Les Echos, no. 21109
France, mercredi 25 janvier 2012, p. 2
Politique
Le candidat du PS veut réduire l’espace de Mélenchon
RENAUD CZARNES
François Hollande poursuit plusieurs objectifs en radicalisant son discours : récupérer des électeurs
potentiels du candidat du Front de gauche et réunifier le PS.
Non, François Hollande ne se serait pas excentré à gauche lors de son discours du Bourget, dimanche dernier. « Ce n’est pas le surgissement de la gauche chez François Hollande, ironise son porte-parole, le député Bernard Cazeneuve. Il veut rassembler toutes les forces de gauche. » Il n’empêche, malgré ces dénégations, le candidat socialiste à l’Elysée a bien infléchi son discours et donné un vigoureux coup de barre à gauche ce week-end. Avec plusieurs objectifs en tête.
Tout d’abord, François Hollande a voulu faire cesser les attaques de Jean-Luc Mélenchon, le candidat
du Front de gauche, crédité de 7 à 8 % des voix dans les sondages au premier tour de la
présidentielle. L’ancien sénateur socialiste « obtient des scores que le PCF n’avait plus entrevus
depuis la campagne présidentielle de 1995 », souligne l’Ifop. Surtout, à la différence des derniers
scrutins du quinquennat (européennes et régionales), le Front de gauche prend un net ascendant sur
Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly ne dépassant guère 4 % des voix.
Discours « gauchisé »
« Une petite partie de l’électorat socialiste est tentée par le Front de gauche, qui attaque le système
capitaliste et trouve François Hollande en retrait sur ces sujets, analyse Jérôme Fourquet de l’Ifop.
Ainsi s’explique sans doute l’inflexion de son discours qui vise à déplacer le centre de gravité de sa
campagne. » Ainsi s’expliquent les mesures annoncées, telles que la création d’une tranche
supérieure de l’impôt sur le revenu à 45 % au-delà 150.000 euros de revenus, la création de
logements sociaux, et les propos sévères sur les banques ainsi que sur la finance qualifiée d’«
adversaire ».
Hier, Jean-Luc Mélenchon s’est réjoui de la « contamination idéologique » que le Front de gauche «
provoque ». « On va frapper le capitalisme, on va frapper l’argent roi (on dit ça depuis des mois et
des mois tout seuls) », « maintenant il y en a de plus en plus » qui le disent, s’est-il félicité. « Plus
François Hollande y va sur le violon anticapitaliste, plus il valide mon vocabulaire », veut croire
l’eurodéputé. Il disait déjà cela pendant la primaire socialiste, jugeant que les propositions d’Arnaud
Montebourg -le candidat positionné le plus à gauche -, validaient ses thèses. C’est d’ailleurs le
deuxième objectif de ce discours « gauchisé » : François Hollande fait définitivement taire les
critiques de l’aile gauche du PS, mécontente de la ligne trop sociale-démocrate suivie jusqu’à
présent.
Enfin, l’élu de Corrèze veut essayer de récupérer une partie de l’électorat populaire (et, dans une
moindre mesure, les classes moyennes) séduit par Marine Le Pen, et essayer de capter le « réservoir
électoral » très important que représenteraient les abstentionnistes potentiels.
RENAUD CZARNES
Le Point.fr
Le journal d’un Besson de campagne, mercredi 25 janvier 2012
Jean-Luc Mélenchon, par Marcel Proust
Par Patrick Besson
Chaque jour, Patrick Besson emprunte la plume d’un célèbre écrivain, français ou étranger, mort ou
vivant, génial ou nul, pour nous raconter la campagne électorale.
Marcel Proust : un amour de Mélenchon
Quand je le vis pour la première fois pénétrer dans le salon de Madame Verdurin, j’eus pour le
député européen Jean-Luc Mélenchon (élu en 2009) une sorte de curiosité attendrie, et me
demandai, sans le moindre soupçon d’arrogance, mais avec une crainte diffuse du traitement que
les habitués du « petit cercle » allaient lui réserver, comment il allait se comporter dans cette arène et,
pour prolonger la métaphore, quel genre de taureau il serait sous les banderilles, les lazzis et les
coups d’épée de la petite bande.
J’eus peur pour lui dès que je vis que tous ses regards se dirigeaient vers notre Odette qui n’en était
pas à sa première victime parmi les hommes politiques, qu’ils fussent de droite ou de gauche, mais il
faut mettre au crédit de la Patronne qu’elle traitait mieux les courtisans de gauche d’Odette que ses
amoureux de droite. Madame Verdurin n’oubliait pas ses années dreyfusardes.
M. Mélenchon, tout embarrassé de lui-même qu’il semblait être dans ses costumes de confection et
ses chaussures abîmées, serait sans doute mieux traité par la Patronne, donc par nous, donc par
Odette, puisque les femmes se plient aux us et coutumes d’un groupe social avec beaucoup plus de
facilité que les hommes, avec une sorte de souplesse innée qui relève sans doute de la génétique,
que les Morin, Douillet, Juppé, Santini, Ferry, Borloo, Besson, Balladur et Baroin que nous avons eu
l’amusement de voir se traîner aux pieds d’Odette pendant un certain nombre de mois. Mlle de
Crécy avait envers les hommes un empressement froid qui les trompait deux fois : quand ils cédaient
à sa gentillesse, et quand ils se heurtaient à son indifférence.
Pourquoi Mélenchon plutôt qu’un autre
Envoûtés puis blessés, ils devenaient des plaies béantes qui suppuraient sous nos yeux blasés,
jusqu’à ce qu’ils finissent par se dissoudre dans l’atmosphère afin soit de se rendre au cimetière les
pieds devant, soit d’aller en HP les pieds de travers, soit de rentrer dans leur foyer en traînant les
pieds. Ces allées et venues amoureuses, si elles amusaient Mme Verdurin et faisaient jaser les
habitués du « petit noyau », ne provoquaient chez Odette qu’une moue incertaine, pâle, presque
interdite. À leur sujet, elle se passait du moindre commentaire, probablement parce que son esprit
n’en concevait aucun.
Pourquoi choisit-elle Mélenchon plutôt qu’un autre ? Tout de suite, elle fut ravie, comme fascinée
par les discours interminables, bousculés, pugnaces, imagés, incendiaires et vagues du député. On
la vit en peu de semaines changer d’attitude, et même d’habillement. Elle délaissa les ruchés, les
volants, les bouillons de dentelle, les effilés de jais perpendiculaires pour de simples tenues
sombres et droites d’institutrice quaker ou de gouvernante australienne sous lesquelles sa poitrine
invisible n’en était pas moins rebondie et palpitait comme un oiseau sur le point d’être capturé par
un ornithologue.
Pour lire les ouvrages que, chaque soir ou presque, le député lui glissait discrètement sur les genoux
sous le regard amusé de la Patronne et de tout le « petit clan », elle fit l’acquisition d’une paire de
lunettes Afflelou (ce qui lui permit d’en avoir une seconde pour 1 euro) et passait désormais ses
journées plongée dans Marx, Engels, Bakounine et Jaurès, avec une préférence assez nette pour
Engels, parce que, disait-elle, il avait quelque chose du chic anglais si important pour elle, même
maintenant que sa vie avait changé d’orientation politique et sociale.
Quand Mélenchon – que tout un chacun chez les Verdurin appelait désormais Front de gauche – se
présenta à la présidence de la République, il y eut chez notre Odette une clarté lunaire,
phosphorescente, incandescente, qu’aucune de ses anciennes pratiques ne lui avait jamais vue. Le
mariage fut décidé en un rien de temps, et il eut lieu à la mairie du 20e arrondissement où résidait
Front de gauche et où Mme Verdurin, se plut-elle à dire pendant la cérémonie, mettait les pieds pour
la première fois de sa vie.
Demain « La victime d’Éric Besson, par Philippe Besson »
Le Figaro, no. 20989
Le Figaro, mercredi 25 janvier 2012, p. 6
Politique
Pour François Bayrou, le PS court après Mélenchon
Le président du MoDem affirme qu’il gardera son « cap » et estime qu’Hollande a commis une
erreur en se positionnant, dimanche, en ennemi de la finance.
Rodolphe Geisler
CENTRE Vu du QG de campagne de François Bayrou, rue de l’Université à Paris (VIIe), la prestation
de François Hollande, dimanche au Bourget, n’a peut-être pas été une si bonne opération que cela,
contrairement à ce que veut faire croire l’entourage du candidat socialiste. « En déclarant, »mon
ennemi, c’est la finance*, François Hollande court après Jean-Luc Mélenchon. Je pense que beaucoup de gens de centre gauche vont s’interroger sur cette posture », estime ainsi l’eurodéputée Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou.
Un autre proche du candidat centriste abonde : « Jusqu’à aujourd’hui, Hollande pouvait se prévaloir
du soutien des anciens strauss-kahniens et de la gauche des affaires. Là, il s’est mis de lui-même
dans une situation impossible à gérer pour la suite, car les Français savent bien que la France ne se
gouverne pas à la gauche de la gauche. En fait, il vient d’ouvrir un espace au centre… » Sur le fond,
Sarnez note encore que le candidat socialiste n’a parlé ni de la dette ni du déficit. « Hollande n’a pas
fait un discours pour temps de crise. Il a fait un discours politique de facture traditionnelle, où on a
entendu un florilège de promesses, qui fait s’interroger sur la crédibilité de son projet… », observet-
elle.
Hier matin, sur RTL, Bayrou a d’ailleurs pointé lui-même son désaccord avec l’analyse de Hollande
faisant du « monde de la finance » son adversaire principal. « Ça revient à dire que les problèmes
que nous rencontrons ne sont pas de notre faute et viennent de l’extérieur. Mon ennemi, moi, c’est
le chômage », a-t-il insisté. Député européen du MoDem et ancien patron du Crédoc, Robert
Rochefort juge ainsi « artificiel de faire croire que la relance de la production se fera par des
décisions d’encadrement des banques et de la sphère financière ». Pour lui, « le redressement de la
France, donc la baisse du chômage, passera par le »produire en France* de Bayrou, c’est-à-dire les
PME, la création d’activité et les artisans, qui ont été totalement absents du discours d’Hollande. »
Surtout, décrypte encore Rochefort, « la liturgie, très siècle dernier de Hollande au Bourget, était
adaptée au public qui était là, mais, contrairement à Ségolène Royal, qui en 2007 avait essayé
d’ouvrir, il ne devrait pas mordre au-delà de ce public ». Ce qui fait dire encore à Sarnez que « seul
Bayrou peut incarner et réussir un rassemblement large autour de lui pour former une majorité
nouvelle ». Joint hier par Le Figaro, Bayrou le jure : « Tout cela ne m’oblige qu’à une attitude : garder
mon cap ! C’est parce que j’ai gardé mon cap que les gens me rejoignent aujourd’hui. » Pour preuve,
il souligne qu’il a voté contre la loi pénalisant les génocides, contrairement à l’UMP et au PS.
Ces remarques acides ne sont pas restées sans réponses au PS. Faut-il y voir une certaine fébrilité
dans l’entourage d’Hollande vis-à-vis du candidat centriste ? Président du groupe PS à l’Assemblée
nationale, Jean-Marc Ayrault a ouvert le feu hier. « Bayrou a dit que son seul adversaire, ce n’est pas
la finance mais le chômage. Il est député. Jamais une fois je ne l’ai entendu parler du chômage dans
l’Hémicycle », a raillé le conseiller spécial du candidat socialiste.
l’Humanité
Politique, mercredi 25 janvier 2012
Mélenchon indésirable pour les patrons d’Alstom
Mina Kaci
En visite auprès des salariés d’Alstom, hier, avec le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, le
candidat du Front de gauche a rencontré des employés qui ont dû braver les menaces de sanctions
de la direction, hostile à leur venue.
Doubs, Territoire de Belfort, envoyée spéciale.
Quel moment choisir ? Sans doute le rendez-vous à l’usine Alstom reste l’événement le plus
révélateur de ce qui s’est passé, hier, lors des rencontres que le Front de gauche a organisées dans le Doubs et dans le Territoire de Belfort, en Franche-Comté, avec les salariés et les syndicalistes. Il a
d’abord fallu que les syndicalistes de la CGT utilisent le chantage à la grève pour imposer à la
direction que le candidat Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, visitent
l’entreprise Alstom.
Des salariés qui ont peur et se taisent
Mais, une fois sur place, ces derniers ont eu droit à un service minimum. Surtout, ils ont juste eu le
temps de voir une quinzaine de salariés se débiner à leur arrivée dans les ateliers. « Ils ont eu peur
qu’on les voie avec le candidat. On les a menacés de diminuer leur salaire », explique Jean-François
Simon (CGT). « Peur », « réprimandes », « souffrance morale et physique », « suicides ». Des mots
entendus dans toutes les rencontres, qu’elles aient rassemblé des salariés du public, comme la SNCF, l’hôpital, EDF et l’école, ou du privé, comme l’automobile, les équipementiers et la plasturgie.
« Les salariés subissent des conditions de travail inhumaines, des salaires qui ne leur permettent pas de vivre décemment, parce que sous prétexte d’avoir un travail, ils culpabilisent et se taisent »,
déclare Sabine Verdant, secrétaire de l’union départementale CGT. Dans la salle, au Territoire de
Belfort, la présence syndicale est diverse. La FSU, l’Unsa et SUD ont tenu à dialoguer avec le candidat du Front de gauche et Pierre Laurent.
Demande de solutions
face aux multinationales
Mais ici, comme dans le Doubs, on est venu avec une question précise, martelée par tous les
intervenants : comment faire pour s’opposer aux politiques des multinationales ? « On attend des
politiques, du Front de gauche, des propositions et des solutions », lance un syndicaliste.
Ce qui a permis à Jean-Luc Mélenchon de préciser que le programme du Front de gauche est « global,
avec une vision à long terme. Il a pour tâche la planification écologique contre le modèle capitaliste
et productiviste ». Et à Pierre Laurent de prendre le relais pour insister sur « la nécessité d’instaurer
des mesures pour déplacer le centre de gravité des décisions ». Rendre le pouvoir aux salariés reste,
ici comme ailleurs, le maître mot du Front de gauche.
Midi Libre
CATALAN_ML; LOZERE; RODEZ_ML; MILLAU; CARCA_ML; NARBONNE_ML; ALES; GARD_RHOD;
NIMES; BEZIERS; SETE; LODEVE; LUNEL; MONTPELLIER
Mercredi 25 janvier 2012
Mélenchon vise Marine Le Pen
A la rencontre des syndicalistes de Peugeot et d’Alstom en Franche-Comté, Jean-Luc Mélenchon (FG)
a une nouvelle fois concentré ses attaques sur le FN, avec en prime des piques au socialiste François Hollande.
« Ne vous laissez pas berner par ceux qui prétendent que le problème, c’est l’immigré, pas le
banquier », a-t-il lancé.
Il dénonce la hausse, promise par Marine Le Pen, des salaires de 200 â?¬.
« Cela ne coûtera pas un euro au patronat, c’est vous qui allez redonner les 200 euros par le biais de
l’impôt ! », tonne celui qui demande un smic à 1 700 euros.
Puis il cible François Hollande et son méga-meeting du Bourget :
« Je suis à votre service pour porter une voix qui ne transige pas, une parole où il n’y a pas que la
musique. » Ajoutant :
« On ne fait pas la guerre à la finance avec un pistolet à bouchon. C’est des méchants en face, c’est
pas le concours de l’ENA, là. » AFP
Charente Libre
Toutes
Actualités, mercredi 25 janvier 2012, p. 47
[a déclaré hier an-Luc Mélenchon, candidat…]
a déclaré hier an-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche (FG) à la présidentielle, venu à la
rencontre des syndicalistes de Peugeot et d’Alstom en Franche-Comté. «Lorsque François (Hollande)
nous dit que son adversaire est la finance, nous lui disons »bienvenue au club »»
Le Parisien
ACTU, mercredi 25 janvier 2012, p. 75_T_8
Front de gauche
Mélenchon se sent moins seul contre la finance
On ne l’avait pas entendu depuis le meeting de son ancien camarade socialiste au Bourget. Hier,
Jean-Luc Mélenchon s’est félicité de la « contamination idéologique » que sa candidature « provoque
» sur le discours de François Hollande, même s’il faut « voir ce qu’il y a derrière les mots ». « Plus il y va sur le violon anticapitaliste, plus il valide mon vocabulaire », a lancé le candidat du Front de
gauche, assurant que « cela élargit notre espace ».
« Ce qu’on dit paraît moins excessif », « quelque chose se dégèle et le Front de gauche franchit les
paliers », a-t-il ajouté, en marge d’un déplacement en Franche-Comté où il a rencontré des
syndicalistes d’une usine Peugeot Scooters, dont les emplois sont menacés et d’autres d’Alstom,
dont une unité doit être délocalisée en Pologne. L’eurodéputé s’est toutefois bien gardé de délivrer
un satisfecit à Hollande. On ne « fait pas la guerre à la finance avec un pistolet à bouchon, a-t-il raillé,
c’est des méchants en face, c’est pas le concours de l’ENA là, c’est la lutte grave et méchante ». « Le pays est en train de bouger » comme cela avait été le cas lors du non au référendum sur le traité
constitutionnel européen en 2005, « que personne n’avait prévu », a commenté à ses côtés le
numéro un du Parti communiste, Pierre Laurent.
Le Monde
Radio-Télévision, mercredi 25 janvier 2012, p. 26
Courriels
Bataille navale
Pour suivre la campagne électorale, il faudra avoir le pied marin. En effet, les poètes de bâbord
comme de tribord rament à qui mieux mieux pour filer la métaphore maritime. M. Mélenchon a
traité le candidat socialiste, non pas de » Hollandais volant « , mais de » capitaine de pédalo « …
L’échouement tragique du paquebot de croisière, le Costa-Concordia, a poussé au délire la lyre d’un
aède toujours au garde-à-vous devant l’Elysée. Ainsi, M. Longuet, rabouillant en eaux troubles, a
déclaré : » Il y a des capitaines qui dirigent leur bateau sur les récifs, Hollande côtoie les déficits avec
beaucoup de complaisance… » Il faut bien reconnaître que question » naufrages « , les équipages de
M. Sarkozy, qui tient la barre depuis cinq ans, en connaissent un rayon. Même Marine, que son
prénom prédestinait, n’a pas osé sortir celle-là en pareilles circonstances… Souhaitons que d’ici
quatre mois, nombre de ces matelots incompétents auront disparu au terme de cette bataille
navale.
Le Monde
Politique, mercredi 25 janvier 2012, p. 8
La CGT mobilise ses troupes pour la retraite à 60 ans
De son côté, la CGT a décidé de mettre l’accent sur le retour de la retraite à 60 ans. Le syndicat
organise un grand meeting sur le sujet, auquel il a invité les candidats des partis de gauche, mardi 31
janvier. Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou, du NPA, ont déjà répondu positivement. Six mille
personnes assisteront à ce meeting, promet Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. » La
question de l’âge souhaité de départ en retraite, pouvoir partir à 60 ans, voire moins, rassemble très
largement, toutes catégories « , assure Eric Aubin, chargé de ce dossier à la direction confédérale. Les deux responsables se sont montrés intéressés par la promesse de François Hollande d’ouvrir des négociations sur les retraites s’il accède au pouvoir.
Le Figaro, no. 20989
Le Figaro, mercredi 25 janvier 2012, p. 16
Débats
BIBLIOTHÈQUE DES ESSAIS
Sophie de Ravinel
LES AUTEURS ont décroché leur casque à loupiote et enfilé une tenue de mineur de fond pour
rédiger cette biographie semi-autorisée de Jean-Luc Mélenchon. Des profondes galeries ils nous ont
remonté du charbon, de la belle matière pour comprendre le candidat du Front de gauche. Ce jeune
« Santerre » que le dirigeant trotskiste Pierre Lambert lorgnait déjà d’un oeil méfiant et qui rêve
aujourd’hui d’intégrer la cour des grands, d’écarter le Front national, pour, au final, faire tomber le
chef de l’État sortant et devenir bâtisseur de cette VIe République qui serait son grand soir…
La République, c’est la cathédrale de ce mystique qui s’érige en sauveur et a conservé les mots du
christianisme de son enfance, de son adolescence fascinée par le sens de l’histoire chez Teilhard de
Chardin. Ce fils de maçon admet enfin qu’il a cherché sa voie au Grand Orient et qu’il y paie sa
cotisation. Son histoire, qui est aussi celle de la gauche socialiste, se lit comme un polar. On y
observe les manoeuvres de ce fort meneur d’hommes – et non pas de femmes -, attaché à l’ordre,
admirateur de François Mitterrand jusqu’à un aveuglement qu’il ne regrette pas, sa chute avec
Jospin et ses angoisses qui transpirent. Une angoisse de l’argent et des finances, en particulier,
racontée par ses proches, susceptible de faire le délice des psychanalystes.
La petite histoire retiendra les liens essonniens de l’ex-sénateur PS avec Serge Dassault. D’autres
pointeront des relations ambiguës avec la Chine bien décryptées… Au final, l’enquête sur ces
quarante années de vie politique est passionnante, car l’intéressé est complexe et son histoire de
porte-drapeau de la gauche radicale ne fait peut-être que commencer. Si Mélenchon « fait plus de
10 % » en avril, indique le socialiste Pascal Cherki, « il aura réussi sa mue, d’un tribun râleur et
compagnon de route du PCF à un dirigeant de premier plan avec qui il faudra compter ». En
attendant, roublard de toujours, le candidat a pris soin de réserver, avant les communistes, les droits
du nom « Front de gauche ».
Midi Libre
LUNEL
Mercredi 25 janvier 2012
Le Front de Gauche part en campagne sans candidat mais avec un programme
CAROLINE FROELIG
La décision de créer une assemblée citoyenne du Front de gauche du Lunellois a été prise lundi soir à Lunel. Avec l’objectif de lancer la campagne locale, à la fois pour l’élection présidentielle et les
législatives.Laquelle se déroulera de façon classique, avec présence sur les marchés, distributions de tracts, réunions publiques. Mais aussi avec la mise en place d’un rendez-vous hebdomadaire. Les
militants tiendront ainsi une réunion ouverte à tous, le jeudi soir, de 18 h 30 à 20 h, au café le
Camarguais, à Lunel.Autre rendez-vous programmé : l’organisation d’un déplacement sur le meeting
du candidat du Front à la présidence, Jean-Luc Mélenchon, au parc des expositions de Montpellier,
le 8 février. Un bus partira ainsi de Lunel à 18 h 30, (inscriptions au 04 67 71 00 52 et au 06 89 34 71
80).
Porter des propositions Les militants locaux veulent porter, à moins de 90 jours du premier tour, un
programme :
« Expliquer la situation par rapport à la crise, dire ce que c’est que la dette illégitime », précise
François Got. Et de citer la proposition d’un Smic à 1 700 â?¬ brut, de la retraite à 60 ans.Quant au
candidat local, pour les législatives ?
« Un accord départemental est en vue », expliquent les militants. La circonscription serait a priori
réservée à une femme. Mais elle se joue en fait surtout en fonction de discussions internes entre le
parti communiste et le parti de gauche sur la 8e circonscription. Discussions qui rejailliront sur le
choix pour le Lunellois, afin de garantir un équilibre entre les membres du front de gauche.
« On n’a pas de débat sur le candidat, insistent les militants.
Ce qui nous anime, c’est le programme, l’humain d’abord. »Quant aux contacts avec le candidat
Claude Barral, à la recherche d’une étiquette à défaut de celle du PS, la réponse est laconique :
« Il écrit à Martine Aubry, pour avoir l’étiquette PS… » Il n’aura donc pas celle du Front de gauche.
l’Humanité Social-Eco, mercredi 25 janvier 2012
Quelle réforme du système bancaire ?
C. M.
François Hollande veut séparer activités de crédit et de spéculation. Pour reprendre le pouvoir à la
finance, Jean-Luc Mélenchon prône un vaste pôle financier public.
La dégradation des trois banques françaises ne va pas manquer d’alimenter le débat politique. Hier,
Baudouin Prot, président du conseil d’administration de BNP Paribas, est monté au créneau, se
déclarant « fatigué d’entendre les gens dire : l’industrie bancaire ne change pas ». Et d’aller jusqu’à
affirmer que « tout a changé, et à un rythme sans précédent ». « L’idée selon laquelle les banques
françaises n’ont pas très bien financé l’économie depuis le début de la crise est erronée », a-t-il
martelé, rappelant que le rythme de progression des crédits en France en 2009, 2010 et 2011 a été
supérieur à celui de la zone euro et des États-Unis. Bref, circulez, il n’y a rien à voir ! Pourtant, les
clignotants sont au rouge et les institutions monétaires, comme la BCE, font marcher la planche à
billets en mettant près de 500 milliards d’euros de facilités à disposition des banques afin d’éviter
une restriction du crédit…
La fragilisation du système bancaire est en réalité telle que le sujet est incontournable pour les
candidats à la présidentielle. Dimanche, François Hollande a ainsi emboîté le pas du gouvernement
britannique en proposant une loi sur les banques « qui les obligerait à séparer leurs activités de
crédit par rapport aux opérations spéculatives », afin de « maîtriser la finance ». Une idée tirée du
rapport Vickers qui vise à préserver les dépôts et les épargnants des risques pris par les banques
dans leurs activités de marché, mais aussi limiter les sauvetages pour les États. Cependant, cette
proposition seule laisse sur sa faim. Car la BPCE, qui vient d’être dégradée par l’agence de notation
américaine Standard & Poor’s, mène déjà ces activités séparément, sa filiale Natixis se chargeant de
la banque de marché. Cela ne l’a pas empêché de frapper à la porte de l’État en 2008 pour réclamer
de l’aide. Si Jean-Luc Mélenchon partage l’idée d’une séparation entre les deux activités des banques, son programme va plus loin. Davantage qu’une maîtrise de la finance, il veut « reprendre le pouvoir à la finance ». En créant, notamment, un pôle financier public, où les institutions financières
publiques existantes (Caisse des dépôts, Crédit foncier, Oséo, CNP, La Banque postale), banques et
assurances seront mises dans un réseau qui sera chargé d’une nouvelle mission de service public de
crédit et de l’épargne, au service de l’emploi, la formation, la croissance « réelle », le financement
des PME et la préservation de l’environnement.
AFP
Origine : France
24/01/2012 22h33 – FRANCE2012-PRÉSIDENTIELLE-PARTIS-FG-SOCIAL-INDUSTRIE – Monde (FRS) –
AFP
Mélenchon en campagne anti-Le Pen
Par Julie DUCOURAU
BESANCON, 24 janvier 2012 (AFP) – A la rencontre des syndicalistes de Peugeot et d’Alstom mardi en Franche-Comté, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche (FG) à la présidentielle, a une
nouvelle fois concentré ses attaques sur le Front national, avec en prime quelques piques à François
Hollande.
A 09H15, devant l’usine Peugeot Scooters à Mandeure (Doubs), menacée d’une centaine de
suppressions d’emplois, il commence par saluer le militant FG qui a tenu tête à Marine Le Pen la
semaine dernière sur un site de PSA non loin. « On est fier de toi! », lui lance le candidat à l’écharpe
rouge.
Face à lui une trentaine de personnes, drapeaux FG, CGT et CFDT sous le vent froid. « Les puissants
peuvent prendre peur », affirme l’eurodéputé, porte-voix en main aux côtés de Pierre Laurent (PCF).
« A votre service » pour une « voix qui ne transige pas », « une parole où il n’y a pas que la musique »,
leur dit-il, ciblant François Hollande sans le citer, avant de s’en prendre longuement à Mme Le Pen :
« Ne vous laissez pas berner par ceux qui prétendent que le problème, c’est l’immigré, pas le
banquier ».
Le FN qui promet une augmentation des salaires de 200 euros, « est une honte pour la classe
ouvrière » : « Cela ne coûtera pas un euro au patronat », « c’est vous qui allez redonner les 200 euros
par le biais de l’impôt! », tonne le défenseur d’un Smic à 1.700 euros.
Un peu plus tard, M. Mélenchon se fait pédagogue devant la bonne centaine de sympathisants,
plutôt âgés, réunis dans une salle de Mandeure. Crise de la dette, « définanciarisation » de
l’entreprise, salaires maximums, tout y passe. Face aux « logiques d’austérité », « notre politique, c’est
la relance de l’activité », planification écologique et réindustrialisation.
« Quel coût social et écologique de fabriquer des scooters en Chine pour les ramener en Europe? »,
demande-t-il, fustigeant le « moins-disant social ».
Dans le car qui le mène à Belfort vers Alstom, il se réjouit en tout cas de « la contamination
idéologique » qu’il « provoque ». Assurant ne pas craindre qu’une partie de son électorat aille vers M.
Hollande après son meeting du Bourget, il affirme : « Plus il y va sur le violon anticapitaliste, plus il
valide mon vocabulaire », « cela élargit notre espace ».
En début d’après-midi, devant des salariés belfortains venus l’écouter pendant leur pause déjeuner,
il réitère son credo : « rendre les coups aux financiers et au parti de la haine », avant de rejoindre
l’usine Alstom qui délocalise une de ses unités en Pologne.
Là, sa visite se fera bien encadrée par la direction, sans pouvoir parler aux salariés au travail. Et
devant les seuls délégués syndicaux, il pousse à « ne rien lâcher ».
Même ambiance le soir au Palais des Sports de Besançon devant plus de 4.000 sympathisants dont
pas mal de jeunes. Dans cette ville où il a fait ses études, M. Mélenchon, sous les « résistance,
résistance », a « dédié la soirée aux courageux syndicalistes de la CGT et de la CFDT venus à notre
rencontre », toujours « plus nombreux ».
« La gauche est de retour! », a-t-il lancé, dans un discours offensif reprenant ses principales mesures :
augmentations des salaires, « prendre tout » au-delà de 360.000 euros de revenus annuels,
interdiction des stock-options, droit de préemption des travailleurs à la vente de l’entreprise.
« Lorsque François (Hollande) nous dit que son adversaire est la finance, nous lui disons +bienvenue
au club+ », mais « on connaît la bête » et « on ne combat pas la finance avec un pistolet à bouchon », at-
il prévenu, appelant les électeurs à « comparer » les programmes. En écoutant « les paroles », et pas
seulement « la musique ».
jud/ei