Le Parisien
Seine-Saint-Denis, vendredi 9 septembre 2011, p. 93_E_3
SÉNATORIALES
Le Front de gauche veut garder ses sièges
julien duffé
Conserver deux sièges à la Haute Assemblée et contribuer ainsi au basculement du Sénat à gauche.
C’est l’objectif affiché de la liste présentée conjointement hier matin à Pantin par le Front de gauche –
le Parti communiste, le Parti de gauche, la Gauche unitaire, la Fase (Fédération pour une alternative
sociale) – et des personnalités.
A deux semaines du vote des 2080 grands électeurs de Seine-Saint-Denis, la sénatrice (PC) sortante
et tête de liste Eliane Assassi a bon espoir de retrouver le 25 septembre son siège au palais du
Luxembourg mais aussi d’emmener avec elle le maire (PC) de Saint-Denis Didier Paillard*, qui
succéderait ainsi à Jack Ralite, lequel ne se représente pas. « Les socialistes auront trois sénateurs
quoi qu’il arrive (NDLR : contre deux actuellement), assure Eliane Assassi. On va se battre de notre
côté pour faire le plein des voix et envoyer deux candidats Front de gauche au Sénat. Et quand on
sait que le basculement va se jouer à très peu de voix, la Seine-Saint-Denis peut y contribuer. »
Regonflé par les bons scoresdes cantonales
Secrétaire départemental du PC, Hervé Bramy confirme : « Arithmétiquement, au vu du nombre de
grands électeurs dans le département, il y a de la place pour cinq sénateurs à gauche. Notre liste est
porteuse d’espoir et elle va créer l’événement. »
Après avoir un temps envisagé une liste commune avec le Parti socialiste et les écologistes, le Front
de gauche a donc finalement choisi l’autonomie, regonflé par les bons scores des cantonales de
mars. « Il aurait été dommage de ne pas entendre ces électeurs qui ont envie d’une gauche porteuse
de propositions alternatives », fait valoir Eliane Assassi.
* Derrière Eliane Assassi et Didier Paillard, numéros 1 et 2 de la liste, figurent Juliette Prados (Parti de
gauche), conseillère municipale de Montreuil, François Calaret (Gauche unitaire), Nathalie Lana
(Fase), Roland Gallosi (PC), adjoint à Aulnay, Nabiha Rezkalla (personnalité), adjointe à La Courneuve
et Arnaud Keraudren (PC), adjoint à Villepinte.
Le Parisien
Essonne, vendredi 9 septembre 2011, p. 91_E_3
SéNATORIALES
La droite dégaine en premier
Les candidats UMP sont visiblement pressés d’en découdre. Hier, la préfecture de l’Essonne
recensait trois listes déposées dans le cadre des prochaines sénatoriales du 25 septembre. Le
premier à avoir dégainé est le sénateur-maire de Brunoy, Laurent Béteille. Il a été suivi par son
collègue sénateur UMP Serge Dassault. Troisième inscrit : l’ex-maire UMP de Mennecy, Xavier Dugoin
qui, contrairement aux deux premiers, ne part pas avec le soutien officiel de sa famille politique. Les
candidats aux sénatoriales ont jusqu’au 16 septembre pour officialiser leur candidature. A droite, en
plus des trois listes, le maire (radical valoisien) de Massy, Vincent Delahaye, a également annoncé
qu’il serait en lice. Le Nouveau Centre entretient le suspense. A gauche, les grands électeurs
devraient avoir le choix entre trois candidatures. L’écologiste Jean-Vincent Placé tirera une liste
soutenue officiellement par les Verts, le PS et le PC. L’ex-président PS du département, Michel
Berson, partira en dissidence. Les mélenchonistes du Parti de gauche seront, eux, représentés par la
sénatrice sortante Marie-Agnès Labarre qui fait alliance avec l’ex-maire des Ulis, le chevènemeniste
Paul Loridant. Dans cette iste figurera aussi notamment le maire (DVG) de Leuville, Daniel Esprin.
l’Humanité
Politique, vendredi 9 septembre 2011
Sénat: le Front de gauche du 93 présente sa liste
Max Staat
La Seine-Saint-Denis peut contribuer à faire basculer la majorité, selon Éliane Assassi, sénatrice (PCF)
et tête de liste départementale.
C’est un Front de gauche « fort de toutes ses composantes », le PCF, le Parti de gauche (PG), la
Gauche unitaire (GU) et la Fédération pour une alternative sociale et solidaire (Fase), et « ouvert à
une personnalité » non encartée qui se présentera aux sénatoriales en Seine-Saint-Denis. C’est ce
qu’a souligné, jeudi, au cours d’une conférence de presse à Pantin, Éliane Assassi, la sénatrice (PCF)
qui conduira la liste. « Dans la situation de crise grave et face à la politique d’austérité du pouvoir,
nous portons la colère et la volonté de changement », affirme l’élue sortante, qui précise : « Notre
première initiative sera, si la gauche gagne, de déposer une proposition de loi pour abroger la
réforme des collectivités », qui provoque tant de mécontentement et pas seulement chez les élus de
gauche.
Pour Juliette Prados, candidate du PG et conseillère municipale de Montreuil, « avec cette liste,
nous portons une radicalité concrète pour un changement possible ». Ce que confirme aussi Didier
Paillard, maire (PCF) de Saint-Denis (second sur la liste), qui, en réponse à la question de savoir
pourquoi le Front de gauche présente une liste distincte de celle du PS, explique : « Nous avons
besoin de porter une autre voix exprimant, en lien avec ce que sont nos pratiques sur le terrain, les
besoins des populations. » Nabiha Rezkalla, non encartée et première adjointe à La Courneuve,
explique sa présence sur la liste par sa volonté de « remettre l’humain avant les banques ». Et
d’ajouter, avec une certaine émotion et beaucoup de conviction : « Pour avancer dans ce sens, j’irai,
si nécessaire, décrocher la lune. »
Après avoir salué le travail et la personnalité de Jack Ralite, sénateur du PCF sortant qui a décidé de
passer le relais, Éliane Assassi a souligné que l’ambition de sa liste est « d’élire deux sénateurs, et
ainsi, avec les trois élus possibles pour celle du PS, que la Seine-Saint-Denis contribue à faire
basculer à gauche la majorité au Sénat ».
l’Humanité
Tribune Idées, mardi 6 septembre 2011
Pas de censure au lycée
Prolongeant une demande de l’Église, 80 députés de droite, pour beaucoup membres de la droite
populaire, ont voulu censurer des manuels de sciences de la vie et de la terre, ces derniers faisant
apparaître la question du genre comme dépendant tout autant de facteurs biologiques que de
facteurs culturels. Combat d’arrière-garde dont on pourrait rire, s’il ne s’inscrivait pas dans une
tradition qui, se référant à une prétendue nature figée, ne permettait en fait de promouvoir des
politiques discriminatoires et conservatrices.
En effet, au-delà de la théorie du genre, la référence à la nature immuable des comportements
cache sous l’évidence du fait de nature des préjugés qui ont la vie dure. Nature, que la main invisible
du marché qui dicte ses lois ; nature, le comportement des groupes sociaux que l’on veut assigner à
une prétendue origine, Roms, maghrébins aujourd’hui comme l’étaient hier les Polonais ou les
Italiens ; nature, le comportement sexuel. La théorie du genre porte un message simple, mais
nécessaire dans la lutte contre les préjugés sexistes et homophobes. Le lien entre mon inscription
biologique et mes comportements affectifs, sociaux ou sexuels est tout autant le fruit de mes
prédispositions que de mon éducation et de ce vrai maître de nos destins qu’est le hasard, ce
qu’Helvétius notait déjà au XVIIIe siècle.
Car les théories du genre ne cessent de nous rappeler que la manière de vivre son identité est de
part en part influencée par la culture. Simone de Beauvoir en trace les prémices en affirmant que
l’on ne naît pas femme, mais qu’on le devient. Les théories du genre prolongent cette remarque en
montrant que la binarité sexuelle n’est pas un fait universel, pas même biologiquement parlant, et
que, pour ne prendre que cet exemple, les valeurs de féminité ou de masculinité sont variables
parmi les cultures. Il n’y a pas dans le monde humain seulement une femelle ou un mâle, mais des
féminités, des masculinités et des identités.
Assigner chacun à un comportement défini permet toutes les discriminations : les normes sexuelles
ainsi érigées voient les homosexuels, les bisexuels ou les transsexuels comme des pervers ou des
malades. Rappelons que la psychiatrie américaine a dû attendre 1973 pour retirer l’homosexualité
de la liste des pathologies. Et l’inénarrable Christine Boutin n’a pu s’empêcher de dire que « les
civilisations qui ont reconnu l’homosexualité ont connu la décadence ».
Hervé Mariton concède qu’il aurait pu admettre que cette question soit débattue en cours de
philosophie au lieu d’être dispensée dans un cours de science. Passons sur sa désinvolture vis-à-vis
de la philosophie qu’il réduit à un simple débat d’opinions. Le plus dommageable, c’est sa croyance
dans l’éternité des découvertes scientifiques, comme si la science n’était pas à son tour prise dans
des évolutions et des découvertes. Au XIXe siècle, la science croyait dans l’existence des races
comme un fait irréfutable.
Rendre accessibles les débats scientifiques aux élèves est une nécessité citoyenne. Vouloir les taire
nous replonge dans l’obscurantisme. C’est le projet de la droite la plus réactionnaire.
Par Benoît Schneckenburger, philosophe.