’or », a proposé d’ajouter au projet de loi de finances pour 2012 « un amendement dans lequel la France s’engage à respecter sa trajectoire de retour sous la barre des 3% du PIB en 2013 ». « C’est une règle absurde », a de son côté assené Jean-Luc Mélenchon, candidat en 2012 pour le Front
de gauche.
Seul Manuel Valls, lui aussi candidat à la primaire, a ouvert une brèche, en proposant à Nicolas Sarkozy de « discuter » de sa règle d’or avec l’opposition.
Paris-Normandie
Grand Rouen
Elbeuf, mardi 16 août 2011, p. Grand Rouen_15
3 questions à …Noël Levillain – «Le choix des convictions»
Maire d’une «petite commune», Tourville-la-Rivière, Noël Levillain a déjà arrêté son choix et le décrypte.
Alors, à qui donnez-vous votre signature pour la présidentielle de 2012?
Noël Levillain: «Jean-Luc Mélenchon. C’est celui qu’ont choisi les communistes dont je suis membre. Cela s’inscrit dans le travail mené depuis plusieurs années de constituer un vrai front de gauche. C’est un choix de conviction.»
Etes-vous beaucoup sollicité en tant que maire d’une petite commune?
«Par bon nombre de candidats. En 2007, j’avais été approché par le Nouveau parti anticapitaliste, Lutte Ouvrière et même Gérard Schivardi [candidat des Maires soutenu par le Parti des Travailleurs, NDLR]. J’ai soutenu Marie-George Buffet, du Parti communiste. La présidentielle n’est pas une élection que j’apprécie particulièrement. Mais la règle est ainsi faite: il faut 500signatures, et c’est une échéance électorale que nous ne pouvons pas rater.» Des candidats vous incitent-ils à signer pour eux?
«Je ne me vois pas donner ma signature s’il n’y a pas ou peu d’idées en commun. Des maires le font, je ne vois pas l’intérêt. Les habitants nous connaissent, ça ne sert à rien d’ajouter de l’opacité quand il est question d’intention de vote. Après, des pressions, je n’en ai pas connu. Je sais qu’il peut arriver que certains favorisent un candidat pour diviser un camp et qu’il y ait des consignes en ce sens.»
l’Humanité
Cuisine, mardi 16 août 2011
Le coût de la panne
Par Michel Guilloux
La purge ou la saignée ? Tels les médecins de Molière, les modernes Diafoirus et autres Purgon ont pour chaque mal ces deux « remèdes » pour seules réponses. Le Figaro s’illustre en ce domaine, l’art de faire mourir des malades ainsi guéris. Samedi, le quotidien de Serge Dassault et d’Étienne Mougeotte ajoutait une louche à la potion amère qui attendrait les Français en titrant en une : « La panne de croissance impose une rigueur accrue ». Dans le genre circulez, il n’y a rien à voir, vous paierez quand même, on atteint là un pic. Les Bourses dévissent ? Austérité. Elles remontent ?
Austérité. La croissance est en panne ? Austérité. À l’aune d’une telle finesse argumentaire, l’on mesure la portée de la rencontre organisée mardi dernier par le chef de l’État, dessinant sa feuille de route jusqu’à la semaine prochaine et pour la rentrée. Il s’agit de « préparer l’opinion », notait avec à-propos l’organe central de l’ultraconservatisme à la française qui, en somme, prépare la préparation…
Et si, au-delà de cette assertion, par ailleurs déclinée sur tous les tons dans les différents médias, l’on se posait une question : « Et pourquoi ? » Pourquoi la panne de croissance ? Pourquoi une « rigueur accrue » ? N’y aurait-il pas, au contraire, une relation de cause à effet ? Inversons les termes du problème : la saignée du pouvoir d’achat, la purge du travail pour nourrir les dividendes, la corne d’abondance des cadeaux fiscaux ne sont-ils pas des facteurs explicatifs de la « panne » actuelle, qui plombe les exportations, nourrit la casse industrielle et le chômage de masse, donc la capacité de production, et prive les budgets publics de nombreuses ressources ? Quand à cela, qui est une donnée de fond, s’ajoute, de « bouclier » en crédits impôt-recherche captés par les mêmes grands groupes, d’exonérations de cotisations sociales des heures supplémentaires en étranglement des services publics, telle l’éducation ou la santé, une politique d’État entièrement tournée vers la satisfaction des mêmes intérêts, encore et toujours, que doit-on faire ? Continuer dans la voie du désastre social ou opérer une vraie « rupture » avec cette politique-là ? L’on connaît sur ce point la réponse de Nicolas Sarkozy. Sa réunion d’aujourd’hui avec Angela Merkel vise à enfoncer le clou, dans la continuité de leur pacte commun : il faut imposer encore plus d’austérité aux peuples, détruire encore plus les budgets publics, pour assurer aux marchés un retour sur investissement à leur spéculation sur des dettes qui les ont sauvés, voici à peine deux ans.
La gauche est donc plus que jamais face à ses responsabilités. L’on peut se donner des airs de «bravitude » économique en préconisant la suppression des départements et des augmentations d’impôts comme un Manuel Valls, qui va finir à ce train par dépasser un François Bayrou sur sa droite. Mais l’on peut aussi dire que la politique doit prendre le pas sur l’économique et sur les « marchés », que la croissance et l’emploi doivent être au coeur de toute démarche publique pour s’en sortir. Et que cela peut se faire en France, sans abandon de souveraineté. Martine Aubry, ce week-end, se positionne dans ce sens. C’est un débat digne de ce nom, pour le pays, que les propositions de Jean-Luc Mélenchon et de Pierre Laurent ont nourri dans ces colonnes la semaine passée. Car on peut lire aussi, dans le pilonnage idéologique actuel, une crainte : que ces idées-là rencontrent des salariés, retraités, chômeurs, jeunes et vieux qui donnent de la voix. Propositions audacieuses et exigences populaires, si elles se rejoignent, peuvent renvoyer en boomerang le coup de massue.
Les Bourses dévissent ? Austérité. Elles remontent ? Austérité. La croissance est en panne ? Austérité.