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REVUE DE PRESSE DU JEUDI 8 SEPTEMBRE 2011 – PARTI DE GAUCHE

Le Figaro, no. 20870
Le Figaro, jeudi 8 septembre 2011, p. 5
France Politique
Pour Mélenchon, Hollande est « un miracle sondagier »
Sophie de Ravinel
jean-luc mélenchon, hier, dans le studio du Figaro. bouchon/LE FIGARO
GAUCHE « Nicolas Sarkozy et François Fillon ont réussi à scotcher l’opposition sur leur terrain » de la
dette et de la rigueur, a regretté hier soir Jean-Luc Mélenchon lors du « Talk Orange-Le Figaro ». Et
pour le candidat du Front de gauche à la présidentielle, l’opposition socialiste « a été assez
maladroite et dégonflée pour être incapable de se positionner en contre ».
Selon lui, le refus du PS de voter la règle d’or est « totalement incompréhensible ». « Certains disent
qu’ils la voteraient et d’autres qu’ils l’appliqueraient après l’élection », a-t-il ajouté. Des «
gesticulations » d’autant plus inutiles qu’au niveau européen « les dirigeants socialistes pratiquent
déjà la règle d’or, comme en Espagne ou en Grèce, où il n’y a pas eu une minute de résistance ».
Pour Jean-Luc Mélenchon, « la règle d’or, c’est la soumission animale au coup d’État des financiers en
Europe ».
Convaincu que les socialistes « ne comprennent qu’une chose » dans leurs relations avec le Front de
gauche, « le rapport de force », cet ex-PS a ironisé sur François Hollande, « sorti par le miracle des
sondages du néant où il se trouvait ».
« À peine Dominique Strauss-Kahn était-il écarté de la scène que, touchés par je ne sais quelle grâce,
le même nombre de gens ont choisi, entre six candidats, François Hollande ! s’est-il exclamé. C’est un
miracle sondagier dont il ferait bien lui-même de se méfier. »
Pour autant, quand on demande à Mélenchon si, éliminé au premier tour, il pourrait passer un
accord avec Hollande, il répond : « Pourquoi pas ? Il pourrait très bien changer d’avis, rectifier son
point de vue, peut-être s’apercevoir que sa ligne politique ne mène nulle part. » « Strauss-Kahn, lui,
était irrémédiablement perdu » aux yeux de Mélenchon.

 

La Nouvelle République du Centre-Ouest? Centre presse
SOCIAL, jeudi 8 septembre 2011, p. 3
VIENNE Actualité
Fonderie Alu : Buffet et Mélenchon attendus lundi
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Les salariés ont manifesté hier devant l’hôtel de ville de Châtellerault. A cette occasion, ils ont
annoncé la venue de soutiens de poids, lundi à l’usine.
Al’instar de la lutte des Fabris, le combat des fondeurs d’Ingrandes est en train de prendre une
nouvelle dimension. La jurisprudence qui pourrait naître du projet de baisse des salaires avancé par
le groupe Montupet, a interpellé les grands médias et des responsables de partis de gauche.
Lors d’un barbecue géant, improvisé hier midi devant l’hôtel de ville de Châtellerault, les
représentants locaux de la CGT ont fièrement annoncé la présence de l’ancienne secrétaire nationale
du Parti communiste Marie-Georges Buffet et du leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon,
lundi prochain à 13 h sur le site de la fonderie, à Ingrandes. Les ouvriers feront également l’objet
d’un long reportage diffusé ce soir sur France 2, dans l’émission Envoyé spécial, dont une équipe
était encore présente à Châtellerault hier. Au total, près de 250 personnes ont répondu présent,
selon la CGT et la police. Parmi elles, des employés de Valéo et quelques agents municipaux. En fin
de manifestation, ils ont reçu la visite du maire Jean-Pierre Abelin (Nouveau Centre), qui a échangé
quelques mots avec les délégués syndicaux et a convié ces derniers à la prochaine réunion des viceprésidents
de la communauté d’agglomération. Ce matin, cinq cars complets sont partis pour un
autre site du groupe à Châteauroux. Les fondeurs vont tenter de convaincre leurs collègues de se
joindre à leur mouvement.
Eva Joly aussi
Après Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly est également annoncée aux Fonderies. La
candidate écologiste à la présidentielle devrait apporter son soutien aux salariés le vendredi 16
septembre. « C’est sûr à 99 % », affirment les militants locaux.

 

l’Humanité
Politique, jeudi 8 septembre 2011
Règle d’or : le chef de l’état reste de fer Hérault : soupçons sur la fédération PS Un QG de campagne
pour Jean-Luc Mélenchon
La « détermination » de Nicolas Sarkozy à faire adopter la règle d’or de retour à l’équilibre budgétaire
en France est « intacte », ont insisté l’Élysée et Valérie Pécresse, en réponse aux informations faisant
état d’un renoncement du chef de l’État. Toutefois, bien en peine d’être assuré d’une majorité des
trois cinquièmes au Congrès après les sénatoriales, la porte-parole du gouvernement a précisé que
« le gouvernement et le président (décideraient) au terme des consultations de formations
politiques de la meilleure manière de faire avancer la règle d’or ». Ce qui laisse ouverte l’éventualité
d’un référendum. Le PS a décidé par ailleurs en bureau national que les socialistes voteraient contre
cette règle d’or en cas de convocation du Congrès, tandis que plusieurs des candidats à la primaire
socialiste avaient repris à leur compte, avec variantes, la proposition.
L’ancien patron du PS de l’Hérault, Robert Navarro, visé par une plainte pour abus de confiance
depuis mars dernier, voit dans les nouveaux éléments dévoilés un « flingage politique », lui qui est
devenu mandataire de François Hollande dans l’Hérault. Lui seraient notamment reprochées de
faramineuses factures au profit d’un restaurateur local, réglées par la fédération.
Le candidat du Front de gauche est le premier postulant à l’Élysée à avoir trouvé son local de
campagne pour la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon va s’installer dans un atelier désaffecté des
Lilas (Seine-Saint-Denis), de 700 m2. Emménagement prévu fin septembre, avant une inauguration
officielle courant octobre.

 

l’Humanité
Société, jeudi 8 septembre 2011
La justice jette l’éponge
Pierre-Henri Lab
La cour d’appel de Paris a clos l’enquête sur l’impact sanitaire en France de la catastrophe de
Tchernobyl. En colère, les parties civiles se pourvoient en cassation.
Circulez, il n’y a rien à voir ou plutôt plus rien à voir. La justice française vient de mettre fin à
l’enquête commencée en 2001 sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl en France. La cour
d’appel de Paris a en effet décidé de prononcer un non-lieu à l’encontre du professeur Pierre Pellerin.
Ancien directeur du service central de protection contre les rayons ionisants, cet homme âgé
aujourd’hui de quatre-vingt-sept ans avait été mis en examen en 2006 pour « tromperie aggravée ».
L’instruction avait estimé, à l’époque, que le scientifique avait sous-estimé les conséquences
sanitaires en France de l’explosion de la centrale ukrainienne.
En prononçant ce non-lieu, la cour d’appel de Paris a suivi les réquisitions du parquet, qui avait
également demandé la fin de l’enquête. Selon le ministère public, aucune étude ni avis scientifique
versés au dossier n’ont permis d’établir un lien de causalité entre le passage du nuage radioactif sur
le territoire national et d’éventuelles conséquences sanitaires sur la population. Les augmentations
importantes de pathologies de la thyroïde observées, après 1986, dans les régions les plus exposées
aux retombées radioactives, comme la Corse, seraient ainsi dues, selon une étude de l’Institut de
veille sanitaire datant de 2006, à une amélioration des pratiques diagnostiquées.
Sans surprise, la décision de justice suscite la colère des parties civiles qui ont annoncé qu’elles
allaient se pourvoir en cassation. « C’est une décision qui va laisser un goût amer du point de vue
des victimes. Elle va également laisser un goût amer chez tous ceux qui, dans la société civile, ont
attaché un intérêt à l’impact que peut avoir un nuage radioactif survolant un pays après une
catastrophe nucléaire », a déclaré Me Bernard Fau, avocat de l’Association française des malades de
la thyroïde (AFMT) et de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la
radioactivité (Criirad), dont la plainte est à l’origine de l’enquête. Si le représentant des parties civiles
admet que des raisons pouvaient justifier l’arrêt de cette enquête, il estime qu’il aurait été plus «
satisfaisant » de voir la juge d’instruction décider de clore elle-même le dossier.
Sur le plan politique, Europe Écologie-les Verts (EELV) et le Parti de gauche ont dénoncé la décision
de justice. Le parti de Jean-Luc Mélenchon déclare qu’il s’agit d’« un véritable scandale » tandis que
Michèle Rivasi, députée européenne d’EELV, a estimé que « ce non-lieu est un non-sens ». Quant à
l’Assemblée de Corse, qui doit lancer une étude sur l’impact sanitaire de Tchernobyl dans l’île, elle a
confirmé sa détermination à « établir la vérité ».

 

Sud Ouest
Toutes éditions;
Jeudi 8 septembre 2011, p. Périgueux-C1_3
Le Fait du Jour
[Un non-lieu qui suscite de vives réactions…]
Un non-lieu qui suscite de vives réactions
« Déni de justice qui prouve la force du lobby nucléaire » pour Noël Mamère, le député maire de
Bègles, « véritable scandale » pour le Parti de gauche. Celui-ci soutient l’Association française des
malades de la thyroïde, qui a décidé de se pourvoir en cassation.

 

Le Point.fr
Le parti pris d’Hervé Gattegno, jeudi 8 septembre 2011
Garantissons la Grèce, mais pas sans garanties
Par Hervé Gattegno
Hervé Gattegno, rédacteur en chef au « Point », intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi
à 8 h 20 pour sa chronique politique « Le parti pris ».
Les députés ont voté hier le deuxième plan d’aide à la Grèce, dont la part française représente 15
milliards d’euros. Mais rien ne dit que cette rallonge suffira à renflouer le pays. Dans ces conditions,
fallait-il vraiment l’accorder ? Votre parti pris : garantissons la Grèce, mais pas sans garanties !
Sortons d’abord du débat de spécialistes. Quand vous empruntez l’argent qui vous manque, votre
banquier examine votre solvabilité et exige de vous des garanties -, ce qu’il récupérera si vous ne
pouvez pas rembourser. C’est simple et c’est légitime. Seulement, ce n’est pas du tout ce qui se
passe avec la Grèce. Tout le monde sait qu’elle ne pourra pas rembourser sa dette astronomique.
Donc, la faillite grecque est assurée. Mais comme elle entraînerait en cascade tous les pays de la
zone euro, on veut à tout prix l’éviter. « À tout prix », parce qu’en échange de notre solidarité, on ne
demande rien aux Grecs. Sauf des promesses de rigueur et de vertu qu’ils ne peuvent pas tenir.
Alors que la France soit la première à adopter ce plan est sûrement une preuve de générosité, mais
personne n’a pris la peine de démontrer aux Français que c’est aussi un choix raisonnable.
Mais si les Grecs n’ont aucune garantie à offrir, est-ce qu’on doit les laisser tomber ?
C’est là qu’il faut mettre les points sur les i. La Grèce vit depuis longtemps sur un système où
l’économie parallèle pèse plus lourd que l’économie réelle. Les mesures d’austérité imposées par le
FMI n’ont servi à rien, parce qu’elles n’ont fait qu’augmenter les fraudes. L’essentiel de la
consommation se fait en argent liquide, sans taxe ni impôt. Donc, ce sont des garanties politiques
qu’il faut exiger – pas la vente de l’Acropole : il faut peut-être en arriver jusqu’à une forme de mise
sous tutelle du pays par la Commission européenne, avec des mesures autoritaires pour recouvrer
l’impôt. Ce débat a lieu en Allemagne, où une partie de la droite réclame le « fédéralisme
budgétaire » : un vrai gouvernement économique européen.
Pourquoi ce débat a-t-il lieu en Allemagne, mais pas en France ?
Pour une seule raison : l’élection présidentielle. En France, les sujets importants ne sont jamais
discutés dans la campagne présidentielle. Trop risqué. Ni Nicolas Sarkozy ni le PS n’oseront
prononcer le mot « fédéralisme » – ni même plaider pour plus d’Europe – face à la double menace Le
Pen-Mélenchon. L’UMP vote le plan; les socialistes s’abstiennent; les Verts et l’extrême gauche
votent contre. Mais ce débat-là n’a pas lieu. On nous endort avec la règle d’or. Et on nous plombe
avec une dette de plomb. Car, attention, suprême absurdité : les 15 milliards du plan d’aide ne
sortent pas de nos caisses – ils servent de garantie à des emprunts grecs… -, mais ils s’ajoutent tout
de suite à la dette française. Ce qui rappelle une célèbre légende grecque : le tonneau des Danaïdes…
Qu’est-ce qui peut arrêter cette spirale ?
Sûrement pas le repli ni la règle du chacun-pour-soi. Mais des décisions politiques que, pour
l’instant, personne n’a le courage de prendre. La faillite de la Grèce mettrait en péril les banques
françaises, car ce sont elles qui détiennent la plus grosse part de la dette du pays. Donc, il serait
logique que ces banques privées – et leurs actionnaires – contribuent de façon substantielle à l’effort
de solidarité. Quitte à ce que le Parlement le leur impose – on pourrait trouver des majorités pour
voter cela. Sinon, l’Europe est condamnée à avoir le choix entre une faillite et… une faillite. Ce qui
s’appelle, selon un autre fameux mythe grec : tomber de Charybde en Scylla.

 

l’Humanité
Cuisine, jeudi 8 septembre 2011
La gauche part à la conquête du Sénat
Max Staat
Sur fond de mécontentement vis-à-vis de la politique du gouvernement et du traitement infligé aux
collectivités, les grands électeurs que sont les élus locaux pourraient, le 25 septembre, sanctionner
le pouvoir et faire basculer, pour la première fois depuis 1958, la majorité sénatoriale à gauche.
Et si le Sénat basculait à gauche ? Pour la première fois depuis l’instauration de la Ve République en
1958, la droite pourrait, lors des élections sénatoriales du 25 septembre, perdre la majorité à la
Haute Assemblée. Un événement qui bousculerait la donne dans le pays à quelques mois de la
présidentielle de 2012. Ce basculement n’est pas une certitude mais une possibilité… bien réelle.
Celle-ci repose tout à la fois sur l’évolution du rapport des forces dans les collectivités territoriales
ces dernières années et sur une situation politique où les mécontentements vis-à-vis du pouvoir et
du président de la République sont forts et nombreux.
Le malaise des territoires
alimente les colères
Quelle est la réalité électorale ? Le Sénat compte aujourd’hui 343 sénateurs (et, après l’élection,
348). Actuellement, 182 sièges sont détenus par la droite, 153 par la gauche et 7 par des noninscrits.
Il se renouvelle, depuis la réforme de 2003, par moitié tous les trois ans. 170 sénateurs
remettront en jeu leur mandat et cela dans 44 départements. Ceux qui vont de l’Indre-et-Loire aux
Pyrénées-Orientales, tous ceux de l’Île-de-France, ceux d’outre-mer et six sur douze représentant les
Français de l’étranger.
Parmi ces 170 sièges à renouveler, 49 sont au PS (sur les 116 que compte ce groupe), 19 (sur 24) sont
détenus par le PCF et le Parti de gauche, 5 (sur 18) par le Rassemblement démocratique et social
européen (RDSE, comprenant les radicaux de gauche et de droite), 19 (sur 29) par l’Union centriste,
67 (sur 147) par l’UMP, 4 (sur 8) par des candidats divers droite. Il suffirait donc que la gauche gagne
23 sièges pour que le Sénat change de majorité. Ce sont les conseillers municipaux, les conseillers
généraux et régionaux, les députés… soit 71 890 « grands électeurs » au total qui votent, il faut donc
prendre en compte les évolutions politiques sur le terrain. Or, la gauche dirige 20 régions sur 22,
plus de 60 % des départements et 457 des 835 communes de plus de 3 500 habitants concernées
par le vote, 109 sur 194 villes de 10 000 à 50 000 habitants et 60 % de celles de plus de 50 000. Les
conseillers municipaux représentent 95 % des grands électeurs, c’est une réalité qui compte, même
si elle doit être tempérée par le fait que 40 % de ces « grands électeurs » ne revendiquent aucune
appartenance partisane.
Quant aux raisons de sanctionner ce gouvernement, elles sont nombreuses chez les élus. Une
réforme des collectivités territoriales subie et contestée, des regroupements de communes et
d’agglomérations à marche forcée, de moindres moyens financiers, des transferts de l’État sans
compensations financières équivalentes, un appauvrissement des services de l’État, des services
publics fragilisés… (voir ci-contre) Autant de réalités qui alimentent le malaise profond dans les
territoires.
Pour la gauche, le temps
de l’alternance est venu
C’est cette réalité, associée au mécontentement plus global généré par la politique de Sarkozy, qui
amène les forces de gauche à penser qu’un basculement est possible, comme l’affirment Nicole
Borvo-Cohen-Seat, pour le groupe communiste et citoyen (lire ci-contre), tout comme Christophe
Borgel, secrétaire national du PS aux élections. « Le temps de l’alternance est venu au Sénat »,
affirme-t-il, même s’il tempère aussitôt : « C’est une bataille qui sera serrée. »
À la veille du dépôt des listes (le 21 septembre au plus tard), le paysage à gauche est divers, avec
des listes d’union de la gauche dans la plupart des départements comprenant PS-Europe Écologie-les
Verts et dans certains cas le Front de gauche, et des listes autonomes de ce dernier dans 24
départements. En région parisienne, le débat se poursuit entre le PCF et le Parti de gauche. À droite,
des désaccords entraînent la division comme à Paris. D’où l’appel de Nicolas Sarkozy à « l’unité ». Car
si Gérard Larcher, président (UMP) du Sénat, veut croire à la possibilité de conserver une majorité de
plus cinq ou six sièges, il avoue qu’une « une défaite serait sismique ».
De fait, une victoire de la gauche fragiliserait la candidature de Nicolas Sarkozy et placerait
l’opposition actuelle, en cas de victoire en 2012, dans une situation inédite : celle de présider le Sénat
et l’Assemblée nationale. Mais si la droite sauve de justesse sa majorité, elle ne manquerait pas de
crier victoire.
l’Humanité
Social-Eco, jeudi 8 septembre 2011
Les salariés de Still à l’Assemblée nationale
Alexandra Chaignon
Avec quatre bus, ils sont venus de Montataire hier pour défendre leurs emplois et réclamer une loi
qui empêche les entreprises bénéficiaires de délocaliser.
«Tueurs d’emplois », « fabricants de misère »… Hier, devant l’Assemblée nationale, le groupe
allemand Kion, la tristement célèbre banque Goldman Sachs et le fonds d’investissement KKR,
principaux actionnaires de l’entreprise Still Saxby de Montataire (Oise) en ont pris pour leur grade.
Les 250 salariés de cette usine de fabrication de chariots élévateurs, condamnée à la fermeture d’ici
à juillet 2012 pour insuffisance de production, sont venus manifester à grand bruit, avant d’être
reçus par plusieurs élus de gauche. « Nous voulons réveiller la conscience de nos élus. Ils sont là
pour défendre nos emplois », clame Jean-Michel Mlynarczyk, secrétaire CGT du comité d’entreprise,
qui n’attend qu’une chose : l’adoption d’une loi pour empêcher les entreprises bénéficiaires de
délocaliser ; un projet sur lequel planchent d’ailleurs les députés du PCF et du PG.
Comme l’a souligné Marie-George Buffet, députée PCF, qui a reçu une délégation de salariés à cette
occasion, Still Saxby est en effet « loin d’être en difficulté » et « rien ne justifie cette fermeture » si
ce n’est les impératifs boursiers. « Les carnets de commandes sont pleins. À ce jour, on a 6 662
chariots en commande, ce qui nous assure du boulot au moins jusqu’en janvier », confirme un cadre
de l’entreprise. Quant au chiffre d’affaires du premier semestre 2011, il est « en hausse par rapport
à celui de 2010 », assure Jean-Marc Coache, délégué du personnel, vêtu de son bleu de travail.
D’ailleurs, « si on a touché de la participation en mai dernier, c’est bien qu’il y a des profits » ! La
pilule est d’autant plus difficile à avaler que les salariés ont accepté en octobre 2010 un accord sur la
flexibilité du temps de travail, avec un horaire moyen de 38,5 heures. « Travailler plus, on le fait
déjà. Et notre seule récompense, ce serait de sacrifier nos emplois ? Pas question », s’insurge Jean-
Marc Coache. Surtout après les affres traversées toutes ces années.
« Ça fait trente-deux ans que je travaille dans l’entreprise. Les suppressions d’emplois et les plans
sociaux, on en a subi depuis 1985. Mais depuis deux ans, on sentait bien qu’on partait à la dérive. De
là à croire que le projet a été préparé depuis quelque temps… », analyse Jean-Louis, le moral dans
les chaussettes. Amar Zeraibi, intérimaire depuis dix mois, lui, s’interroge : « La direction dit qu’elle
va nous embaucher. Moi, on me fait faire des formations. Mais à quoi bon si l’usine ferme. »
Aujourd’hui, la procédure se met en place. Pour l’instant, la direction propose des licenciements
indemnisés 1 500 euros par année d’ancienneté. Mais les Still Saxby n’en sont pas là. Ce qu’ils
veulent, c’est garder leur emploi. « Nous ne discuterons pas d’un plan social ou d’un plan de
revitalisation, l’entreprise n’est pas un canard boiteux. Nous exigeons que l’État s’engage au plus
haut niveau pour que l’usine ne ferme pas », insiste Jean-Pierre Bosino, ex-ouvrier Chausson et
maire PCF de Montataire. Marie-George Buffet et Martine Billard, députée du Parti de gauche, se
sont engagées à interpeller le ministre de l’Industrie pour qu’il reçoive les salariés de Still. « Il est
invraisemblable de laisser délocaliser une entreprise quand on ne parle que de relance de la
croissance », ont déploré les députées.
Charente Libre
Toutes
Actualités, jeudi 8 septembre 2011, p. 59
Le nuage s’est dissipé en non-lieu
L’enquête sur l’impact du nuage de Tchernobyl en France s’est achevée hier par un non-lieu, 10 ans
après son ouverture, la cour d’appel de Paris estimant que la catastrophe nucléaire de 1986 n’a pas
eu de conséquence sanitaire mesurable en France. La chambre de l’instruction de la cour d’appel a
en particulier mis hors de cause l’ancien patron du Service central de protection contre les rayons
ionisants (SCPRI), le Pr Pierre Pellerin, seul mis en examen, pour «tromperie aggravée», en 2006 dans
cette affaire.
«C’est un point final à ce dossier. L’association qui regroupe les victimes va se pourvoir en cassation
contre cet arrêt pour avoir épuisé toutes les voies de recours», a dit Me Bernard Fau, l’avocat des
parties civiles. «C’est une décision qui va laisser un goût amer du point de vue des victimes (…) et
chez tous ceux qui, dans la société civile, ont attaché un intérêt à l’impact que peut avoir un nuage
radioactif survolant un pays après une catastrophe nucléaire», a-t-il ajouté.
Une colère qui ne s’est pas fait attendre, notamment en Corse: «Avec ce non-lieu, on s’est moqué de
nous», a déclaré le Dr Denis Fauconnier, généraliste aujourd’hui retraité, qui avait le premier évoqué
des retombées sur la population insulaire. «Les dégâts provoqués étaient connus au plus haut niveau
de l’Etat», a-t-il ajouté, affirmant que «les preuves de la répercussion du passage du nuage radioactif
sur la Corse sont irréfutables».
Le Dr Fauconnier, alerté en mai 1986 par des patients revenant d’Italie où les consignes de nonconsommation
de produits frais étaient strictes, avait souligné que les analyses de lait de chèvre et
brebis faisaient apparaître «des taux souvent supérieurs à 10.000 becquerels d’iode 131 par litre de
lait et jusqu’à 100.000».
Une forte augmentation des troubles de la thyroïde a été observée en Corse, selon un rapport
d’experts cosigné par les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon. Ces experts ont observé
«une augmentation importante à très importante après 1986 dans l’espèce humaine de la
proportion des troubles thyroïdiens par rapport aux autres affections endocriniennes (ndlr: touchant
d’autres glandes), le pourcentage moyen étant de 44% et pouvant atteindre plus de 100%».
L’enquête avait été ouverte en 2001 après une plainte de l’Association française des malades de la
thyroïde et de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité.
La juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy avait concentré ses investigations sur les
informations communiquées en termes de radioactivité sur l’Hexagone au moment du passage du
nuage, en particulier sur une minimisation des risques encourus.
Pour le ministère public les analyses scientifiques s’accordent pour établir que la catastrophe de
1986 n’a pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France; en particulier, aucun lien n’a été fait
avec des maladies de la thyroïde.
«Dès l’audience (…), le climat était à vouloir arrêter ce dossier pour des raisons qui peuvent être
légitimes, qui tiennent à la difficulté d’établir un lien de causalité entre des maladies présentées par
certaines personnes et le passage du nuage», a dit Me Fau.
Dans la classe politique, Noël Mamère (Europe Ecologie-Les Verts) s’est élevé contre ce «déni de
justice qui prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays». Eva Joly, candidate d’EELV à la
présidentielle, a dénoncé un Etat «au-dessus des lois». «A l’heure où le Japon affronte une
catastrophe nucléaire où l’accès à l’information des populations civiles n’est pas garanti, et même
bafoué, la garantie d’impunité que nous renvoyons est scandaleuse», a estimé la députée
européenne Corinne Lepage.
«Nous n’acceptons pas le mensonge d’Etat et notre enquête doit permettre à des victimes d’aller en
justice», a déclaré Josette Risterucci, présidente à l’Assemblée de Corse de la commission Tchernobyl.
La justice a «volé le procès aux malades de la thyroïde en France», a estimé dans un communiqué le
réseau «Sortir du nucléaire». Le Parti de gauche a dénoncé un «véritable scandale!». «Ce véritable
déni de justice confirme l’aveuglement de la justice face aux intérêts des lobbies économiques est
honteux. Ça suffit ! Ils ne nous feront pas taire», a écrit le PG dans un communiqué.
l’Humanité
Cuisine, jeudi 8 septembre 2011
[Entre la Fête de l’Humanité et Bernard Lavilliers…]
Entretien réalisé par Victor Hache
Entre la Fête de l’Humanité et Bernard Lavilliers, c’est une longue histoire d’amitié qui remonte à
1976, année de sa première prestation à La Courneuve. Le samedi 17 il sera sur la grande scène. Un
rendez-vous très attendu où il interprétera les chansons de son dernier album Causes perdues et
musiques tropicales.
On vous sent particulièrement en forme, habité d’une formidable énergie sur scène alors que vous
allez fêter vos soixante-cinq ans en octobre. Quel est votre secret ?
Bernard Lavilliers. En ce moment, j’ai très mal à la hanche parce que je suis tombé de moto je ne
sais combien de fois ces temps-ci ! (rires). Mais à part cela, je n’ai pas de problèmes physiques.
Surtout, j’aime la scène, je ne suis pas énervé, je possède l’affaire ! Je ne vais pas à fond la caisse
tout le temps. Quand j’étais plus jeune, j’y allais comme les chanteurs d’aujourd’hui, mais je
chantais aussi des trucs intimistes au milieu du spectacle comme Betty, mais je ne me faisais pas
jeter. Dans les festivals, ce n’est pas la peine d’essayer de jouer plus fort que celui d’avant. Je me
souviens être passé derrière Iggy Pop aux Vieilles Charrues, qu’est-ce que j’allais faire après cela ?
J’ai choisi de chanter On the Road Again seul, d’une façon extrêmement dépouillée. Et ça a très bien
fonctionné.
Vous avez fait la Fête de l’Huma en 1976, en 1979, en 1987, en 1992, en 1995, en 2005 et aujourd’hui
en 2011. C’est une véritable histoire !
Bernard Lavilliers. Oui, cela fait au moins sept fois, et je pense même que j’ai dû la faire avant, en
1975 pour une scène ouverte d’Ivry. Ensuite, je me souviens d’une scène importante qui s’appelait le
kiosque où il y avait 10 000 personnes. Puis j’ai fait la grande scène régulièrement. La Fête de l’Huma,
cela a été le premier festival musical, au fond, un festival qui ne coûtait vraiment pas cher, où on
pouvait voir The Who, Genesis, James Brown, des tas de groupes. En plus, il y a des expos, des
auteurs de bouquins ou de poésie qui viennent expliquer leur art, Aragon, que j’ai pu croiser là,
Garcia Marquez, plein de gens comme ça. Je me souviens d’une exposition dadaïste que j’ai vue il y a
quelques années. Il y a des débats politiques, les restaurants des régions, des stands montés par des
gars venus de toute la France. Une ambiance ouvrière, de fête syndicaliste, qu’on ne connaît nulle
part ailleurs.
On se souvient de beaux moments artistiques, à l’image de la venue de Léo Ferré que vous aviez
invité à vos côtés sur la grande scène…
Bernard Lavilliers. Ça, c’était en 1992. C’est le dernier concert qu’il a fait puisque Léo est mort en
1993. Un 14 juillet, il faut le faire ! J’avais souhaité faire cette surprise. Il y avait une foule immense,
il est arrivé avec un trac fou. Comme il était coquet, il ne voulait pas porter de lunettes, donc il
marchait très lentement pour ne pas tomber, on aurait dit un vieux monsieur. Mais dès qu’il a
commencé à chanter les Anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent, on s’est rendu compte
qu’il avait encore la pêche. C’était un grand moment, qui a vraiment touché le public. C’était sur le
site de La Courneuve à l’époque, il y avait vraiment beaucoup de monde. C’était très impressionnant !
Aujourd’hui, vous êtes un artiste reconnu, vous multipliez les concerts, ce qui n’a pas toujours été le
cas, notamment à vos débuts, où vous avez connu des périodes plus noires…
Bernard Lavilliers. J’ai commencé seul avec ma guitare, je me produisais dans des cabarets, des
petits lieux. J’avais trente ans, il me fallait un son électrique. J’ai commencé à faire pas mal de
concerts à partir de 1975-1976 quand j’ai formé mon groupe avec François Bréant (claviers), Pascal
Arroyo (basse), Hector Drand (guitariste), Manu Lacordaire (batterie), Dominique Mahut
(percussion). On faisait des petites salles, pour bouffer déjà, pour se faire connaître parce que la
radio, il ne fallait pas compter dessus. J’avais de bons musiciens qui apprenaient eux-mêmes à faire
de la scène. Une période où on créait notre univers musical.
À quel moment s’est produit le déclic avec le public ?
Bernard Lavilliers. C’est simple : les Barbares, 1976, Fête de l’Huma. Grâce à la Fête, j’ai commencé à
vendre pas mal de disques. Je ne passais toujours pas à la radio. Ensuite j’ai fait l’Olympia en octobre,
puis une autre fois avec 15e Round, et là, cela a vraiment commencé à décoller. Les gens, à l’époque,
étaient très curieux de découvrir de nouveaux chanteurs, moi, Catherine Ribeiro, plus tard Catherine
Ringer. C’était une autre époque. La curiosité était plus grande. Aujourd’hui, on préfère voir les
valeurs sûres.
Deux images reviennent à votre propos, celle de l’artiste né à Saint-Étienne, d’un milieu ouvrier, et
celle du chanteur aventurier. Laquelle vous est la plus familière ?
Bernard Lavilliers. Les deux. Le fait que je sorte de ce milieu que je connais très bien me permet
d’avoir des rapports avec le monde ouvrier dans le monde entier. Hormis la langue, la nourriture,
cela marche pareil, au fond. Un mec qui se fait exploiter, il est au courant ! Et la musique m’apporte
un truc en plus. En tant qu’artiste, ils connaissent mes convictions politiques. Je suis un mélange de
tout cela. Je voyage en tant qu’homme du peuple, non pas comme une star, ce qui change tout. Je
m’imprègne. Je ne me dis pas : il faut que j’écrive absolument. Je rôde, je me promène. Je finis par
trouver des gens qui me racontent l’histoire du pays, qui me mettent en relation, et finalement, je
trouve un thème et des musiciens.
Comment réagissez-vous lorsqu’on voit parfois en vous le héros d’histoires improbables que vous
n’auriez pas toujours vécues ?
Bernard Lavilliers. Cela me fait rire parce que personne ne sait vraiment ce que j’ai fait pendant dix
ans, même pas la Sécurité sociale. Je suis inconnu au bataillon ! (rires). J’en ai fait des conneries,
mais je ne peux pas les raconter. C’est un mélange. Je revenais du Brésil quand j’ai écrit Eldorado.
J’étais à la Brasserie du Nord, quand j’ai écrit cette chanson sur un coin de nappe tard dans la nuit.
On écrit à partir de ce que l’on croise, des gens, de leurs histoires, ce qu’ils te racontent. Moi, j’agis
comme cela.
Le Brésil reste votre pays de prédilection ?
Bernard Lavilliers. Oui, à cause de la langue que je possède parfaitement. Que tu sois rouge, blanc,
noir… c’est un pays où il suffit de parler la langue pour être intégré. Il y a un truc qu’il faut savoir,
c’est qu’il ne faut pas faire d’affaires avec les Brésiliens car on se fait rapidement rouler dans la
farine, mais ça ne les empêche pas d’être sympathiques ! (rires).
Est-ce que l’on garde toujours le goût des voyages, avec le temps ?
Bernard Lavilliers. Les premiers qu’on a faits sont essentiels. Quand on a vraiment coupé le cordon
ombilical, qu’on ne veut pas rentrer les mains vides ou ne pas rentrer du tout. Quand je suis parti, ce
n’était pas pour revenir. On se dit : je vais bien voir, je vais plus loin. Depuis sept ans, j’ai voyagé,
mais toujours dans le but d’aller enregistrer. Là, j’ai un peu envie de voyager pour moi. Je n’ai pas
arrêté, j’ai fait Carnets de bord, j’ai enchaîné avec Samedi soir à Beyrouth, puis avec Causes perdues
et musiques tropicales, plus les tournées qui vont avec. J’ai pu m’arracher une fois de temps en
temps assez loin, mais sans pouvoir rester un mois de plus.
Vous reconnaissez-vous dans la France d’aujourd’hui ?
Bernard Lavilliers. Dans une partie, oui. Une partie qui a l’intention de ne pas laisser passer. C’est ce
que je chante : « Portez-les vos idées, vos visages / Guerroyez les moulins, les nuages », etc. Il ne
faut pas oublier qu’on a arraché les quarante heures, les trente-cinq heures, les congés payés. Si on
se laisse faire, ils vont nous les reprendre. Je ne suis pas qu’indigné. Il faut proposer une alternative
politique, une grille de lecture. Je me sens proche d’une partie. Mais c’est toujours un peu le marais.
Les socialistes, je ne sais pas trop ce qu’ils font. La lutte des classes, contrairement à ce que pense le
bourgeois et ce que pensaient les gens dans les années 1990, c’est de nouveau à la mode, que je
sache. Là, maintenant, il n’est plus question d’augmenter les salaires, il n’y a même plus de
discussion.
« N’oubliez rien de vos rêves fous », chantez-vous. Des mots qui semblent
faire écho à cette période préélectorale…
Bernard Lavilliers. Le refrain, c’est une sorte de slogan. C’est un peu : « ne vous laissez pas endormir,
ne commencez pas à désespérer ». C’est une pure salsa, extrêmement entraînante, facile à retenir.
On va voir si les gens vont la reprendre. Ce sera intéressant de la chanter dans le cadre de la Fête.
Que vous inspire l’actualité politique ?
Bernard Lavilliers. Avec toutes ces salades politiques, l’affaire DSK et les suites hallucinantes, tout le
monde se lâche. Je ne sais pas, mais la stature d’homme politique je la vois un peu différente. Je
crois qu’il y a pas mal de gens qui sont d’accord avec moi. Là, ce que l’on a comme exemple, c’est les
« troisièmes couteaux ». Entre Dominique de Villepin qui se prend pour Rimbaud (rires), Nicolas
Sarkozy, malheureusement, qui va peut-être encore grignoter… Et même à gauche, je suis désolé,
mais j’ai connu de vrais présidents avec une stature. Il était comme il était, mais Mitterrand, il ne
parlait pas français comme une vache espagnole ! (rires). Aujourd’hui, les hommes politiques, ils font
une faute de français par phrase. C’est grave, ne serait-ce que pour le respect de la langue. Les «
troisièmes couteaux », en vérité, ils ne font rien, ils se laissent de plus en plus balader par les fonds
d’investissement, par les banquiers qui font ce qu’ils veulent finalement. C’est tellement visible. J’ai
l’impression que les gens le voient vraiment et se demandent comment changer, comment faire
pour les serrer, ces actionnaires multinationaux. Il faut être radical et ne pas désespérer.
Pour qui seriez-vous prêt à voter ?
Bernard Lavilliers. Je voterai pour Mélenchon, pour le PC. J’ai lu le programme de Mélenchon, les
revendications, c’est raide, mais si on veut vraiment… Il faut être appuyé sur une base sociale avec
de gros syndicats. Chaque fois qu’ils ont besoin de moi, je vais chanter pour eux, pour attirer
l’attention des gens. Il y a un manque de rapport de forces. Mon message, je vais le faire passer à
la Fête : « Serrez-vous les coudes et n’ayez pas peur de vos rêves fous ! » Ne commencez pas à être
raisonnables, c’est trop tard, parce que les autres ne l’ont pas été, raisonnables. Les causes
perdues ne sont jamais perdues. Elles ne sont pas très visibles, il faut les remettre en perspective.
Cette Fête de l’Huma, elle va avoir pas mal d’importance.
Il n’y a plus beaucoup de chanteurs, qui, comme vous, sont à l’origine de chansons « engagées »…
Bernard Lavilliers. C’est-à-dire que quand ils veulent s’occuper de chansons un peu « engagées », ils
n’ont pas la grille de lecture. Les hommes politiques ne m’intéressent plus du tout, mais l’analyse
politique m’intéresse toujours, la synthèse. Souvent, quand on essaie d’être politique, le danger
c’est d’être caricatural. Ce que je chante dans un texte comme les Mains d’or, c’est une réalité.
L’auditeur se sent à la place du mec que je décris : « J’ai cinquante ans, si je me fais virer, qu’est-ce
que je vais faire ? Comment je m’en sors dans mon être profond ? »
Quels sont vos projets ?
Bernard Lavilliers. En ce moment, avec un quatuor classique, je suis en train de mettre en musique
la Prose du Transsibérien, de Blaise Cendrars. Après la Fête, je vais monter un autre spectacle avec
un quartet et moi qui jouerai beaucoup plus de guitare. Un spectacle électroacoustique où je vais
raconter des histoires, chanter Night Bird, Eldorado, Voleur de feu, que je n’ai jamais fait sur scène.
Et puis, je vais produire le nouvel album de Balbino, qui sortira en septembre chez Naïve. C’est un
type qui a beaucoup de talent !
Bernard Lavilliers :
« N’ayez pas peur de vos rêves fous ! »

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